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Accords entre « Fatshi » et son « frère » Paul et des lectures sourcées

Accords entre « Fatshi » et son « frère » Paul et des lectures sourcées

Accords entre « Fatshi » et son « frère » Paul et des lectures sourcées 1024 826 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » – S. BOLIVAR

Dans une petite note intitulée « Ecrire et lire et lire et écrire, cela marche souvent de pair », je soutenais l’hypothèse selon laquelle « écrire est fondamentalement lié à un travail de recherche ». En fait, cette note explicitait la raison pour laquelle, dans une autre note intitulée « Etudier les coulisses des accords signés entre « Fatshi » et son frère « Paul » », je citais quelques livres pouvant aider à comprendre le fonctionnement de ces coulisses et la faiblesse du modèle franco-allemand servant de référence à la reprise de contacts entre Kinshasa et Kigali. Parmi ces livres, il y avait, entre autres, ceux d’Annie Lacroix-Riz et de Judi Rever.

Résumant « Aux origines du carcan européen (1900-1960). La France sous influence allemande et américaine », ce livre d’Annie Lacroix-Riz, Thomas Waret, écrit ce qui suit : « Il convient donc de connaître l’histoire de cette Europe pour percer le voile de la propagande et voir la vérité en face, l’Europe ce n’est pas la paix, l’Europe ce n’est pas la prospérité, mais le dumping social et le déchirement des peuples au grand profit des riches familles qui détiennent l’économie et la finance. »

Une aventure néocoloniale préjudiciable

Connaître cette histoire de l’Europe est indispensable pour des compatriotes qui parlent naïvement du modèle franco-allemand. Telle est la raison pour laquelle j’avais ajouté à cette liste deux autres livres récents de Philippe de Villiers afin que les curieux puissent fonder leur approche de ce modèle sur des études bien sourcées et bien référencées. (Pour certains compatriotes, renvoyer à tous ces livres, c’est trop demander. Pour d’autres, cela ne sert à rien de lire. Pour d’autres encore, c’est exagéré de vouloir toujours renvoyer aux livres. Soit!)

Les accords signés entre « Fatshi » et son « frère » Paul ne le sont pas pour les beaux yeux des Rwandais et des Kongolais. Ils les embarquent dans une aventure néocoloniale préjudiciable. La question n’est pas d’être pour ou contre notre frère Félix Tshilombo Tshisekedi. Elle est celle d’une étude sourcée et référencée des accords qu’ils signent, de l’histoire d’un empire refusant de mourir et des acteurs pléniers de cette histoire.

En plus de ces livres, je citais aussi le livre de Judi Rever. Dans « Rwanda : L’éloge du sang » (2020), Judi Rever dévoile une partie du mystère de « la toute-puissance » du « frère » de « Fatshi béton », Paul Kagame. Je vais la citer longuement : « L’ancien premier ministre Tony Blair a été qualifié de « partisan en chef » de Kagame, et a joué un rôle crucial dans la mise en place de torrents d’aides accordées au Rwanda, et ensuite dans la garantie que l’argent continuerait à couler à flots. Lorsque Blair était au pouvoir de 1997 à 2007, le Royaume-Uni devint le second plus grand pays donateur bilatéral après les Etats-Unis. Lors du vingtième anniversaire du génocide en 2014, le magazine d’actualité hebdomadaire britannique, « The Economist », dévoila que le département britannique du Développement international avait, à lui seul, versé un demi-milliard de livres sterling à ce pays défavorisé. A la fin de son mandat, Blair créa une association caritative privée, largement financée par le millionnaire Lord Sainsbury of Turville ; cette association fut baptisée African Governance Initiative (AGI) -son but supposé étant d’aider au développement et à la mise en place de services publics au Rwanda. L’AGI est connue pour s’être elle-même intégrée parmi les institutions gouvernementales du Rwanda, où ses membres travaillent dans les bureaux du président et du premier ministre, ainsi que dans ceux du Conseil du développement et du ministère des Services publics. » (p. 211-212).

Cette longue citation dit, à suffisance, comment fonctionnent les institutions du Rwanda de Paul Kagame à partir de leurs coulisses. Si cela n’est pas compris, il sera difficile de comprendre pourquoi, le même Tony Blair a voulu être aussi le conseiller de « Fatshi béton » et du « gouvernement kongolais ». Donc, les accords signés entre « Fatshi » et son « frère » Paul ne le sont pas pour les beaux yeux des Rwandais et des Kongolais. Ils les embarquent dans une aventure néocoloniale préjudiciable. La question n’est pas d’être pour ou contre notre frère Félix Tshilombo Tshisekedi. Elle est celle d’une étude sourcée et référencée des accords qu’ils signent, de l’histoire d’un empire refusant de mourir et des acteurs pléniers de cette histoire. (Cet empire multiplie ses lieux de réflexions, ses think tanks et ses cercles d’influence ; où sont les autres?)

Il faut lire

Replacé dans le contexte de l’extension de l’empire britannique contemporain, il serait tentant de dire qu’au Rwanda, la Grande-Bretagne a une néocolonie. Et le reste pourrait devenir facilement compréhensible. Ici encore, il faut lire pour mieux comprendre le mode opératoire du pays de « Sa Majesté ». Ces derniers temps, Richard Poe publie des articles pouvant aider, tant soit peu, à mieux connaître l’usage que cet empire fait, aujourd’hui encore, du « soft power ».

Il faut du temps, un ordinateur performant, de la concentration, de l’intérêt, du désir d’apprendre afin de lutter contre l’ignorance, de la volonté de savoir et du refus de la naïveté et de la propagande. Non. Tout ça n’est pas facile… Malheureusement, de tout ça dépendent nos débats instructifs et notre devenir collectif…

En voici un: « Comment les Britanniques ont inventé les révolutions de couleur ». Cet article est plus que clair sur la décolonisation de l’Afrique, le passage du « formel » à « l’informel » et sur la résistance « passive ». Le lire et lire les autres articles auxquels il fait référence peut constituer le début d’une bonne compréhension de ce qui est en train de se jouer aujourd’hui au cœur de l’Afrique et même dans le monde.

Bon ! Ne nous voilons pas la face. Lire tout ça, c’est trop exigeant. Il faut du temps, un ordinateur performant, de la concentration, de l’intérêt, du désir d’apprendre afin de lutter contre l’ignorance, de la volonté de savoir et du refus de la naïveté et de la propagande. Non. Tout ça n’est pas facile… Malheureusement, de tout ça dépendent nos débats instructifs et notre devenir collectif…Il faut lire. Il faut aller aux bonnes sources et avoir de bonnes références tout en restant ouvert à la critique.

Babanya Kabudi Somba Manya
Génération Lumumba 1961

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