Par Patrick Mbeko
L’état-major des Forces armées RD Congolaises (FARDC) a écarté l’éventualité d’une opération militaire conjointe entre les armées de la RDC, du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de la Tanzanie contre les multiples groupes armés qui sévissent à l’Est de la RD Congo.
« Nous n’avons pas besoin que des armées traversent et viennent combattre chez nous », a déclaré le général Léon Kasonga, porte-parole des FARDC, au cours d’un point de presse à Goma.
L’idée d’une intervention conjointe était bel et bien dans les tiroirs
Il faut dire que la perspective d’une opération militaire conjointe avec les armées des pays voisins a suscité de vives réactions à Kinshasa. Pour le général Léon Kasonga, la population n’a pas à s’inquiéter. Les opérations seront menées seulement par l’armée congolaise. « Il n’a jamais été question d’amener une expertise extérieure sur le territoire congolais pour éradiquer la menace », a ajouté le général Kasonga.
Selon des informations en notre possession, les affirmations du général Kasonga devraient être relativisées. En fait, l’idée d’une intervention conjointe était bel et bien dans les tiroirs, mais elle s’est heurtée à la méfiance des Ougandais et des Burundais, deux pays en froid avec le Rwanda depuis quelque temps. N’eussent été les réticences de ces deux pays, surtout celle de Kampala, l’opération militaire conjointe aurait certainement eu lieu. Et c’est sans compter que des éléments rwandais opèrent déjà à l’est de la RDC avec l’uniforme des FARDC.
L’idée d’une intervention conjointe était bel et bien dans les tiroirs, mais elle s’est heurtée à la méfiance des Ougandais et des Burundais, deux pays en froid avec le Rwanda depuis quelque temps.
D’après les informations en notre possession, le Rwanda entendait se servir de cette opération pour déstabiliser ses deux voisins. Kigali, nous a-t-on rapporté, aurait remis des uniformes des forces de défense ougandaises et burundaises à des éléments rebelles hostiles aux régimes de Kampala et de Bujumbura. Dans le cadre de l’opération conjointe, certains de ses éléments devraient se mêler aux armées déployées sur le terrain, tandis que d’autres auraient gagné l’Ouganda et le Burundi pour déstabiliser les régimes en place. Selon une source rwandaise, le régime de Kigali entendait également utiliser sa position au sein l’état-major intégré réunissant les différentes armées pour « avoir accès aux informations sensibles et surveiller les armées ennemies » de l’Ouganda et du Burundi.
« Felix Tshisekedi n’a pas vraiment le choix »
« Pour Kagame, le Congo devrait être le point de départ de la conquête de la sous-région », nous a confié notre source, selon qui, Kigali aurait, dans sa stratégie, également mis à contribution d’anciens éléments du M23. Certains de ces éléments auraient été aperçus à Kisoro, une ville de l’ouest ougandais, en train de déambuler. « Ils ont déclaré qu’ils faisaient du magasinage », alors qu’« ils ont laissé des agents derrière eux », nous a-t-on confirmé. Tout ceci devrait s’accompagner d’une déstabilisation totale d’une partie de l’est congolais, déstabilisation qui devrait mener aux massacres des populations rwandophones installées dans la région par les « techniciens » de l’armée rwandaise.
« Pour Kagame, le Congo devrait être le point de départ de la conquête de la sous-région », nous a confié notre source, selon qui, Kigali aurait, dans sa stratégie, également mis à contribution d’anciens éléments du M23.
C’est entre autres pour les raisons susmentionnées que l’Ouganda aurait décliné toute participation aux opérations militaires conjointes à venir, mettant à mal le projet du Rwanda; ce qui a poussé l’état-major des FARDC à déclarer que les opérations seront menées seulement par l’armée congolaise, et ce, même s’il est connu que des éléments rwandais sont présents sur le territoire congolais.
À la décharge de Félix Tshisekedi, que nous avons souvent fustigé pour sa complaisance envers le Rwanda dans cette affaire, il appert, à la lumière des informations en notre possession, qu’il aurait cautionné l’opération conjointe à son corps défendant. Selon une source de la région, « il n’a pas vraiment le choix ». On nous expliqué que sa vie serait sérieusement menacée. « Il y a des gens dans votre pays qui le surveillent de près. Un faux pas de sa part pourrait lui être fatal », a affirmé notre source qui a ajouté : « Certains officiers congolais sont aussi surveillés. Ceux qui vont refuser d’adhérer à la stratégie de Kagame dans votre pays seront éliminés… par empoisonnement. »
Affaire à suivre…
Patrick Mbeko