Par Jean-Pierre Mbelu
Ce livre a l’avantage de nous rappeler que tout n’est pas encore dit et connu sur la guerre de prédation et de basse intensité ayant eu lieu dans les Grands Lacs africains.
Depuis quelques jours, je suis en train de lire la traduction française du livre de Judi Rever intitulé « Rwanda. L’éloge du sang ». Elle reconnaît qu’il y a eu effectivement un génocide au Rwanda. Elle critique la version officielle de ce qu’il y a eu dans ce pays et dans la sous-région des Grands Lacs Africains. Elle remet cette version officielle en question en questionnant les faits à partir des années 1990 et en allant à la rencontre des Hutus et des Tutsis sur les cinq continents. Elle ne comprend pas que les crimes de l’APR/FPR et de « ses parrains » soient impunis jusqu’à ce jour.
Après avoir lu Carla Del Ponte et Florence Hartmann, Pierre Péan, Charles Onana, Noam Chomsky, Edward Herman, Patrick Mbeko, Honoré Ngbanda, Robin Philpot, etc., il serait souhaitable de lire ce livre. Il livre beaucoup de messages aux compatriotes africains des Grands Lacs. Il peut aider à comprendre pourquoi un Tribunal Pénal pour le Congo ne serait pas facile à mettre en place après le fiasco du TPIR qui fut, pratiquement, « un tribunal des vainqueurs ». Il peut aussi aider à comprendre pourquoi la simple évocation d’un Tribunal pour le Congo provoque des insomnies dans les rangs du FPR. Le livre de Judi Rever pourrait être une bonne et grande contribution au procès mené contre ce « front » cher à Paul Kagame.
Ce livre rappelle que la guerre de prédation et de basse intensité menée contre les Grands Lacs Africains fut et est « une guerre contre les instruits ».
Ce livre rappelle que la guerre de prédation et de basse intensité menée contre les Grands Lacs Africains fut et est « une guerre contre les instruits ». « Les instruits Hutus » ont été considérés comme des « ennemis de l’ Etat » (FPR). Cette information n’est pas à prendre à la légère. L’usage de certains qualificatifs pour désigner ceux qui, sans nier le génocide rwandais, souhaitent que tous les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes économiques commis dans l’ensemble de la sous-région par les Hutus ou par les Tutsis soient jugés équitablement, pourrait faire partie de cette « guerre contre les instruits », contre « les esprits éveillés », « les insoumis » et autres « hérétiques de la pensée unique ».
Judi Rever revient sur la méthode d’infiltration utilisée par l’APR/FPR. Pour les compatriotes congolais se posant, jusqu’à ce jour, la question de savoir comment « le petit Rwanda » a pu mettre « le grand Congo » à genou, il y a là un intérêt certain : connaître en conscience l’usage de cette méthode et sa mise à profit dans la destruction du Congo-Kinshasa et la déstructuration de ses institutions sociales, politiques, culturelles, économiques, judiciaires, etc. Et ce n’est pas fini.
Lisons Judi Rever et partageons le plus possible ce qu’elle écrit. Ce livre a l’avantage de nous rappeler que tout n’est pas encore dit et connu sur la guerre de prédation et de basse intensité ayant eu lieu dans les Grands Lacs africains. Le fait qu’elle soit devenue une guerre perpétuelle pourrait être lié à cela.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961