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Un autre débat qui risque de ne pas avoir lieu au Congo-Kinshasa

Un autre débat qui risque de ne pas avoir lieu au Congo-Kinshasa

Un autre débat qui risque de ne pas avoir lieu au Congo-Kinshasa 1024 578 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Les débats ne permettant pas aux applaudisseurs, aux tambourinaires et aux fanatiques des « gourous » congolais d’insulter les « haineux » et les « jaloux » empêchant de penser en rond peinent à s’imposer dans certains milieux congolais. L’un d’eux est celui concernant « la souveraineté économique » du pays. L’autre est le débat politico-idéologique. Nous n’en débattons presque pas. Alors, sur quoi fondons-nous le choix de « nos gouvernants » ? A ce point nommé, il y a un problème sérieux. « La pensée magique » règne en maîtresse : si « nos gourous » sont réellement « nôtres », ils peuvent ne pas avoir « une idéologie » ; mais avec « l’aide de Dieu » et des « ancêtres », ils vont réaliser les miracles. Ils seront des « bétons ». Et poser des questions sur les idéologies dont eux-mêmes se réclament, c’est de « la jalousie » et de « la haine ». Terrible !

Il est curieux que les fanatiques tenant ce discours soutiennent que « le Congo-Kinshasa » est « une démocratie » ! Un démocratie où le débat doit consister à encenser « les gourous ». Sans plus. Questionner leurs discours est un crime, semble-t-il ! Heureusement que « les tiya mutu bakata » existent encore parmi les filles et les fils du pays de Lumumba. Ils osent aller à contre-courant. Ils peuvent question « la social-démocratie » du CASH-FCC. Il semble que le CACH et le FCC partagent une même « idéologie politique » : « la social-démocratie ».

Ne pas fouiner le passé…

Et pour débattre du contenu et des réalisations de cette  »idéologie », il ne faut pas « fouiner dans le passé ». Or, il serait « politiquement correct » de passer en revue les réalisations concrètes de l’un des membres du duo durant les vingt dernières années de son  »règne » pour voir comment il a pratiqué « la social-démocratie ». Il semble que faire cela c’est « mener une chasse aux sorcières ». Ah bon ! Comment pourrait-il être possible de parler d’une « idéologie » sur fond de laquelle  »un partenariat » est conclu sans en examiner les réalisations concrètes dans la vie quotidienne des Congolais(es) ?

Il y a un risque. Que demain, au moment d’évaluer la marche politique de  »CACH », il soit encore interdit aux mêmes Congolais(es) d’aller  »fouiner dans le passé » par manque de temps !

Il semble que le CACH et le FCC partagent une même « idéologie politique » : « la social-démocratie ». Et pour débattre du contenu et des réalisations de cette  »idéologie », il ne faut pas  »fouiner dans le passé ». Or, il serait  »politiquement correct » de passer en revue les réalisations concrètes de l’un des membres du duo durant les vingt dernières années de son  »règne » pour voir comment il a pratiqué  »la social-démocratie ».

A quoi peut bien tenir ce souci exprimer de ne pas donner l’impulsion pouvant conduire à en savoir un peu plus sur le contenu de  »la social-démocratie » d’un  »partenaire politique » ? Cela d’autant plus que la question n’est pas réellement de  »fouiner dans le passé ». Non. Les rapports, les documentaires archivés et les livres existent. Un exemple parmi tant d’autres. Enough project a mené, en son temps, une étude sérieusement fouillée sur la nature criminelle du régime du FCC. Je l’ai relue pour en souligner les richesses et les limites dans deux articles archivés sur Ingeta.com, sur Congoone.net et sur Kasaïdirect.net. Les miens et moi-même avons produit des livres sur ce régime en documentant ses travers et sa propension à exterminer les Congolais(es), à précipiter l’implosion et la balkanisation du pays de Lumumba. J’en cite deux :  »Les Congolais rejettent le régime de Kabila » (2015) et  »Demain, après Kabila » (2018). En écrivant, les miens et moi-même étions portés par un désir profond : apporter notre pierre à l’édification de la mémoire collective vivante en mettant à la disposition des  »minorités organisées » et aux Congolais(es) de bonne volonté des textes pouvant aider à la refondation d’un Etat au cœur de l’Afrique et à la production d’un pays plus beau qu’avant ; un pays luttant contre l’amnésie et la psychopathie.

Les miens et moi-même avions cru que « l’Etat de droit » et « le peuple d’abord » ne pouvaient se réaliser que par un passage obligé du pays par « une éthique reconstructive » promotrice d’une Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Devrions-nous désormais comprendre que « l’Etat de droit » et « le peuple d’abord » font partie des « slogans de notre musée apolitique »?

La social-démocratie et les panama papers

Revenons un peu à « l’idéologie de la social-démocratie ». Est-ce sérieux de représenter un « conglomérat d’aventuriers » ayant enterré nos populations dans des fosses communes après les avoir opprimées, réprimées et prises en otage comme ayant « la social-démocratie » comme idéologie ? Après « Panama papers » ?

Qui dit « social » dit égalité politique de tous les citoyens. Qui dit « social » dit Justice redistributive, Justice Sociale, Justice garante de la dignité citoyenne. Qui dit « Démocratie » dit souveraineté du peuple, d’un peuple participant à l’édification de son pays par le débat (à tous les niveaux de l’organisation sociétale), la délibération et les décisions collectives.Est-ce cela que « les Fosses Communes Congolaises » abusivement dénommées « Front Commun pour le Congo » ont mis en pratique au cours de leur règne kleptocratique de plus ou moins de deux décennies ? Voici l’un de leurs hauts faits tel qu’il est décrit dans « le non-Etat » qu’ils ont créé.

Est-ce sérieux de représenter un « conglomérat d’aventuriers » ayant enterré nos populations dans des fosses communes après les avoir opprimées, réprimées et prises en otage comme ayant « la social-démocratie » comme idéologie ? Après « Panama papers » ?

Pourrons-nous, demain, au Congo-Kinshasa, mener un débat idéologique et rompre avec le culte de la personnalité conduisant à considérer « les gouvernants congolais » comme des « magiciens » dont les mots et les phrases produisent automatiquement ce qu’ils disent ? Ce débat nous aiderait à nous rendre compte que la performativité du « discours politique » est dans « le faire ».

Aujourd’hui, il est question des « sociaux-démocrates » dont la pratique dément l’incantation idéologique. Demain, nous risquons de les voir remplacés par « les libéraux » dans un pays sans industries et entreprises congolaises. Tous, enclins à reproduire des dénominations politicardes dont ils n’examinent presque pas le contenu. Tous, « à gauche » ou « à droite », agents de « l’amélioration du climat des affaires »; c’est-à-dire du fondamentalisme du marché mondialiste jouant à cache-cache avec leurs bases décervelées et fanatisées.

Le débat idéologique finira-t-il par avoir lieu au Congo-Kinshasa ? Pour de vrai ? Je ne sais pas. « Les tiya mutu bazenga » peuvent le forcer. Difficilement…

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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