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Lieux de mémoire contre l’amnésie au Congo-Kinshasa

Lieux de mémoire contre l’amnésie au Congo-Kinshasa

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Par Jean-Pierre Mbelu

Des compatriotes se sont souvenus des tueries du 19 septembre 2016 dans certains coins de notre pays et dans la diaspora. Avant ces tueries, d’autres avaient déjà eu lieu en 2015. Des compatriotes ont publié un livre là-dessus. Il est intitulé Les Congolais rejettent le régime de Kabila.

Ce livre est précédé de plusieurs autres sur « la guerre de basse intensité et de prédation » menée contre le Congo-Kinshasa depuis les années 1990. Et même un peu plus tôt. Les rapports des « experts de l’ONU », des documentaires et des interviewes archivés comptabilisent plusieurs millions de morts au pays de Lumumba.

Combiner l’accès au livre et aux lieux de mémoire serait l’idéal

Dans ce pays où le difficile accès au livre, « sa fermeture », son rejet et « sa peur » sont quelque peu entretenus, il serait temps de créer des lieux de mémoire. Il risque d’être tard. Même s’il n’est jamais trop tard pour mieux faire ! Combiner l’accès au livre et aux lieux de mémoire serait l’idéal.

Dresser des lieux de mémoire à travers tout le pays, le plus tôt, aiderait à l’enseignement de l’histoire aux enfants et aux plus jeunes. Des spécialistes de cette « guerre de basse intensité et de prédation » se lèveraient à travers tout le pays pour expliquer ce qu’il y a eu.

Un constat. Au fur et à mesure que les années passent, les enjeux de cette « guerre de basse intensité et de prédation » sont de plus en plus ignorés. Les causes pour lesquelles plusieurs compatriotes congolais ont versé leur sang sont de plus en plus banalisées dans certains milieux. L’amnésie s’empare des cœurs et des esprits.

Qui assassine Mgr Christophe Munzihirwa le 29 octobre 1996 ? Pourquoi ? Qui organise les massacres à Kasika (24 août 1998), à Makobola (1er janvier 1999) et des viols à Kasika (29 août 1998) et à Bukavu (22 septembre 1998) et pourquoi ? Qu a assassiné Mamadou Ndala, Rossy Mukendi, Floribert Chebeya, Kamwina Nsapu, Thérèse Kapangala, etc. et pourquoi ?

Dresser des lieux de mémoire à travers tout le pays, le plus tôt, aiderait à l’enseignement de l’histoire aux enfants et aux plus jeunes. Des spécialistes de cette « guerre de basse intensité et de prédation » se lèveraient à travers tout le pays pour expliquer ce qu’il y a eu.

La résistance doit s’organise pour créer ces lieux symboliques en vue de donner à sa lutte des repères

Des lieux de mémoire compenserait le difficile accès au livre, « sa fermeture » et « sa peur ». Des œuvres d’art produites pour honorer la mémoire des martyrs de la cause congolaise pourraient faciliter la tâche.

Il est peut-être temps que « la résistance participative » à l’ordre néocolonial au Congo-Kinshasa s’organise pour créer ces lieux symboliques en vue de donner à sa lutte des repères.

Il est curieux que « les gouvernants congolais » voyageant à travers certains pays d’Afrique ou du monde aillent s’incliner sur les lieux de mémoire d’autrui pendant que le pays de Lumumba en manque cruellement. A quelques exceptions près.

Il est peut-être temps que « la résistance participative » à l’ordre néocolonial au Congo-Kinshasa s’organise pour créer ces lieux symboliques en vue de donner à sa lutte des repères. Elle irait, au cours de ses manifestations, s’entretenir avec tous ces frères et avec toutes ces sœurs qui ne sont pas morts mais sont tout simplement passé(e)s de l’autre côté afin que les causes pour lesquelles ils (elles) ont coloré de leur sang la terre de nos ancêtres sont de plus en plus connues et massivement défendues. Afin que le Congo-Kinshasa finisse par devenir un lieu de paix et de bonheur collectif partagé…Il y va aussi du refus de la falsification de notre histoire collective.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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