Par Jean-Pierre Mbelu
« Le crime de penser, c’est la mort » – G. ORWELL
Penser, c’est aussi apprendre à anticiper, à voir plus loin que le bout de son nez. C’est être animé de l’esprit de créativité, d’inventivité et d’imagination tout en assumant les coups. Sur le court, moyen et long terme. L’enfermement dans « l’ immédiatisme », dans le court-termisme peut être un signe manifeste de manque de lucidité, de discernement et de voyance.
Il y a, au Kongo-Kinshasa, un groupe de compatriotes qui estime que penser, c’est commenter au quotidien les actes que pose Fatshi Béton. Une approche différente est vite interprétée comme étant provoquée par des sentiments de haine, de jalousie, d’envie et de manque d’amour à l’endroit de ce compatriote. Souvent, cette interprétation n’est pas argumentée. La jalousie, l’envie et le désamour à l’endroit de Fatshi béton ne sont pas justifiés par le camp qui refuse toute remise en question de ce qu’il pose comme acte. Bon ! Le fanatisme n’a pas besoin d’être fondé sur des arguments rationnels dans la mesure où il est un rejet émotionnel de toute rationalité. Il serait de bonne guerre que les fanatiques, les applaudisseurs, les thuriféraires et les tambourinaires de Fatshi béton poursuivent leur job sans être dérangés. C’est de bonne guerre !
Il y a, au Kongo-Kinshasa, un groupe de compatriotes qui estime que penser, c’est commenter au quotidien les actes que pose Fatshi Béton. Une approche différente est vite interprétée comme étant provoquée par des sentiments de haine, de jalousie, d’envie et de manque d’amour à l’endroit de ce compatriote. Souvent, cette interprétation n’est pas argumentée.
Même s’il aurait était souhaitable qu’ils aient un peu d’humilité en reconnaissant qu’ils ont eu tort d’insulter, d’injurier certains de leurs compatriotes au sujet des thèses que Fatshi béton lui-même finit par partager.
Au début de « l’Etat de siège », je rédige un article intitulé « Etat de siège ou… trêve de la pensée ». Mon souhait, en écrivant cet article, était que « l’Etat de siège » ne puisse pas créer un vide de la pensée. Que les questions liées au contexte de la guerre perpétuelle que connaît le Kongo-Kinshasa depuis plus d’un siècle continuent d’être posées ; surtout celles liées au début de la guerre de l’AFDL. Je suggérais, entre autres, que l’audit de l’armée puisse être faite avant ou concomitamment avec cet « Etat de siège ». Pourquoi ? Je sais, à partir de mes recherches, qu’une armée infiltrée est un instrument important pour une guerre perpétuelle. Je savais aussi que « les infiltrés » dans les institutions kongolaises participaient activement de la production du pays comme un « Etat-raté-manqué ». Je sais pour avoir passé plusieurs années à étudier, à publier des articles et des livres sur ces questions.
Cela n’a pas empêché que certains compatriotes me donnent tous les noms d’oiseaux : jaloux, haineux, Satan en soutane, diable à plusieurs cornes, etc. Eh ben ! Voilà ! A Bunia, Fatshi béton lui-même vient d’avouer qu’il a compris qu’il y a des mafieux dans l’armée, la police et même au Sénat. Il a pris du temps à comprendre cela. Et j’espère qu’il l’a bien compris…
Une question, cependant : « Pourquoi, ses fanatiques, ses thuriféraires, ses applaudisseurs et ses tambourinaires voudraient que le temps de compréhension des penseurs et autres empêcheurs de tourner en rond kongolais coïncide avec celui de Félix -Antoine ? » Pourquoi ? Pourquoi ? Une autre question : « Pourquoi être en avance par rapport à Fatshi béton devrait nécessairement être interprété comme une activité haineuse et jalouse ? »
Poser ces questions, c’est y répondre : « Les fanatiques ne se posent pas des questions. Ils croient naïvement en des évidences que leur livrent leur idole dans le court terme. » Est-ce facile de rompre avec l’idolâtrie ? Non. Lorsqu’elle est devenue une religion, elle exige des sacrifices. Elle peut assujettir, abrutir et plonger dans une ignorance crasse. En être délivrer est une question de re-civilisation, d’éthique, de culture, d’éducation patriotique et humaniste. Cela prend du temps et même beaucoup de temps. En attendant, les idolâtres sont prêts à tout ; même à une guerre civile contre leur propre pays. Kiadi ! Mawa !
En attendant, il faut faire avec tout en sachant que penser n’est pas nécessairement une entreprise haineuse là où l’amour de la terre-mère et le patriotisme sont les maîtres-mots. Penser, c’est aussi apprendre à anticiper, à voir plus loin que le bout de son nez. C’est être animé de l’esprit de créativité, d’inventivité et d’imagination tout en assumant les coups. Sur le court, moyen et long terme. L’enfermement dans « l’immédiatisme », dans le court-termisme peut être un signe manifeste de manque de lucidité, de discernement et de voyance. Souvent, penser, bien penser, à temps et à contretemps, c’est subversif. Dans ce cas, « le crime de penser, c’est la mort »; au propre comme au figuré… Lumumba en sait quelque chose…
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961