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Un philosophe Kongolais, Kalala, s’en prend à la « ndombolisation des cerveaux »

Un philosophe Kongolais, Kalala, s’en prend à la « ndombolisation des cerveaux »

Un philosophe Kongolais, Kalala, s’en prend à la « ndombolisation des cerveaux » 1368 585 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Il nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » S. BOLIVAR

J’ai cru pendant très longtemps que la guerre contre le Kongo-Kinshasa était une guerre contre l’intelligence. Ma critique contre le paradigme de « chance eloko pamba » s’inscrivait dans cette perspective. A l’heure actuelle, mon bonheur est à son comble ! Des compatriotes, journalistes youtubeurs, sont, depuis quelques mois (ou années ?), à l’école d’un philosophe et artiste kongolais, Jean Goubald Kalala, qui leur explique la « ndombolisation des cerveaux » et « l’ imbécilisation collective » au pays de Lumumba.

J’ai toujours cru qu’au pays de Lumumba, il fallait remettre les cerveaux à l’endroit. Et le philosophe Kalala croit que c’est cela « la deuxième indépendance » dont parlait Kimbangu.

L’alliance entre le cœur et l’intelligence (et l’esprit)

Il semble que, dans les milieux de ses compères artistes, son discours ne passe pas. Et sa réponse face aux résistances contre la remise en question de la « ndombolisation des cerveaux » est magnifique : « Eza biloko ya bana ! ». Comme qui dirait, tous les peuples ont « des bana » devant manger « la bonne nourriture » ! Loin d’être une injure, la réponse de Jean Goubald Kalala rejoint cette citation de Nietzsche : «Il est inévitable, il est même plus juste que nos vues les plus élevées prennent un air de crime, voire même de folie, lorsqu’elles arrivent, par fraude, aux oreilles d’une race prédestinée à ne pas les entendre. »

Pour lui, la question kongolaise est prioritairement celle de l’alliance entre le cœur et l’intelligence (et l’esprit).

« Les bana » dont parle Ya Jean sont ceux que les miens et moi-même nommons « les minorités éveillées » ; c’est-à-dire celles qui, pour parler comme lui, travaillent à la victoire de « nzala ya cerveau ». Son contact permanent avec les jeunes des quartiers kinois lui révèlent le niveau élevé d’abrutissement de notre jeunesse. Elle préfère être bien habillée et mendier au lieu d’élever les poules et de manger à la sueur de son front.

Pour Ya Jean, cette mendicité est collective. Tout le monde ou presque vit de la mendicité dans un pays béni par le Ciel. Et il donne l’exemple de ses « sinistres » dénommés abusivement « ministres » toujours à l’affût d’un certain pourcentage à gagner sur les marchés kongolais. Ils n’ont pas honte de poser cette question aux « investisseurs » : « Oko pesa ngai boni ? », « Quel est le pourcentage que je vais toucher dans ce contrat ? »

Que ces « sinistres messieurs » soient applaudis et même promus à des postes de responsabilité dans un pays qu’ils dévalisent au quotidien, cela prouve à suffisance la capacité de nuisance de « la ndombolisation des esprits ». Son appel à la mobilisation des « bana » est magnifique tout comme celui de voir « la pensée » et les penseurs gouverner le Kongo-Kinshasa à la place des « politicards acheteurs de faux diplômes ». Il le fait en montrant comment des « nouveaux intellectuels » sont capables de s’agenouiller devant des « mercenaires nullards » pour vendre le peu de leur dignité en vue de devenir les esclaves volontaires des « autorités immorales » pillant le pays pour « leur chair », pour « leurs ventres » sans esprit et sans cœur. C’est vrai. Pour lui, la question kongolaise est prioritairement celle de l’alliance entre le cœur et l’intelligence (et l’esprit).

La « ndombolisation des cerveaux » est aussi une fabrique des amnésiques

Fâché contre « le petit Rwanda », il ne semble pas comprendre que la force du « pays de milles collines » lui vient du soutien dont bénéficie son mercenaire de Président auprès du capital dominant anglo-saxon.

La « ndombolisation des cerveaux » est aussi une fabrique des amnésiques sans un minimum de lucidité et de discernement ; incapables de voir ceux qui ont orchestré la guerre des années 1990 revenir royalement et au grand jour dans leur pays.

Ya Jean devrait travailler cette question. Il se rendra compte que l’arrivée de Tony Blair au Kongo-Kinshasa pour « conseiller » Fatshi béton et « son gouvernement » participe de la néocolonisation des Grands Lacs Africains dans leur ensemble. Donc, la « ndombolisation des cerveaux » qu’il décrie fait partie de la déstructuration culturelle dont se sert la guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre les BMW du Kongo-Kinshasa par les anglo-saxons.

La « ndombolisation des cerveaux » est aussi une fabrique des amnésiques sans un minimum de lucidité et de discernement ; incapables de voir ceux qui ont orchestré la guerre des années 1990 revenir royalement et au grand jour dans leur pays. A mon avis, Ya Jean a encore du travail à faire du point de vue de la maîtrise des tenants et des aboutissants de la guerre perpétuelle menée contre « son jardin d’Eden ».

Cela étant, sa connaissance du lingala et le jeu philosophique des mots qu’il en fait est époustouflant. Son humour intelligent est d’une beauté incomparable. Les explications qu’il donne au sujet du tribalisme en tant qu’idiotie sont d’une beauté incroyable. Tout comme le doute qu’il émet à l’endroit de son frère Fatshi.

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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