Par Jean-Pierre Mbelu
« Au peuple, nous n’allons pas lui dire de croire, nous allons lui dire de lire » – Fidel CASTRO
Il est très intéressant de suivre en entièreté l’interview accordée par Moïse Nyarugabo aux journalistes congolais sur l’affaire Minembwe. A partir de la Trente troisième-minute, il parle du RCD/Goma et cite les Congolais qui en ont fait partie tout en demandant pourquoi leurs tribus (ou communautés) ne sont pas aussi attaquées que « les tutsi » et les « Banyamulenge ».
Après, il s’en prend à Eva Bazaïba et au MLC en rappelant que ce « parti » a aussi versé le sang congolais et devrait en rendre compte. La réaction des journalistes congolais est fade. Ils donnent l’impression de ne pas avoir une bonne connaissance de l’histoire de la guerre de prédation et de basse intensité à laquelle une branche de l’armée ougandaise, l’APR/FPR a participé. Pour rappel, cette guerre est dénommée « de basse intensité » dans la mesure où elle est menée par « les anglo-saxons » se servant des proxys, des sous-traitants qu’ont été l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l’Angola, etc.
Lambert Mende et Moïse Nyarugabo
Et le RCD/Goma est une fausse rébellion créée après le 02 août 1998 par l’APR/FPR pour infiltrer les institutions congolaises et faire du Congo-Kinshasa un Etat-raté-manqué. Il y a pire. Faisant allusion à l’article 6 de la Constitution rwandaise, Muhindo Nzangi a permis aux Congolais les plus sceptiques de comprendre comment Moïse Nyarugabo, Azarias Ruberwa et l’imaginaire « communauté Banyamulenge » peuvent être « les Chevaux de Troie » de Paul Kagame et de son APR/FPR. Qu’ils se soient servis des Congolais cupides et assoiffés de sang, cela est vrai.
Que les Congolais aient participé à cette guerre comme alliés de l’Ouganda ou du Rwanda, cela est vrai. D’ailleurs, dans un passé très récent, Lambert Mende l’a avoué tout en montrant que la guerre dite de libération était effectivement « une guerre de basse intensité ».
Que les Congolais aient participé à cette guerre comme alliés de l’Ouganda ou du Rwanda, cela est vrai. D’ailleurs, dans un passé très récent, Lambert Mende l’a avoué tout en montrant que la guerre dite de libération était effectivement « une guerre de basse intensité ». Il s’en prenait aux parrains de Denis Mukwege en disant ceci : « « On devrait, à l’en croire, conclure que les viols au Kivu et dans tout l’Est rdcongolais sont directement liés au manque d’alternance démocratique à Kinshasa. Et pas à l’état de guerre endémique imposé aux paisibles citoyens congolais par des groupes armés criminels qui se sont déversés depuis 1994 dans notre pays et des coalitions de puissances étrangères qui gavent le médecin fistulier de titres honorifiques depuis quelques années. Comme pour passer sous silence la responsabilité de ses parrains occidentaux dans les maux qui assaillent ses patientes et leurs familles, le Dr. Denis Mukwege a déclaré qu’« On a trop parlé de viol, de guerre, de destruction, il est temps que nous puissions également parler du développement». »
Contrairement à Mende, Moïse Nyarugabo ne fait pas allusion aux « coalitions de puissances étrangères » ayant travaillé avec des groupes armés criminels comme l’APR/FPR et le RCD/Goma. En sus, en lisant Judi Rever, « Le Rwanda. L’éloge du sang », une chose saute aux yeux : le recours à la stratégie de l’intoxication. Au cours de cette guerre endémique, l’APR/FPR a souvent revêtu l’uniforme des criminels (Hutu ou Congolais) du camp adverse pour réaliser ses objectifs. Elle s’est souvent cachée derrière et dans les habits de ses ennemis pour mieux les accuser. Et la chose se poursuit…
Les journalistes congolais doivent relire et maîtriser l’histoire de leur pays
Avoir des Congolais cupides dans ses rangs pour couvrir cette guerre anglo-saxonne contre leurs propres populations a bien fonctionné pour l’APR/FPR et « son réseau ». Que ces Congolais soient du RCD/Goma, du MLC, de l’AFDL-PPRD-CNDP-M23, cela confirme l’usage de la stratégie d’intoxication. Mais aussi, celle de la démultiplication d’un « réseau mafieux » de copains, de coquins et de clients au cœur de l’Afrique.
Les journalistes congolais auraient intérêt à bien connaître l’histoire récente de leur pays pour mieux débattre avec les proxys et autres sous-fifres des anglo-saxons rejetant l’intégration politique africaine au nom de la balkanisation et de l’implosion du vieux continent et de leurs intérêts mesquins.
Si les journalistes congolais avaient relu l’histoire de leur pays, ils auraient pu calmer Moïse Nyarugabo et l’aider à être un peu moins hautain comme Muhindo Nzangi l’a fait avec Azarias Ruberwa. Aussi ce digne fils au Congo a-t-il des documents historiques pouvant aider ces journalistes à comprendre le rôle toxique que jouent ces deux messieurs au nom d’une « communauté » dont certains membres leur sont hostiles et décrient leur allégeance au Rwanda de Paul Kagame.
Maintenant que cette vidéo existe, il ne serait pas exclu que les Congolais s’en servent un jour pour demander des comptes à tous ceux qui ont trempé dans les crimes de sang dans leur pays. Quant aux journalistes congolais, ils auraient intérêt à bien connaître l’histoire récente de leur pays pour mieux débattre avec les proxys et autres sous-fifres des anglo-saxons rejetant l’intégration politique africaine au nom de la balkanisation et de l’implosion du vieux continent et de leurs intérêts mesquins.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961