Par Mufoncol Tshiyoyo
Jean-Pierre Mbelu, que nous tenons à remercier, nous a fait parvenir un article (en anglais) de « Foreign Policy » : « Why Did Washington Let a Stolen Election Stand in the Congo ? ». Le texte porte la signature de Stephen R. Weissman, auteur du livre “American Foreign Policy in the Congo: 1960-1964 and A Culture of Deference: Congress’s Failure of Leadership in Foreign Policy”.
Du rôle de l’ambassadeur américain sur place au Congo, de la mainmise non voilée de l’Amérique sur le Congo, de ses nouveaux agents congolais recrutés et tous à son service, tout y est pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement au Congo. En effet, de la lecture de l’article, il ressort l’idée que l’Amérique se parle, elle dit tout haut sur elle-même, ce que des thuriféraires congolais, toute honte bue, finissent par transformer en victoire d’un camp des nègres de service sur un autre camp.
L’arrogance et le mépris américain
La liberté et l’aisance avec lesquelles l’Amérique s’exprime au sujet de la RDC n’ont d’équivalent que son arrogance et son mépris manifestes et manifestés vis-à-vis du nègre » congolais dont l’existence a toujours dénié. Quand je pense que l’homme congolais croit acter sur son propre devenir et avoir le contrôle de la terre de ses aïeux.
Pendant plus de 20 ans, l’Amérique laisse massacrer des populations congolaises sans que personne n’ose lui demander des comptes. Et qui en oserait, en plus ? Dès le lendemain, et sans surprise, l’Amérique se fabrique de nouveaux serviteurs zélés qu’elle place encore à la tête de son « ligablo » le Congo. Et tout se passe comme si des Congolais, sérieux ou pas, ne trouvent à redire.
Alors, je nous demande à haute voix pourquoi nous avons combattu Mobutu ? Je pose la question à Christophe Lutundula, à Bahati et Martin Fayulu, la bande à FDD ? Nous le combattions réellement ou bien nous l’envions pour finalement occuper la place une fois vacante, abandonnée par un autre chien au service d’un maître que l’on sait être en possession d’un os à distraire ?
En 1997, l’Amérique créa l’AFDL, alors que tous les Congolais demeuraient à son service. Le nègre congolais a toujours été un pro américain. Avant cela, l’Amérique créa son monstre de Frankenstein : Paul Kagame. Il s’est ensuivi le génocide des populations congolaises. Sous la barbe américaine, si on pouvait ainsi le déclarer. Pendant plus de 20 ans, l’Amérique laisse massacrer des populations congolaises sans que personne n’ose lui demander des comptes.
Et qui en oserait, en plus ? Dès le lendemain, et sans surprise, l’Amérique se fabrique de nouveaux serviteurs zélés qu’elle place encore à la tête de son « ligablo » le Congo. Et tout se passe comme si des Congolais, sérieux ou pas, ne trouvent à redire. Si tel est le cas, nous serions surpris d’attendre de la Chine un comportement contraire face aux Congolais qui se sont toujours montrés incapables de se faire respecter.
Tout sauf un antiaméricanisme primaire
De notre côté, tout sauf un antiaméricanisme primaire, car nous savons que des charognards vont se mettre à râler, nous continuerons à chercher des dividendes de la part de l’Amérique, en échange de la poltronnerie congolaise. Comment devons-nous expliquer et justifier les morts congolais ?
L’Amérique joue en solo. Même la France ne peut rien entreprendre au Congo sans l’aval du maître. Demain, on construira quelques routes, quelques petites écoles en 10 ans, pourvu que le nôtre soit placé à la tête de la boutique. Mon Dieu, c’est juste un cri, quel peuple ?
Comment forgerons-nous la mémoire collective ? Que faudra-t-il enseigner à la jeunesse congolaise ? Pointerons-nous à l’infini nos doigts vers des proxys ? Finalement, nous sommes réduits à ne jouer que ce rôle alors que « l’uniformisation du monde est en train de réveiller les différences ? » (Hervé Juvin). Quelle sera en effet notre « différence » à apporter au monde ? Est-ce toujours l’Amérique ou rien ? Mais pour quel prix ?
Qu’est-ce qui ne va pas avec nous ? En réalité, qui sommes-nous ?
L’auteur américain écrit entre autres ce qui suit : « Les États-Unis, la puissance occidentale la plus influente en RDC, auraient pu (…) travailler avec des partenaires européens et des gouvernements régionaux concernés (en particulier le Rwanda, l’Angola, le Congo-Brazzaville et une Afrique du Sud hésitante). (…) Par conséquent, les États-Unis n’ont pas soutenu les déclarations de la Grande-Bretagne, de la France, de la Belgique et de l’Allemagne lors d’une réunion du 11 janvier 2019 du Conseil de sécurité des Nations Unies … »
Bref, l’Amérique joue en solo. Même la France ne peut rien entreprendre au Congo sans l’aval du maître. Demain, on construira quelques routes, quelques petites écoles en 10 ans, pourvu que le nôtre soit placé à la tête de la boutique. Mon Dieu, c’est juste un cri, quel peuple ?
Quant à moi, j’ai conclu en paraphrasant Malcom X : « j’ai toujours pensé que je mourrai de mort violente, et j’ai fait tout mon possible pour m’y préparer » (Malcom X, « Le pouvoir noir » textes politiques réunis et présentés par George Breitman, traduit de l’anglais par Guillaume Carle, Éditions Découverte, 2002, 2008).
Likambo oyo eza likambo ya mabele…
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un Homme libre