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Des questions que posent certaines vidéos du Pasteur Mukuna

Des questions que posent certaines vidéos du Pasteur Mukuna

Des questions que posent certaines vidéos du Pasteur Mukuna 1200 675 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire » – Michaëlle Jean

La dénonciation et la critique des crimes de guerre, des crimes économiques et des crimes contre l’humanité auxquelles procède le Pasteur Mukuna sont des choses les plus partagées par plusieurs compatriotes Congolais. Les médias alternatifs congolais de la diaspora et « le petit reste » n’ont fait que cela pendant plus de deux décennies. Le Pasteur Mukuna lui-même le reconnaît et avoue son ignorance au sujet de ce travail de grande qualité. Il en a demandé pardon. Cet aveu et ce pardon pourront-ils l’aider à rester dorénavant attentif aux apports  »intersociaux » de ses compatriotes du pays et de la diaspora sur la marche passée et actuelle du pays ?

Il est vrai qu’il a accumulé une documentation imposante sur ces crimes. Elle devrait être archivée et mise à la disposition des jeunes générations. Les rapports Kassem (2002) et Mapping (2010) ont encore un peu plus de détails ! Cela étant, il faut quand même avouer que les sorties médiatiques du Pasteur Mukuna posent une série de questions sur lesquelles il devrait prendre le temps de méditer.

A qui profite cette  »dette odieuse »?

Il connaît l’origine de tout l’argent détourné par  »le conglomérat d’aventuriers » qu’il décrie. Il cite quelques banques. Il cite, entre autres, la BAD et la Banque mondiale. Il soutient que ces institutions financières savent que leur argent a été empoché par un groupe de  »nouveaux prédateurs » bien identifiés. Pourquoi, elles-mêmes ne les poursuivent-elles pas en justice ? Cela d’autant plus qu’elles ont des preuves, qu’elles contrôlent la circulation des capitaux et qu’elles disposent d’un peu plus de moyens de pression que les compatriotes décidés à en finir avec le détournement de  »l’argent d’autrui » en vue de plonger le pays dans la spirale de la  »dette odieuse » ? Et puis, à qui profite cette  »dette odieuse » ?

Le Pasteur Mukuna n’aurait-il pas mieux fait de revisiter notre histoire de deux dernières décennies pour mieux étoffer son argumentaire ?

Que les Congolais(es) se lèvent pour que  »les nouveaux prédateurs », leurs clients et leurs alliés répondent devant la justice de la destruction de notre patrimoine commun en le pillant et en le prenant en otage, c’est une excellente idée. Qu’ils aient parlé à leurs  »parrains » en face, comme le souligne le Pasteur Mukuna dans cette vidéo, c’est une très bonne chose. Qu’ils leur aient demandé de venir les prendre afin qu’ils retournent d’où ils sont venus, cela peut paraître possible. Néanmoins, cette approche pose un problème : « Pourquoi  »les parrains » de l’AFDL devraient-ils se contenter de reprendre tout simplement  »leurs filleuls » et ne pas répondre, eux aussi, de forfaits qu’ils auraient commis ensemble ? »

Le Pasteur Mukuna n’aurait-il pas mieux fait de revisiter notre histoire de deux dernières décennies pour mieux étoffer son argumentaire ? Au sujet des  »parrains », un ex-membre du RCD/GOMA, Lambert Mende, en a donné, une fois, sa part de vérité en avouant qu’ils sont impliqués dans les crimes commis contre les paisibles citoyens congolais. Dès lors, qu’est-ce qui pourrait justifier le choix opéré par le Pasteur Mukuna et le groupe de compatriotes décidés à en découdre avec  »les nouveaux prédateurs » ? Bon ! Il faut commencer quelque part ! Est-ce la meilleure procédure ? L’avenir nous le dira…

Le « bon » travail de Kabila

Au sujet de  »la toute-puissance » du  »Raïs 100% » et de l’intouchabilité de ses proches, le Pasteur Mukuna devrait, encore une fois, revisiter notre histoire afin qu’il sache de quoi ils sont  »le nom ».

 »Le Raïs 100% » avait et a encore une mission : servir les multinationales. S’il est encore là jusqu’à ce jour malgré les crimes décriés, c’est signe que, pour ses  »maîtres », il a fait et fait du bon travail tout en ramassant  »les miettes » qu’il partage avec  »ses intouchables »

Dans  »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique », Sassou Nguesso se confiant à Pierre Péan le décrit comme  »un Cheval de Troie ». Accorder à un  »Cheval de Troie » une mythique  »toute-puissance » serait induire les compatriotes en erreur et peut-être ne pas les aider à comprendre que c’est depuis longtemps que notre pays est en guerre. Lui et  »son conglomérat d’aventuriers » sont les pions, des  »acteurs apparents » utilisés dans  »les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Et ces  »guerres secrètes » sont permanentes et perpétuelles. Sera-t-il facile de s’en défaire sans toucher aux intérêts qu’ils ont servis et qu’ils servent encore, sans insulter leurs lobbies ? C’est possible !

Un député français, Jean-Luc Schaffhauser ne va pas par quatre chemins pour dire qui est  »le Raïs 100% ». La vidéo est là :22.06.2016 Massacres dans l’est du Congo. Elle dure plus ou moins deux minutes. Elle nous rappelle que  »le Raïs 100% » avait et a encore une mission : servir les multinationales. S’il est encore là jusqu’à ce jour malgré les crimes décriés, c’est signe que, pour ses  »maîtres », il a fait et fait du bon travail tout en ramassant  »les miettes » qu’il partage avec  »ses intouchables ».

Relisons Frantz Fanon

Les démarches entreprises pour mettre fin à cette  »intouchabilité » ne devraient pas être négligées. Elles font partie, tant soit peu, de la lutte et de  »l’éveil patriotique ». Néanmoins, elles ne devraient pas être coupées de l’histoire des  »guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » sous peine de jouer le jeu de l’ennemi.

Il est toujours sage de se rappeler ce qui s’est passé en 1960 entre  »les partis nationalistes » ayant gagné les élections au suffrage universelle et les sécessionnistes du Kasaï et du Katanga.

Extirpées de ce contexte historique, ces démarches peuvent, à tout moment, participer de ces guerres en opposant les Congolais les uns aux autres. Il est toujours sage de se rappeler ce qui s’est passé en 1960 entre  »les partis nationalistes » ayant gagné les élections au suffrage universelle et les sécessionnistes du Kasaï et du Katanga. Le pays en porte encore des stigmates. Les choses ne semblent pas être très différentes aujourd’hui. Contrairement aux apparences !

Relisons Frantz Fanon. Voici ce qu’il nous rappelle : « Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. »

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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