Par Jean-Pierre Mbelu
Une question bête : « Est-il possible de goûter à la beauté de la plaidoirie de Coco Kayudi Misamu » si l’on a pas étudié Cicéron ? Je ne crois pas !
Toutes les critiques que nous pouvons adresser au néocolonialisme congolais ne devraient pas nous interdire d’apprécier l’art oratoire de certains de nos compatriotes tout en nous battant pour que cela ne soit pas mis au service de la mort du Congo-Kinshasa.
En fait, quand on a étudié Cicéron et que l’on entend Coco Kayudi se livrer à sa plaidoirie, il y a un contentement et une joie indicibles qui sourdent du fond de soi. Et l’envie de suivre cet homme parler devient plus forte que tout ! Sa capacité d’argumenter aisément donne à croire qu’il vient d’une autre planète. Admirer le beau n’a rien à voir avec l’issue d’un procès initié dans « une prison à ciel ouvert ».
Tout en la respectant, je ne partage pas cette tendance qui consiste à croire que tout ce qui se fait dans « cette prison » ne mérite aucune attention. Surtout quand c’est vrai et beau. Il fait la différence entre le vol et le détournement, entre le civil et le criminel, entre « pièce contre pièce » et « le comportement de l’inculpé » et finit par définir « République » en des termes aussi simple en soutenant que « c’est nous tous, notre vivre-ensemble et la façon dont nous nous repartissons les richesses du pays ». Franchement, bien qu’initié dans « un Etat raté », « le dit procès des 100 jours » nous aura convaincus que le Congo-Kinshasa a encore des filles et fils d’une grande intelligence.
J’assume ma joie et mon contentement après avoir écouté ce disciple de Cicéron qui sait que « in cauda venenum ». Ne fût-ce que du point de vue littéraire.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961