A vrai dire, JOKA, imposé par »les amis de Paul Kagame » à Sun City aux Congolais(es) a contribué à faire du Congo-Kinshasa une prison à ciel ouvert, une jungle, une néocolonie anglo-saxonne. Les intellectuels organiques et structurants congolais, jeunes ou adultes, l’ont compris. Plusieurs d’entre eux ont opté pour la résistance et un travail d’émancipation sociale, culturelle, économique et spirituelle sur le temps long.
Il y a un refrain que »les kabilistes » entonnent de temps en temps quand ils font le bilan de leur autorité morale à son poste de »Cheval de Troie » au Congo-Kinshasa : »JOKA a mis fin à la guerre ».
Sur la nature de la guerre
Souvent, ils ne décrivent pas la nature de la guerre dont ils parlent. Rarement, à l’intérieur même de »la kabilie », une allusion y est faite. Tel est le cas de Lambert Mende que nous avons pu analyser à un certain moment en deux articles. Pour rappel, le 24 mars 2016, Mende a tenu un point de presse au cours duquel il a soutenu que depuis 1994, une coalition de forces étrangères et des groupes criminels ont envahi le Congo-Kinshasa pour tuer les paisibles citoyens.
Cette »guerre par morceau » avait parmi ses objectifs la production d’un »Etat raté » au cœur de l’Afrique et l’ouverture du Congo-Kinshasa aux circuits néolibéraux. Du point de vue culturel, elle est hégémonique. Elle tient à imposer le discours néolibéral et les valeurs marchandes (telle que la consommation individualiste) aux »libéraux congolais » en battant en brèche les valeurs traditionnelles de solidarité (humanisante).
Mais ce point de presse n’a pas pu dire quelque chose ni sur la nature de cette guerre, ni sur ses causes matérielles. Revenons sur la nature de cette guerre. Elle est raciste et de prédation. Elle est une guerre de basse intensité. Elle se mène »par morceau » en instrumentalisant les proxys. Raciste, elle nie l’humanité aux Congolais(es) et les tient pour des non-personnes. Elle les traite comme de bêtes de sommes. Elle les égorge comme des bêtes sauvages et cela en grand nombre. Elle chasse les Congolais(es) de leurs terres. Elle les en dépossèdent pour les donner aux sous-traitants des multinationales ou aux multinationales elles-mêmes. Elle est dite de basse intensité dans la mesure où »l’impérialisme intelligent » la mène par des proxys interposés. Les groupes criminels dont Lambert Mende a parlé le 24 mars 2016 font partie de ces proxys rwandais, burundais, ougandais et congolais.
Cette »guerre par morceau » avait parmi ses objectifs la production d’un »Etat raté » au cœur de l’Afrique et l’ouverture du Congo-Kinshasa aux circuits néolibéraux. Du point de vue culturel, elle est hégémonique. Elle tient à imposer le discours néolibéral et les valeurs marchandes (telle que la consommation individualiste) aux »libéraux congolais » en battant en brèche les valeurs traditionnelles de solidarité (humanisante).
Elle se mène aussi par infiltration des proxys dans les institutions étatiques pour les déstructurer de l’intérieur et entretenir un chaos constructeur des richesses illicites pour les proxys et leurs parrains. Quand elle ne recourt pas aux armes, elle se sert des mécanismes dénommés »programmes d’ajustement structurel » ou »initiatives pour les Pays Pauvres Très Endettés » promus par les IFI, »ses tueurs à gages » comme dirait »l’assassin financier », John Perkins. Elle tue aussi »économiquement » en alimentant des »coups d’Etat permanents » par les IFI interposées.
Le Congo-Kinshasa aujourd’hui? Une prison à ciel ouvert, une jungle, une néocolonie anglo-saxonne
Qui peut, au regard de cet essai de description de »la guerre par morceau » menée contre les Congolais(es) oser dire que »Joseph Kabila » (JOKA) y a mis fin ? Les armes se taisent au Congo-Kinshasa par intermittence. Les compatriotes sont tués et chassés de leurs terres dans plusieurs coins du pays. Les proxys opérant de l’intérieur du pays dépossèdent les villageois de leurs terres en les achetant pour une bouchée de pain.
La permanence de cette guerre appauvrit les populations congolaises. La répression à laquelle elle recourt dégrade un nombre important de ces populations. L’oppression qui l’accompagne produit l’ignorance, l’inculture et l’abrutissement. Elle crée un imbroglio anthropologique fatal pour la jeunesse et les masses populaires.
Les IFI dictent certaines lois et/ou codes. JOKA , lui-même, »Cheval de Troie du Rwanda » tue, pille et vend les entreprises congolaises pour une paire de sandale. Il est dorénavant »l’homme qui valait 15 milliards de dollars ».
Nous ne le dirons jamais assez. La permanence de cette guerre appauvrit les populations congolaises. La répression à laquelle elle recourt dégrade un nombre important de ces populations. L’oppression qui l’accompagne produit l’ignorance, l’inculture et l’abrutissement. Elle crée un imbroglio anthropologique fatal pour la jeunesse et les masses populaires. Se raconter les histoire du genre »Joseph Kabila a pacifié le pays » devient une tactique pour échapper à l’oppression et à la répression. Ou bien une tactique de survie précédant l’invitation à la mangeoire de la »kabilie ».
Comment JOKA peut-il mettre fin à une guerre où il ne joue que le rôle d’un jeune inoffensif pour ses mentors rwandais et ougandais ? Pour nous rafraîchir la mémoire, lisons ces deux extraits du livre de Pierre Péan. Qu’a-t-il fait quelque jours après l’assassinat de celui qui avait essayé de tourner le dos à ses créateurs, Laurent-Désiré, Kabila ?
Pour la résistance et un travail d’émancipation sociale, culturelle, économique et spirituelle
Pierre Péan répond : « … dix jours après la mort de son géniteur, il devient son successeur, et quatre jours plus tard il rencontre à Washington le président Bush et Pauk Kagame en marge du National Prayer Breakfast, après avoir été reçu par le président français.
L’acceptation par Joseph Kabila d’une rencontre avec Paul Kagame, l’ennemi le plus acharné de son père, fournit un indice important pour lever un pan du mystère Joseph Kabila. D’autant que l’impacte de cette rencontre est rehaussé par une décision, en date du 1er février, d’abandonner la plainte que le défunt président avait déposée devant la Cour Internationale de justice à La Haye contre l’agression rwando-ougandaise de la RDC, après le 2 août 1998. »
Et il ajoute : « L’affirmation suivante du docteur Helmut Strizek me semble pertinente : « Après la mort de Laurent-Désiré Kabila, Kagame obtiendra de ses alliés américains et européens- l’intervention de l’Eufor au Congo est à situer dans ce contexte- que le Congo soit dirigé par »un jeune homme inoffensif », en la personne de Joseph Kabila. Ceci permettrait au Rwanda de faire main basse sur les richeses du Congo et à Kagame d’être sûr que le danger, dans la lutte contre le pouvoir dictatorial, ne viendra pas de la République Démocratique du Congo. »
Les intellectuels organiques et structurants congolais, jeunes ou adultes, l’ont compris. Plusieurs d’entre eux ont opté pour la résistance et un travail d’émancipation sociale, culturelle, économique et spirituelle sur le temps long.
A vrai dire, JOKA, imposé par »les amis de Paul Kagame » à Sun City aux Congolais(es) a contribué à faire du Congo-Kinshasa une prison à ciel ouvert, une jungle, une néocolonie anglo-saxonne. Les intellectuels organiques et structurants congolais, jeunes ou adultes, l’ont compris. Plusieurs d’entre eux ont opté pour la résistance et un travail d’émancipation sociale, culturelle, économique et spirituelle sur le temps long.
Comprendre cela, quand on a pas été attentif à l’histoire du Congo-Kinshasa de ces deux dernières décennies, quand on a pas pris l’habitude de s’asseoir et de décortiquer des livres bien sourcés sur cette histoire, n’est pas facile. A ce point nommé, les réseaux sociaux peuvent être une machette à double tranchant. Ils peuvent nous aider à approfondir certaines questions ; tout comme ils peuvent nous enfermer dans une paresse intellectuelle au point que nous puissions renoncer au travail de la recherche et nous contenter de petits tweets et de la vidéosphère.
Babanya Kabudi