Par Jean-Pierre Mbelu
Aller s’agenouiller ou s’incliner devant un mercenaire occupé à exterminer les Congolais(es) est un signe à la fois d’esclavage volontaire, de lâcheté et de trahison de la cause congolaise. Ce geste de soumission peut avoir des incidences négatives sur certains résistants luttant contre l’imposture. Il peut les dérouter. Dieu merci ! Il est souvent posé par ceux et celles qui, depuis 1996, »ont choisi alias Joseph Kabila » Ils restent égaux à eux-mêmes. Ils sont constants. Même s’il leur arrive, après ces agenouillements serviles, de dire : « Le peuple d’abord ».
Depuis deux jours, un groupe de compatriotes va s’incliner devant alias Joseph Kabila. Il estime que ce »mercenaire » va trouver une issue politique à la crise anthropologique dont il est l’un des »nègres de service ».
Le piège de la haine de soi et de la culpabilité collective
Ces compatriotes s’inclinent, se courbent, s’agenouillent en lui serrant la main. Ils font accompagner ces gestes d’un commentaire sur les réseaux sociaux. Ils nomment ces »agenouillement » et »ces courbettes » »humilité » Ils soutiennent même que cette »humilité » précède la grandeur. Cette lecture peut se justifier dans un pays où les mots ont perdu leur sens. En effet, pendant plus de trois mois, le Congo-Kinshasa assiste à des scènes surréalistes. Une trentaine de compatriotes, sans mandat populaire, s’amuse à négocier »un accord » avec un imposteur tuant sans froid aux yeux au Kivu, au Kasaï, au Katanga, au Bas-Congo, à Kinshasa, etc.
Et il arrive que, pour culpabiliser les millions de Congolais non impliqués dans cette démarche asservissante, certains messages leur soient adressés. L’un de ces messages leur demande d’oublier ce qui est arrivé en 1996 et de ne considérer que leur soumission au pouvoir-os de l’imposteur fabriqué par Kigali et Kampala. Il arrive que , tombés dans ce piège, plusieurs s’indignent et procèdent à une culpabilisation collective. Et ils commencent à ne jurer que par la haine de soi : « Est-ce que nous les Congolais, nous sommes normaux ? Est-ce que nous les Congolais, nous sommes comme tous les autres peuples ? Nous les Congolais, nous sommes un peuple d’incapables. Nous les Congolais, nous sommes un peuple des inconscients, etc. »
En effet, pendant plus de trois mois, le Congo-Kinshasa assiste à des scènes surréalistes. Une trentaine de compatriotes, sans mandat populaire, s’amuse à négocier « un accord » avec un imposteur tuant sans froid aux yeux au Kivu, au Kasaï, au Katanga, au Bas-Congo, à Kinshasa, etc.
Cette dévalorisation collective de soi est préjudiciable pour notre lutte commune d’émancipation politique, sociale, économique, culturelle et environnementale. Elle ne prend pas en compte notre diversité et la diversité de nos champs de lutte. Elle est réductionniste.
Elle pourrait se justifier dans la mesure où la durée de »la guerre perpétuelle » que les américains et les britanniques nous mènent par le canal du Rwanda et de l’Ouganda traîne en longueur. Cette guerre brouille les cartes. Elle finit par mettre les mercenaires et les autres »nègres de service » sur le devant de la scène au point que nous puissions les considérer comme étant des »acteurs pléniers », des acteurs de premier plan.
Les acteurs apparents et acteurs pléniers
Et certains d’entre nous commencent à dire : « Mais vous parlez des anglo-saxons. Sur terrain, nous ne voyons que les Congolais. » Ils perdent donc de vue le fonctionnement du système de prédation transnationale mis sur pied par »l’ Etat profond anglo-saxon » et ceux qui lui obéissent. Et plusieurs Congolais sont induit en erreur par les médias dominants. Bien que mettant à nu »les acteurs apparents », il est rare qu’ils fassent allusion aux »acteurs pléniers ».
Prenons l’exemple de cet article de Colette Braeckaman. Voici ce qu’elle écrit : « Chaque jour des appels au secours, des témoignages filtrent depuis le Kasaï. Le dernier en date vient de Nganza, une commune de la ville de Kananga : selon des sources fiables, plus de 300 civils ont été tués à la fin de la semaine dernière, des vieillards, des enfants mais surtout, visés en premier lieu, des jeunes gens susceptibles de rejoindre les rangs de la milice dite Kamwina Nsapu, du nom du chef coutumier tué en août dernier. « C’est la terreur » poursuit notre source «des militaires passent durant la nuit, de maison en maison, ils vérifient les identités et surtout, ils tuent. » L’inquiétude est avivée par le fait que, selon d’autres témoignages : « ces militaires ne parlent ni le lingala, la langue de l’armée, ni le tshiluba, la langue nationale du Kasaï. Certes, ils portent l’uniforme de l’armée congolaise mais ils paient en dollars… » D’où le soupçon de voir à l’œuvre des « mercenaires » ou des troupes « empruntées « aux pays voisins, le Burundi, ou plus sûrement encore, l’Ouganda, le Rwanda ou le Zimbabwe, dont les présidents entretiennent les meilleures relations avec Joseph Kabila et partagent sa volonté de rester au pouvoir. Au Kasaï comme au Katanga, les civils craignent aussi la mise en liberté du redoutable chef de guerre Gédéon, chef d’une autre milice, les Bakata Katanga, qui s’illustrèrent par des massacres dans le Nord Katanga et, à toutes fins utiles, l’Angola a fermé sa frontière avec son dangereux voisin. »
Aller s’agenouiller ou s’incliner devant un mercenaire occupé à exterminer les Congolais(es) est un signe à la fois d’esclavage volontaire, de lâcheté et de trahison de la cause congolaise.
Oui. Cet article donne, selon ses sources, un témoignage sur ce qui se passe sur terrain ; sur les faits. C’est déjà très bien. Néanmoins, il n’établit aucun lien entre ce »morceau de guerre » mené par »les nouveaux prédateurs » , »nègres de service » de »la politique des puissances (anglo-saxonnes) en Afrique, comme elle le démontrait en 2003. (Lire, C. BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs. Politiques des puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2003. Lire surtout la page 187.)
Lire l’histoire des autres guerres menées par les Américains et les Britanniques
Souvent, nous sommes nombreux à tomber dans ce piège. Il nous faut peut-être lire l’histoire des autres guerres menées par les Américains et les Britanniques dans les pays qu’ils tiennent à subjuguer pour comprendre »le temps long » que prend leur »guerre perpétuelle » au Congo-Kinshasa. La guerre contre les Russes pour leur ravir leurs terres peut servir d’exemple. Elle a débuté en 1940 et elle est en train de prendre fin avec l’accession de Poutine au pouvoir souverain.
A mon avis, l’un des livres pouvant aider à comprendre la guerre menée contre la Russie est celui de Robert Charvin intitulé »Faut-il détester la Russie ? Vers une nouvelle guerre froide, Bruxelles, Investi’Action, 2016)
Relire notre histoire et celles des autres peuples fiers de leur souveraineté et de leur identité pour que nous sachions mieux faire face aux effets nocifs du « morceau de la guerre perpétuelle »
Dans ce contexte, donc, aller s’agenouiller ou s’incliner devant un mercenaire occupé à exterminer les Congolais(es) est un signe à la fois d’esclavage volontaire, de lâcheté et de trahison de la cause congolaise. Ce geste de soumission peut avoir des incidences négatives sur certains résistants luttant contre l’imposture. Il peut les dérouter. Dieu merci ! Il est souvent posé par ceux et celles qui, depuis 1996, »ont choisi alias Joseph Kabila » Ils restent égaux à eux-mêmes. Ils sont constants. Même s’il leur arrive, après ces agenouillements serviles, de dire : « Le peuple d’abord ».
Ce temps consacré par La Nouvelles Conscience Congolaise à l’éveil des Consciences devrait nous pousser à relire notre histoire et celles des autres peuples fiers de leur souveraineté et de leur identité pour que nous sachions mieux faire face aux effets nocifs du »morceau de la guerre perpétuelle » entretenu par alias Joseph Kabila, »Cheval de Troie » de Kagame et de Museveni, »nègre de service des entreprises multinationales.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba