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Si ces jeunes congolais avaient lu Pierre Péan ?

Si ces jeunes congolais avaient lu Pierre Péan ?

Si ces jeunes congolais avaient lu Pierre Péan ? 768 384 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Il y a deux jours que Pierre Péan est passé de l’autre côté ! Paix à son âme !

L’autre jour, en voyant des jeunes congolais coiffés de bérets rouges et en train de crier « mingi mingi Raïs », je me suis exclamé en me disant : « Si ces jeunes congolais avaient lu Pierre Péan, ils seraient peut-être tombés que la confidence que Sassou Nguesso lui fait sur leur fameux « Raïs ». Peut-être qu’ils changeraient d’avis. »

Sur « le mystère Joseph »

Bon ! La mort de l’école et du livre au Congo-Kinshasa, la montée du fanatisme, de la bêtise et du culte de la personnalité, le chômage et l’abrutissement massifs des jeunes, « la défaite de la raison » et le rejet de l’art d’argumenter de manière rationnelle et raisonnable, etc. pourraient jouer de façon que la lecture de Pierre Péan n’incite pas à renoncer à la médiocrité.

A Oyo, le 08 août 2008, voici ce que le Président Sassou Nguesso confiait à Pierre Péan sur « le mystère Joseph », « mingi mingi Raïs » : « Venu de nulle part, en quinze jours il a eu les honneurs de Paris, Bruxelles, Londres et Washington…Joseph est un cheval de Troie du président rwandais. Officiellement, pendant la journée, il s’oppose à Paul Kagame, mais, la nuit tombée, il marche avec lui…Or, en Afrique, c’est la nuit que les choses importantes se passent… »

La mort de l’école et du livre au Congo-Kinshasa, la montée du fanatisme, de la bêtise et du culte de la personnalité, le chômage et l’abrutissement massifs des jeunes, « la défaite de la raison » et le rejet de l’art d’argumenter de manière rationnelle et raisonnable, etc. pourraient jouer de façon que la lecture de Pierre Péan n’incite pas à renoncer à la médiocrité.

Et Pierre Péan ajoute : « Cinq mois après ces confidences, Paul Kagame et Joseph Kabila surprenaient les observateurs des Grands Lacs en décidant de mener ensemble la chasse aux Hutu des FDLR dans les forêts du Kivu. Le premier en affirmant qu’il en allait de la sécurité, le second qu’il en allait de la restauration de la souveraineté sur l’ensemble du territoire congolais. Lorsque j’appris cette stupéfiante nouvelle, les paroles entendues à Oyo me revinrent évidemment en mémoire, Joseph, cheval de Troie ? » Extraits de « Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique », Paris, Fayard, 2010, p. 531-532.

Lire ces extraits n’aurait peut-être pas suffi si l’étude des humanités (littéraires, scientifiques, pédagogiques, etc.) n’avaient pas proposé la lecture d’Homère et de la mythologie grecque. Cela n’aurait peut-être pas suffi dans un pays où l’obscurité permanente et le manque d’accès à Internet pour le plus grand nombre rend difficile l’accès à Wikipédia.

Péan, Sassou et le cheval de Troie

Si cela était possible, voici ce que nos jeunes coiffés de bérets rouges auraient pu lire :
« Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l’idée d’une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d’accepter l’offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l’enceinte de la cité, franchit donc les portes Scéesa, les Troyens font alors une grande fête. Lorsque les habitants de Troie sont pris par la torpeur de l’alcool, la nuit, les Grecs sortent du cheval et ouvrent alors les portes, permettant au reste de l’armée d’entrer et de piller la ville. Tous les hommes sont tués, les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une éventuelle vengeance. »

Si ces jeunes congolais coiffés de bérets rouges avaient lu Pierre Péan ? S’ils avaient étudié ou lu et approfondi certains textes de la mythologie grecque, il est possible qu’ils pourraient changer d’avis et rompre avec la bêtise…Il est possible qu’ils guériraient de leur fanatisme…

« La torpeur de l’alcool » (BMW?), « la nuit », « l’entrée de l’armée grecque dans la ville », « le pillage », « les crimes contre l’humanité », « le viol des femmes et des filles devenues esclaves », « l’extermination des enfants mâles »…voilà ce que permet « un cheval de Troie ». Peut-il être applaudi, présenté comme « autorité morale » et « social-démocrate » dans « une ville » (ou un pays) qu’il contribue à détruire en offrant à certains de ses habitants cupides et avares de l’alcool et des billets de banque ? Amnésie quand tu nous tiens !

Ah ! Si ces jeunes congolais coiffés de bérets rouges avaient lu Pierre Péan ? S’ils avaient étudié ou lu et approfondi certains textes de la mythologie grecque, il est possible qu’ils pourraient changer d’avis et rompre avec la bêtise…Il est possible qu’ils guériraient de leur fanatisme…

Et qui est Paul Kagame dont le « mingi mingi Raïs » est « le cheval de Troie » ? Lisons encore Pierre Péan. Sassou Nguesso lui fait une autre confidence très importante à ce sujet.

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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