Par Jean-Pierre Mbelu
Le Congo-Kinshasa reste, malgré tout, un pays passionnant. En connaître l’histoire est une merveille. Ce pays devrait avoir un destin particulier. Ses dignes filles et fils ne devraient pas tomber dans les pièges semblables à ceux tendus à Gorbatchev et à Boris Eltsine par « les maîtres du monde et ceux qui leur obéissent » au point de participer à la descente aux enfers de leur pays. Malgré la durée de la nuit. Ils doivent demeurer lucides et éviter l’amnésie collective dommageable.
Que certains de leurs compatriotes, tout d’un coup, fassent l’impasse sur notre histoire immédiate, sur notre mémoire collective et commencent à se livrer à des comparaisons aussi osées que celle du Congo-Kinshasa et les pays occidentaux tels que la Belgique, la France et les Etats-Unis, il devrait sûrement avoir des points à mettre sur les i.
Mettre les points sur les i
Un premier effort à déployer serait de passer en revue les propos tenus par leurs « gourous » -dont ils tolèrent très mal des remises en question- il n’y a pas si longtemps. Les vidéos existent.
Il ne sert à rien de passer sous silence « le lien national et transnational » entre « les maîtres du monde » et « leurs petites mains » au Nord ou au Sud du monde.
Un deuxième effort serait de leur rappeler ces pays cités sont ceux où, malgré tout, vivent encore Noam Chomsky, Juan Branco,Alain Badiou, Michel Collon, Philippe De Villiers, Bernard Lugan, Naomi Klein, Jean Ziegler, Jacques Généreux, Annie Lacroix-Riz, les gilets jaunes, etc.
Ils pourraient lire, ces compatriotes dont le fanatisme et le culte de la personnalité ne tolèrent aucune allusion à notre histoire réelle, « Aux origines du carcan européen (1900-1960). La France sous influence allemande et américaine » (de Lacroix-Riz), « Les 7 péchés d’ Hugo Chavez » (de Michel Collon) ou Bush, le cyclone (du même auteur), « Requiem pour le rêve américain » (de Noam Chomsky) ou « L’Occident terroriste. D’Hiroshima à la guerre des drones » (du même auteur et son complice Andre Vltchek), »La pensée enchaînée. Comment les droites laïques et religieuse se sont emparées de l’Amérique » (de Susan George) ou « Cette fois-ci en finir avec la démocratie. Rapport Lugano II » (du même auteur), « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » (de Philippe De Villiers) ou « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu » (du même auteur), « La déconnomie. Quand l’empire de la bêtise surpasse celui de l’argent » (de Jacques Généreux), « La théorie de la dictature » (de Michel Onfray), « De quoi Sarkozy est-il le nom » (d’Alain Badiou), « L’illusion du consensus » (de Chantal Mouffe), « L’ascension de Mobutu. Comment la Belgique et les USA ont installé une dictature » ( de Ludo De Witte), etc. Il n’est donc pas suffisant de comparer le Congo-Kinshasa et certains pays occidentaux sans aller jusqu’au bout de cette logique. Héritiers des « Lumières », plusieurs occidentaux osent encore user de leur entendement malgré les efforts déployés par « les oligarques d’argent » pour « coloniser les cerveaux ». Ces héritiers des « Lumières » considèrent cet héritage comme « un conquis » pour lequel ils sont prêts à payer « le crime de la pensée », c’est-à-dire « la mort ».
Etouffer l’esprit critique congolais ?
C’est vrai que « toutes les lumières ont leurs ombres » comme dirait Régis Debray. Et plusieurs de ces auteurs sont de bons critiques du colonialisme, du néocolonialisme et du fondamentalisme du marché. Donc, vouloir étouffer l’esprit critique congolais en balançant les photos des présidents occidentaux sur les réseaux sociaux en mettant entre parenthèse l’histoire de leurs pays et l’existence de la pensée critique en leur sein, c’est un peu trop court.
Après avoir collé les photos des présidents occidentaux sur les réseaux sociaux en les comparant aux « gourous congolais », on devrait aussi jeter un coup d’oeil sur la production culturelle et scientifique de leurs pays.
Avec un peu de discernement, se mettre à la véritable école de certains héritiers des « Lumières » aurait aidé le Congo-Kinshasa à mettre hors d’état d’agir les fanatiques, les thuriféraires et les applaudisseurs des « gourous » se moquant des contenus des livres tels que « La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » d’Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, « Quand le capitalisme perd la tête », « Le prix des inégalités », « Le triomphe de la cupidité » de Joseph Stiglitz, etc.
Il y a donc un troisième effort à déployer. Après avoir collé les photos des présidents occidentaux sur les réseaux sociaux en les comparant aux « gourous congolais », on devrait aussi jeter un coup d’oeil sur la production culturelle et scientifique de leurs pays. Surtout sur celle des « hérétiques de la pensée unique » et fervents critiques des « maîtres du monde et ceux qui leur obéissent ». (« Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur obéissent » est un livre écrit pas Jean Ziegler)
Il nous rappelle qu’il ne sert à rien de passer sous silence « le lien national et transnational » entre « les maîtres du monde » et « leurs petites mains » au Nord ou au Sud du monde.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
