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Rompre avec Berlin 1885

Rompre avec Berlin 1885

Rompre avec Berlin 1885 1250 703 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Le Kongo-Kinshasa irait de l’avant en se laissant inspirer par l’esprit du Mali.

Se rappeler que Berlin a eu lieu sans les Africains pour parler de l’Afrique et la subdiviser est nécessaire aux luttes citoyennes et souverainistes que mènent les Africains aujourd’hui pour sortir le continent de la soumission et de la vassalisation où il est plongé depuis cette Conférence. Les indépendances politiques des pays africains ont légué un héritage : une résistance contre l’ordre issu de Berlin. Assumer cet héritage, c’est transformer cette résistance en des actions mobilisatrices organisées en vue de la reprise de l’initiative historique dans tous les domaines de la vie en Afrique par des peuples et des Etats souverains appelés à produire des Etats fédéraux d’une Afrique unie. La réalisation de ce rêve panafricain, cher à Nkrumah, pourrait devenir, pour tous les panafricains, une raison de vivre et/ou de mourir

I. Un no man’s land

Pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement en Afrique en général et au Kongo-Kinshasa en particulier, il serait souhaitable de remonter jusqu’à la rencontre de Berlin de 1884-1885. Pourquoi ? Toutes les guerres dans lesquelles l’Afrique est engagée depuis cette époque tiennent à la maintenir sous l’esprit de Berlin.

Exploiter l’Afrique et le Kongo comme des terres sans maîtres est une constante depuis 1885 jusqu’à ce jour. Cette exploitation est le fait des globalistes apatrides soucieux de soumettre et de vassaliser à jamais l’Afrique en vue d’en faire un vaste continent sans Etats-nations dignes de ce nom.

Des pays occidentaux qui se sont rencontrés à Berlin et ont décidé de tracer arbitrairement les frontières entre les pays africains, sans solliciter leurs avis, en séparant les familles, les tribus et les ethnies ayant des liens de parenté évidents. Ces frontières ont été et sont toujours utilisées pour opposer les mêmes peuples en vue d’imposer à l’Afrique la politique du « diviser pour régner ». Des pays occidentaux et leurs multinationales ont profité de ces frontières pour se partager l’Afrique comme un gâteau et le Roi Léopold s’est emparé d’un gros morceau dénommé le Kongo.

Il en a fait à la fois sa propriété privée et un no man’s land, un simple réservoir des matières premières pour tous les pays présents au partage de Berlin. Exploiter l’Afrique et le Kongo comme des terres sans maîtres est une constante depuis 1885 jusqu’à ce jour. Cette exploitation est le fait des globalistes apatrides soucieux de soumettre et de vassaliser à jamais l’Afrique en vue d’en faire un vaste continent sans Etats-nations dignes de ce nom.

Elle réussit là où, avec des « kapita médaillés », des « négriers des temps modernes » et les autres compradores africains corrompus par les intérêts étrangers, toute résistance des dignes filles et fils de l’Afrique à la colonisation, au néocolonialisme et à l’expansion du capitalisme ensauvagé est réprimée.

II. Une résistance héritée

Petit à petit, cette résistance héritée des pères et des mères de l’indépendance s’organise. Des pays se mettent debout et désignent nommément les ennemis de l’Afrique et décident de rompre avec les règles imposées aux Africains à la Conférence de Berlin et essaient de s’assumer comme pays souverains, respectueux des principes -de la charte de l’ONU- de l’égale souveraineté, de la réciprocité entre les Etats, de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers et du droit des peuples à l’autodétermination.

Le Mali, le Burkina Faso, la République Centrafricaine, le Burundi et l’Algérie font partie de ces pays ayant compris que rompre avec Berlin est une nécessité pour le devenir souverain de l’Afrique et d’une Afrique forte de ses Etats-nations.

Le Mali, le Burkina Faso, la République Centrafricaine, le Burundi et l’Algérie font partie de ces pays ayant compris que rompre avec Berlin est une nécessité pour le devenir souverain de l’Afrique et d’une Afrique forte de ses Etats-nations.

Le Mali et le Burkina Faso ont réussi, tant bien que mal, après avoir renversé l’ordre néocolonial, à organiser des assises de la refondation de leurs Etats. Ils tentent de jeter les bases solides des Etats modernes respectés et respectables enracinés dans leur culture et protecteurs de leurs terres.

Ces deux pays sont en train de comprendre que si le changement des rapports de force dans les relations internationales dépend de la mobilisation des masses populaires éveillées et lucides, la reprise d’initiative dans l’orientation différente de la géopolitique, de la géoéconomique et de la géostratégie est une urgence.

L’esprit du Mali

Le Kongo-Kinshasa irait de l’avant en se laissant inspirer par l’esprit du Mali. En ce moment où il se mobilise comme un seul homme pour mettre fin à la guerre raciste de prédation et de basse intensité qui lui est menée par les globalistes apatrides instrumentalisant les pays voisins et ses propres enfants, il recréerait sa cohésion interne en organisant ses assises refondatrices et en s’inscrivant dans la lignée de la Conférence Nationale Souveraine, qui, en principe, devrait être « une affaire à suivre ».

Le Kongo-Kinshasa irait de l’avant en se laissant inspirer par l’esprit du Mali, il recréerait ainsi sa cohésion interne en organisant ses assises refondatrices et en s’inscrivant dans la lignée de la Conférence Nationale Souveraine, qui, en principe, devrait être « une affaire à suivre ».

Ces assises seraient le lieu le mieux indiqué pour qu’il rompre officiellement avec l’ordre issu de la Conférence de Berlin en renonçant à tout esprit de soumission et de vassalisation. Car, ce changement réel de paradigme est indispensable à son devenir souverain.

Il pourrait, alors, s’associer aux pays l’ayant précédée sur cette voie pour travailler à la réalisation des Etats fédéraux d’une Afrique unie.

Pour conclure : le véritable changement de paradigme

Donc, à mon avis, le véritable changement de paradigme au coeur de l’Afrique est une question de la reprise de l’initiative historique en brisant les verrous de la soumission et de la vassalisation, en diversifiant librement le partenariat stratégique et en s’engageant sur une voie alternative à la globalisation apatride du marché tout en rejoignant les Etats-civilisations soucieux de promouvoir « une mondialité » multipolaire.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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