Par Jean-Pierre Mbelu
« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire » – Michaëlle Jean
Le débat sur l’érection de Minembwe en commune rurale vient rappeler que perdre le fil de l’histoire peut être mortel pour le devenir collectif de tout un peuple. Comment un ex-milicien de l’APR/FPR ayant été à la tête d’une fausse rébellion congolaise peut-il prétendre, plus de vingt ans après, qu’il n’a pas l’habitude de mentir. A-t-il avoué, à la création du RCD/Goma par l’APR/FPR de Paul Kagame, qu’il était son « Cheval de Troie » comme bien d’autres membres de l’ AFDL/PPRD/CNDP/M23, etc. ? Non. Il ment aux Congolais et à sa clientèle depuis plus de deux décennies. Dieu merci ! Le temps que ce mensonge a pris à être propagé n’a pas pu le transformer en vérité pour plusieurs Congolais éveillés. Cela d’autant plus qu’il y a eu des défections et des « confidences » faites par les ex-membres du RCD/Goma.
Lorsqu’au cours dudit débat, Muhindo Nzangi apporte des éléments de preuves indiquant que Ruberwa a planifié et programmé l’érection de Minembwe en commune rurale, qu’il a tout fait pour intimider les communautés locales en se rendant à Minembwe en compagnie des militaires et des diplomates, il enfonce une porte ouverte. Néanmoins, il ne va pas très loin en besogne.
L’occupation du Congo-Kinshasa par les proxys des anglo-saxons
Qui est Ruberwa pour réaliser cet exploit ? Il est un sous-fifre de ceux qui ont fait semblant de l’accompagner comme « acteur apparent ». (Il n’est pas le véritable « acteur ». Il est « agité » dans son bon rôle de marionnette des firmes trans et multinationales et des grandes puissances menant leurs guerres secrètes en Afrique et dans les Grands Lacs Africains. Son orgueil et son arrogance s’expliquent, entre autres, par ce rôle qu’il joue.
Le fameux débat auquel Muhindo Nzangi a participé n’aura aucun sens s’il n’est pas accompagné d’une justice juste pouvant demander à Ruberwa de rendre compte des crimes que le RCD/Goma et l’APR/FPR ont commis au Congo-Kinshasa au cours de la planification et de la programmation de l’occupation de Minembwe.
Lorsque Muhindo Nzangi estiment qu’il y a des égarements historiques et des mensonges à corriger au niveau de « la caisse de résonance » de la kabilie dénommée abusivement assemblée nationale, il dit vrai. Mais il ne semble pas donner l’impression de comprendre que le premier grand égarement est d’avoir fait d’un infiltré de l’APR/FPR un « ministre de la décentralisation ». C’est-à-dire lui avoir offert l’opportunité de concrétiser ce qui avait été, depuis longtemps, planifié par cette branche de l’armée ougandaise au service de « l’impérialisme intelligent ».
Il y a trois ans, j’écrivais un article intitulé : « Faire de Ruberwa un ministre de la décentralisation est un acte de complicité ». Il exprimait cet égarement en le détaillant.
A mon avis, le fameux débat auquel Muhindo Nzangi a participé n’aura aucun sens s’il n’est pas accompagné d’une justice juste pouvant demander à Ruberwa de rendre compte des crimes que le RCD/Goma et l’APR/FPR ont commis au Congo-Kinshasa au cours de la planification et de la programmation de l’occupation de Minembwe. En fait, le véritable débat serait celui organisé autour de l’occupation du Congo-Kinshasa par les proxys des anglo-saxons en vue de s’emparer de ses terres après les avoir dépeuplées en participant au « génocide congolais ». Tel est le débat évité.
Pour en savoir un peu plus sur l’usage du mensonge au cours de la guerre menée contre les congolais
Donc, la planification et la programmation de l’occupation de Minembwe participe de l’occupation du Congo-Kinshasa au cours d’une guerre raciste perpétuelle de prédation et de basse intensité à laquelle l’AFDL/RCD/PPRD/CNDP/M23 ont pris une part active en engageant le pays dans un processus politique vicié et vicieux qu’il peine à déboulonner jusqu’à ce jour. La caravane ayant accompagné Ruberwa à Minembwe est une preuve que les commanditaires de cette guerre n’y ont pas du tout renoncé malgré les objectifs déjà atteints : la désarticulation culturelle et l’appauvrissement anthropologique, la fuite des cerveaux, le pillage des ressources, l’évasion fiscale, l’imposition des syndromes de Stockholm et du larbin, la néocolonisation du pays par des proxys interposés, etc.
La planification et la programmation de l’occupation de Minembwe participe de l’occupation du Congo-Kinshasa au cours d’une guerre raciste perpétuelle de prédation et de basse intensité à laquelle l’AFDL/RCD/PPRD/CNDP/M23 ont pris une part active en engageant le pays dans un processus politique vicié et vicieux qu’il peine à déboulonner jusqu’à ce jour.
Dans ce contexte, il me semble qu’une relecture du Rapport Mapping par un nombre important de compatriotes devient un atout majeur. Elle permet aux plus jeunes de connaître leur histoire récente et le rôle nocif joué par « le réseau d’élite de prédation » auquel Ruberwa appartient.
La relecture du Rapport Mapping peut servir de prétexte et pousser les compatriotes à chercher à en savoir un peu plus sur l’usage du mensonge au cours de la guerre raciste perpétuelle de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa en se documentant, en lisant certains auteurs et certains livres. Au sujet de l’usage du mensonge (de la roublardise et de la ruse) par l’APR/FPR et ses clients, ils pourraient lire, à titre illustratif, « Noirs fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994 » de Pierre Péan (2005) et « Rwanda. L’éloge du sang » de Judi Rever (2020). Ils se rendraient compte que Muhindo Nzangi sait très bien à qui il a affaire.
Pour revenir au débat sur l’érection de Minembwe en commune rurale, je dirai qu’il présente un petit avantage. Il a un petit côté rationnel. Les arguments de Muhindo Nzangi ou de l’un ou l’autre compatriotes sont fondés sur des faits et des documents (historiques). Face à ces arguments, Ruberwa a montré qu’il est trop faible. Ses mensonges n’ont pas résisté face aux faits. On comprend pourquoi Ruberwa et ses compères ont très peur de l’ouverture de l’espace public au débat rationnel et de la création d’un Tribunal Pénal pour le Congo-Kinshasa. Ils savent, eux et leurs parrains, qu’un tel Tribunal pourrait en faire des prisonniers à vie.
Le démontage des mensonges de Ruberwa…
La fameuse « assemblée nationale » aurait gagné un minimum de crédibilité si elle établissait le lien entre l’interpellation de Ruberwa et l’appel des Congolais à l’érection d’un Tribunal Pénal International pouvant juger les crimes documentés par le Rapport Mapping ; crimes à la commission desquels le RCD/Goma de Ruberwa a participé.
Le démontage des mensonges de Ruberwa dit la fragilité de « la politique » conçue comme « mensonge », comme « tshididi ». Elle ne résiste pas au temps long et à la rationalité (non corrompue). Ce démontage exprime, plus profondément, la crise de sens devenue une débâcle dans laquelle le Congo-Kinshasa est plongé et faisant que les mots y perdent leur sens (noble).
Là, je rêve ! Cette « caisse de résonance » de la kabilie n’a pas cela dans ses prérogatives. N’empêche qu’elle vienne, paradoxalement, de prouver que les mensonges du « tout-puissant » Ruberwa peuvent être décriés sur la place publique.Mais pour quoi faire ? Peut-être, pour les éveillés, afin qu’ils ne puissent pas (ou plus) « dé-voir » ce qu’ils viennent ont déjà vue et qu’ils viennent de « re-voir ». Même s’il y a encore mieux à faire…
Si les humains congolais, dans leur immense majorité apprenaient de l’histoire, ils comprendraient que le démontage des mensonges de Ruberwa par Muhindo Nzangi peut être un signe. Il signifie que rien de beau, de bon, de vrai, de noble ne peut se construire sur le mensonge. Il signifie qu’il n’y a que la vérité qui libère. Il signifie que le mensonge peut être propagé rapidement en empruntant « l’ascenseur » et que la vérité ayant choisi « les escaliers » finit par triompher. A condition qu’il y ait des relayeurs attachés aux faits et ayant à la fois de bonnes sources et une bonne documentation.
Le démontage des mensonges de Ruberwa dit la fragilité de « la politique » conçue comme « mensonge », comme « tshididi ». Elle ne résiste pas au temps long et à la rationalité (non corrompue). Ce démontage exprime, plus profondément, la crise de sens devenue une débâcle dans laquelle le Congo-Kinshasa est plongé et faisant que les mots y perdent leur sens (noble). D’où la nécessité de les revisiter comme « Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences » y procède déjà en 2017. En effet, il y a un désapprentissage culturel et socio-politique auquel il faut procéder pour remettre plusieurs cerveaux congolais à l’endroit. Un long et périlleux boulot…Oui. « Les grands changements, disait Luciano Canfora, sont moléculaires, imperceptibles »…
Babanya Kabudi