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Protéger les terres kongolaises sérieusement menacées

Protéger les terres kongolaises sérieusement menacées

Protéger les terres kongolaises sérieusement menacées 1440 960 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Likambo oyo ezali, likambo ya mabele… »

La guerre ne se passe pas qu’à l’Est du pays. Elle est multiforme. Elle est dans le grand Bandundu et dans le Kongo centrale, pour ne prendre que ces deux coins du pays. Les plateaux des Bateke sont atteints. Les terres kongolaises sont partout attaquées. Les Kongolais(es) devraient en être dépossédé(es) sur le court, moyen et long terme. Les politicards kongolais, à quelques exceptions près, acceptent ce marché. Plusieurs ONGs et organismes dits « internationaux » y sont impliqués et sérieusement. Les populations kongolaises, dans certains coins du pays, commencent à y être sensibles. Les propositions qui leur sont faites éveillent leur attention. Pourtant, les terres kongolaises sont ancestrales. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Les terres kongolaises ancestrales et les propositions d’emphythéose

Les terres kongolaises sont généralement ancestrales. Elles se transmettent de génération en génération sans document officiel. Dans les villages kongolais, tous les habitants savent, généralement, où se trouvent leurs terres familiales, claniques. Ils n’ont pas besoin de prouver cela en brandissant des documents administratifs. Tout le monde connaît tout le monde. Les chefs des groupements et des villages gèrent naturellement cette question de génération en génération.

L’accaparement des terres kongolaises directement ou sur le moyen et long terme par des puissances étrangères est la cause majeure de la guerre raciste de prédation et de basse intensité que connaît le pays. Au final, les Kongolais(es) devraient se retrouver sans terres dans un pays qui est censé être le leur. Ils (elles) devraient devenir des étrangers et des étrangères sur leur propre sol ancestral.

Depuis le début de la guerre de l’AFDL, les terres kongolaises sont convoitées et sont en train d’être vendues aux plus offrants. La modification de la loi Bakajika stipulant que le sol et le sous-sol kongolais appartiennent aux peuple kongolais est en train de produire des effets catastrophiques au pays de Lumumba. Pour avoir fait de ces terres la propriété d’un « Etat-raté-manqué », les initiateurs de cette guerre de dépossession des terres kongolaises sont en train de s’en emparer loin des caméras.. La guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée au pays sert à cela sur toute l’étendue du territoire et pas seulement à l’Est.

Tenez. Plusieurs propositions d’emphytéose sont faites aux compatriotes de plusieurs coins de notre pays afin qu’ils acceptent d’avoir des documents officiels leur permettant de gérer et/ou de vendre leurs terres ancestrales pour 25 ans ou plus. La nature des ONGs ou des organismes « internationaux » impliqués dans ce commerce fait craindre le pire à venir. Pourquoi, ces organismes qui n’ont jamais aidé un pays à se développer à travers le monde participent-ils à ce marché ?

Donc, il serait tentant de confirmer que l’accaparement des terres kongolaises directement ou sur le moyen et long terme par des puissances étrangères est la cause majeure de la guerre raciste de prédation et de basse intensité que connaît le pays. Au final, les Kongolais(es) devraient se retrouver sans terres dans un pays qui est censé être le leur. Ils (elles) devraient devenir des étrangers et des étrangères sur leur propre sol ancestral.

Théâtralisation politique et dépossession des terres

La réussite de ce funeste dessein est en grande partie liée à la théâtralisation de la politique-os par les agents des dépossesseurs tapis dans les institutions-manquées kongolaises.

Les institutions-manquées kongolaises dysfonctionnent de telle façon que leur gestion calamiteuse du pays réduise leurs compatriotes à la recherche quotidienne des réponses aux questions liées à la nécessité (manger, boire, se vêtir, avoir un toit, scolariser ses enfants, etc.) afin qu’ils oublient cette question existentielle : être dépossédés de leurs terres.

Elles dysfonctionnent de telle façon que leur gestion calamiteuse du pays réduise leurs compatriotes à la recherche quotidienne des réponses aux questions liées à la nécessité (manger, boire, se vêtir, avoir un toit, scolariser ses enfants, etc.) afin qu’ils oublient cette question existentielle : être dépossédés de leurs terres.

En fait, la question va au-delà de celle de la balkanisation et de l’implosion du pays. Les concessions au sujet de la souveraineté du pays dans le respect de ses frontières héritées de la colonisation peuvent cacher l’accaparement des terres de l’intérieur. Les Kongolais(es) pourraient se retrouver sur leurs terres vendues. Ils (elles) pourraient vivre sur des terres vendues à l’intérieur des frontières hérités de la colonisation.

Que faire ?

Que faire ? Revenir à la loi Bakajika. C’est-à-dire avoir une loi foncière claire reconnaissant que le sol et le sous-sol kongolais appartiennent  »au peuple d’abord » et s’organiser à partir des communautés kongolaises de base pour que cela soit acquis et le plus tôt.

Que faire ? Revenir à la loi Bakajika. C’est-à-dire avoir une loi foncière claire reconnaissant que le sol et le sous-sol kongolais appartiennent  »au peuple d’abord » et s’organiser à partir des communautés kongolaises de base pour que cela soit acquis et le plus tôt.

La guerre est encore très longue…S’organiser courageusement en conscience et en connaissance de cause est une question existentielle.

Ceci signifie que la connaissance de l’enjeu-terre et la recherche courageuse et patriotique, sur le court, moyen et long terme, des réponses efficaces à y apporter devrait, en conscience, mobiliser tous les corps des métiers kongolais, à commencer par la base. Cette tâche incombe prioritairement aux minorités éveillées, toutes tendances confondues.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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