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Guerre permanente & accaparement violent des ressources congolaises au profit des multinationales : Pourquoi il n’y a pas de processus politique au Congo

Guerre permanente & accaparement violent des ressources congolaises au profit des multinationales : Pourquoi il n’y a pas de processus politique au Congo

Guerre permanente & accaparement violent des ressources congolaises au profit des multinationales : Pourquoi il n’y a pas de processus politique au Congo 500 374 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte l’importance du mois de janvier au Congo et pour les congolais, expose les bandits et gangsters qui se font passer pour des politiques, montre comment souligne comment le problème du Congo est celui d’une prise d’otage d’un pays, décortique les mécanismes de paupérisation des congolais et ses conséquences, et explique pourquoi il nous est nécessaire de connaître le mode de fonctionnement des nos agresseurs.

Sur le mois de janvier au Congo

Souvenons que le 4 janvier 1959, des congolais se sont mis debout au hasard des circonstances, bien sûr mais ils devaient participer à un meeting de l’ABACO et avec un groupe de compatriotes revenus d’une conférence panafricaine à Accra. Le fait que les congolais se soient mis debout en cette date là a rendu possible l’indépendance qui a suivi en 1960.
Le mois de janvier est plein d’anniversaires de nos martyrs. Il y a eu les martyrs du 4 janvier donc.
Vous savez aussi que Lumumba et ses amis ont été assassinés le 17 janvier 1961. Laurent Désiré Kabila a été assassiné le 16 janvier 2001. Nos jeunes qui se sont levés à Kinshasa pour protester contre les efforts de modification de la constitution ont été tués le 19,20 et 21 janvier 2015.
Janvier est un mois qui nous invite à beaucoup d’attention et il risque d’être plein de tensions. Nous ne sommes pas dans un processus politique. Nous sommes dans un processus politico-mafieux et il y a beaucoup d’indices qui indiquent ce processus politico-mafieux voudrait s’imposer contre la volonté de la majorité des congolais. Il y a tellement de manipulations, tellement d’argent qui circule que plusieurs d’entre nous risque d’être déroutés, plusieurs d’entre nous risque de croire à un processus politique qui n’en est pas un.

Sur le groupe de gangsters et de bandits au Congo

Le problème n’est pas celui du glissement. Le problème au Congo, c’est la prise en otage du pays par un groupe de gangsters et de bandits. Il y a, au Congo, un groupe de bandits et de gangsters qui s’est réparti le travail et dont les membres sont dans l’armée, dans l’administration, dans les partis politiques et à l’assemblée nationale. Et ce travail est fondé sur l’accaparement violent des biens et des ressources du Congo. Ce groupe de bandits et de gangsters s’organise pour se partager l’argent qu’ils récoltent de cette organisation mafieuse qui permet l’exploitation abusive des ressources congolaises par les entreprises transnationales qui, aujourd’hui, sont en train de prendre le pouvoir à travers le monde entier.
Nous devons collectivement arriver à faire une lecture qui aide nos populations à comprendre que ce dont il est question, ce n’est pas un processus politique mais d’un accaparement violent et d’une guerre permanente qui servent les intérêts des entreprises transnationales, facilités par un groupe de gangsters. L’un de ces chefs de gangsters, au Congo, c’est Joseph Kabila.

Sur les enjeux auxquels le Congo fait face

Le Congo se situe dans un climat de génocide. Le pays est en train de devenir un foyer d’intégrisme djihadiste. Le pays est dans un processus très avancé de balkanisation. Voilà les 3 grands défis, entre autres, devant lesquels le pays est placé aujourd’hui.
Nous parler constamment des questions liées à l’organisation d’élections qui ne nous permettent pas d’avoir nos yeux ouverts sur ces défis essentiels, c’est une façon de distraire la population. Au Congo, nos populations sont prises en otage du point de vue informationnel. Elles ne sont pas très ouvertes sur les questions épineuses du moment.

Sur la déclaration et l’implication des évêques de Bukavu dans la crise congolaise

Les évêques en tant qu’Eglise au milieu du village, ont entrepris une démarche que l’on peut saluer. Ils ont essayé d’écouter les acteurs, visibles ou apparents de ce qui est en train de se passer. Mais nos pères, les évêques devraient se rapprocher davantage de nos populations. C’est échangeant un peu avec nos populations de la base dont ils connaissent les souffrances qu’ils pourront les aider par l’éducation civique et citoyenne, à pouvoir comprendre les enjeux afin de mieux se prendre en charge.
Les évêques ne font pas que dénoncer, ils en viennent aux faits pour que les faits soient connus.
Depuis les années 1990, nous sommes dans une même guerre qui n’a jamais pris fin. Nous devons nous rendre à l’évidence que ceux qui nous font la guerre, depuis 1996, n’ont pas baissé les bras. Ce qu’ils s’étaient fixés comme objectifs, ils continuent à pouvoir les rechercher malgré le fait que ce sont les mêmes qui voudraient se présenter, à certains moments, aux plus naïfs d’entre nous, comme étant des pompiers. Comment rompre avec ces pyromanes et recréer des collectifs citoyens qui aujourd’hui, à partir de ces analyses, essaient, avec beaucoup d’autres femmes et hommes de bonne volonté, de pouvoir endiguer ce génocide congolais ?

Sur la nécessité de connaître le mode de fonctionnement des nos agresseurs

Nous devons nous habituer à connaître ceux qui sont en face de nous, et qui nous font la guerre, et leur capacité de mobilisation sur plusieurs années. Quand ils ont voulu détruire l’URSS, ils ont commencé la guerre en 1940-1945 et l’URSS est tombé en 1991. Et maintenant, ils recommencent avec la Russie. C’est là leur spécificité. Comment font-ils pour sauvegarder leurs intérêts ? Ils sont capables de se mobiliser et de mobiliser leurs vassaux ou leurs proxys pendant plus de 50 ans. Tant que la balkanisation réelle du Congo ne sera pas opérée, ils vont continuer à pousser leurs proxys pour que cela devienne effectif. Donc, en tant que congolais, nous devons pouvoir être attentifs à cette dimension là.
Nous devons être capables de travailler ensemble à travers des collectifs citoyens au-delà de l’esprit partisan de confrontation et d’affrontement, sur le court, moyen et long terme, en ayant présent à l’esprit, les acteurs, leurs objectifs, leurs mode opératoire, les stratégies et les méthodes auxquelles ils ont recours.Si nous nous contentons de parler de démocratie et du respect des droits de l’homme pendant que eux s’organisent avec SOCO ou d’autres multinationales à pouvoir tuer et chasser nos populations de leurs villes et villages à travers les bandits et les gangsters, dans l’armée interposée, nous risquons de ne pas aborder les véritables enjeux de ce qui se passe au Congo depuis les années 1990.

Sur la ruse

Le dialogue est une illusion. On est en train d’illusionner les congolais en voulant nous pousser à croire qu’il y a de politique qui se fait. Ce théâtre fait partie du principe de la ruse auquel recourent ceux qui ont décidé de génocider les congolais, balkaniser leur pays et faire main basse sur ses matières premières stratégiques. Ils se servent de certains bandits pour théâtraliser la politique. Mais comme certains patriotes aiment bien la politique, ils ne comprennent pas ou font semblant de ne pas comprendre qu’ils sont en plein dans la distraction. On détourne l’attention des congolais des questions essentielles pour les attacher à un théâtre de mauvais goût.
Quand aujourd’hui, on adopte les manières des rusés et qu’on ne sait plus respecter la parole donnée, on ne doit pas accuser l’oralité. Ce sont les mécanismes de la ruse qui doivent être démontés.

Sur la paupérisation des congolais et ses conséquences

Nous sommes dans un processus de paupérisation. Une bonne partie de nos masses populaires a été paupérisée. Nos populations sont chassées de leurs villages là où ils avaient leur champs ou jardin, là où ils pouvaient se nourrir à moindre frais. Ils vont en ville pour mourir pour dépendre des leurs qui sont députés, enseignants, etc… La mendicité forcée, la paupérisation, l’imbécilisation sont des antivaleurs liées au processus qui conduit à la négation de la dignité de l’homme et de la femme congolaise. Pour nier leur dignité, on prive les congolais de minimum vital garanti, on les appauvrit et on les transforme en mendiants. Alors quand on les tue, ce n’est pas grave, vu que ce sont des gens indignes. Il s’agit d’un processus de transformation de nos populations en indigents pour que leurs assassinats et les génocides contre eux ne créent pas de cas de conscience. Si nous ne parvenons pas à maîtriser ces processus pour y mettre fin, le Congo va aller aux enfers.

Sur le documentaire « Virunga »

Quand vous suivez le documentaire Virunga et que vous lisez le texte publié par Global Witness intitulé « Une société britannique a financé des soldats accusés de corruption et de violence lors de sa quête pétrolière dans le plus vieux parc national d’Afrique », vous comprenez davantage que ce qui se passe au Congo est un processus commencé vers les années 1990 et même plus avant, nous pouvons remonter jusqu’à 1885.

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