Par Jean-Pierre Mbelu
Lire, étudier et s’adonner à l’apprentissage en commun dans les collectifs citoyens, cela peut contribuer à former et à entretenir la vigilance politique des masses populaires. Cette tâche assumée par les intellectuels structurants et organiques participe de l’avènement de la démocratie populaire. Celle-ci est différente de »la démocratie mensongère », cette fausse politique menée par une caste d’embourgeoisés dominés par »les nouveaux cercles de pouvoir mondialistes » et par leur ventre. Elle est faite de ruse, d’arrangements entre copains et coquins, des coups-bas orchestrés par une minorité travaillant contre les intérêts des masses populaires.
Ces embourgeoisés, amoureux fous des costumes et cravates ont sombré dans l’apolitisme dans la mesure où »leur démocratie mensongère » ne participe pas de l’avènement du sens au niveau local et national. Oui. Faire de la politique, c’est aussi cela. C’est-à-dire participer en paroles et en actes à la création d’une cité sensée où la recherche du bonheur collectif mobilise les cœurs et les esprits.
Un faux processus politique dénommé « naissance de la jeune démocratie congolaise »
Le repli sur soi opéré par cette infime minorité d’embourgeoisés dominée trahi l’essence de leur lutte:travestir la politique au profit de leur esclavage volontaire. Elle est capable, dans un pays de plus de 60.000.000 d’habitants, d’organiser « un huis clos » pour un dialogue dénommé « inclusif » et ‘ »national ». Que signifie ici « inclusif » ? Ce qualificatif, dans leur entendement, signifie retrouvailles entre copains et coquins dispersés à travers plusieurs faux partis politiques au cours d’un faux processus politique dénommé »naissance de la jeune démocratie congolaise ». Ces retrouvailles théâtralisées se font sur fond d’un agenda connu à l’avance.
Cet agenda s’exécute dans les coulisses de leur »huis clos » où ils sont marqués à la culotte par »leurs parrains », »petites mains de nouveaux cercles de pouvoir mondialistes ». Tout se passe à »huis clos », dans les coulisses, autour d’un agenda caché aux millions des Congolais(es). Dans ces coulisses, ils se saluent, se congratulent, rigolent et chantent »bayeba te eee, maman bayeba te… » (Que les masses ne sachent pas ce que nous tramons dans leur dos.) Leurs décisions obscures et obscurantistes sont prises loin des masses populaires privées de courant électrique ainsi que de l’accès aux médias alternatifs. Entretenir l’ignorance de leurs coups tordus les sert énormément.
Les embourgeoisés dominés dominent en brouillant les mots, en pratiquant le »bayeba te… ». (Qu’ils ne sachent pas…). Echapper à ce mode opératoire exige que les masses populaires »bayeba » (sachent). Savoir, comprendre constitue ici un pas important dans la lutte contre cette classe des embourgeoisés Savoir en conscience est indispensable.
Que signifie »national » ? Ce sont eux, dans leur »huis clos » et à travers les efforts qu’ils conjuguent pour se reproduire de père en fille ou fils (et leur clientèle) pour qu’à jamais la nation congolaise s’identifie à eux. Nous le remarquons. Dans cet apolitisme, les mots sont utilisés à tort et à travers. Il y en a qui perdent leur sens. Il y en a d’autres qu’il faut questionner pour en percevoir un minimum sens dans ce contexte de »la démocratie mensongère ».
Les embourgeoisés dominés dominent en brouillant les mots, en pratiquant le »bayeba te… ». (Qu’ils ne sachent pas…). Echapper à ce mode opératoire exige que les masses populaires »bayeba » (sachent). Savoir, comprendre constitue ici un pas important dans la lutte contre cette classe des embourgeoisés Savoir en conscience est indispensable. Cela permet de disqualifier cette minorité, adepte des huis clos et des coulisses comme »acteurs politiques ». (Sur ce point, malgré certaines dérives, les NTIC jouent un rôle à ne pas négliger. Les livres jouent un très grand rôle.)
JOKA n’a jamais reçu un quelconque mandat des Congolais
Les embourgeoisés dominés dominent là où ils effacent l’histoire et imposent un faux processus politique ahistorique. L’effacement de l’histoire (et de la mémoire collective) les aide à demeurer les interlocuteurs des masses de leurs applaudisseurs. Ils tordent le coup à l’histoire telle qu’elle est écrite par les intellectuels organiques et structurants pour en imposer une lecture officielle ; celle qu’ils partagent avec leurs parrains, ces »petites mains des nouveaux cercles de pouvoir mondialistes ». Prenons le cas du débat actuel autour du »dialogue », du »glissement » ou d’un troisième »mandat » de JOKA.
D’où vient JOKA (Joseph Kabila) ? Comment se retrouve-t-i là où il est ? Qui l’a propulsé ? Qui sert-il ? Quels sont les intérêts qu’il sert ? D’où vient la légitimité de »son mandat » ? D’où tire-t-il cette légitimité ? A première vue, il semble que les réponses à toutes ces questions sont simples. La question est de savoir si un lobbying est mené auprès des masses populaires afin que ces réponses simples soient partagées et qu’elles éveillent leur conscience.
JOKA est un soldat de l’APR infiltré au Congo-Kinshasa quand les armées rwandaises, ougandaises et burundaises ont accompagné quelques aventuriers congolais pour permettre aux multinationales anglo-saxonnes, méprisant la vie humaine et cherchant à balkaniser le pays, de faire mains basse sur les ressources du sol et du sous-sol congolais. Pour qu’il se retrouve là où il est, il a bénéficié de la complicité de Paul Kagame et de Kaguta Museveni, chiens de garde des intérêts anglo-saxons dans les Grands Lacs. Un lobby occidental l’a soutenu au travers des élections bidons pour vendre son image de »démocrate ».
D’où vient JOKA (Joseph Kabila) ? Comment se retrouve-t-i là où il est ? Qui l’a propulsé ? Qui sert-il ? Quels sont les intérêts qu’il sert ? D’où vient la légitimité de »son mandat » ? D’où tire-t-il cette légitimité ? A première vue, il semble que les réponses à toutes ces questions sont simples. La question est de savoir si un lobbying est mené auprès des masses populaires afin que ces réponses simples soient partagées et qu’elles éveillent leur conscience.
C’est de ce lobby qu’il tient sa légitimité extravertie. Il n’a jamais reçu un quelconque mandat des Congolais(es). La preuve : il ne rencontre presque jamais les Congolais(es). Il ne leur rend pas des comptes. Il va régulièrement en Ouganda et au Rwanda pour prendre les ordres de ses mentors.
Quand les envoyés spéciaux de l’Occident se rendent au Congo-Kinshasa, ils vont le voir et échangent avec lui. Rappelons que l’une des conditions de son maintien là où il est au Congo-Kinshasa, c’est la bonne entente avec « le boucher des Congolais(es) », Paul Kagame. Il lui a été imposé d’éviter de poursuivre les démarches entreprises par Mzee Laurent Kabila pour que son mentor soit traduit en justice. (Relire Europe, Crime et censure au Congo. Les documents qui accusent de Charles Onana). Plusieurs embourgeoisés de »la démocratie mensongère » au Congo-Kinshasa doivent leur »carrière apolitique » au respect de cette loi du silence sur les crimes de Kagame au pays de Lumumba.
« Rome ne paie pas toujours les traîtres »
Cette histoire n’est pas étudiée à l’école au Congo-Kinshasa. Les jeunes, les masses populaires, les paysans, à quelques exceptions près, ne la connaissent pas. Ils connaissent l’histoire officielle des mandats constitutionnels. Les embourgeoisés dominés ne parlent que de cela. Il y a là un quiproquo qui risque d’entraver le respect de certains mots d’ordre donnés actuellement.
A quoi servirait-il par exemple de faire un sit-in devant un bureau de la CENI alors que JOKA n’a jamais été élu par les Congolais(es) ? Faire croire aux Congolais(es) qu’ils ont confié un mandat électoral de dix ans à JOKA, c’est un mensonge ; c’est une falsification de l’histoire. Sera-t-il possible de construire un avenir serein sur fond d’une histoire falsifiée ? Nous ne croyons pas. A ce point nommé, le pays récolte un lointain fruit amer d’une question restée sans réponse : la mise sur pied d’une Commission Justice, Vérité et Réconciliation avant que l’occupation et la domination du pays ne se corsent.
Les embourgeoisés dominés risquent de dominer, pendant un temps difficile à estimer, les Congolais(es), tant que les intérêts à défendre au Congo-Kinshasa ne seront pas définis ou redéfinis avec les masses populaires afin d’avoir avec elles un minimum de consensus fondant la lutte et le risque pour le sacrifice suprême.
Les embourgeoisés dominés risquent de dominer, pendant un temps difficile à estimer, les Congolais(es), tant que ce savoir historique conservé dans les archives par le Corps de Gardiens de la Mémoire Collective Congolaise ne pourra pas être la chose la mieux partagée au niveau des communes populaires et des collectifs citoyens. Mais aussi tant que les intérêts à défendre au Congo-Kinshasa ne seront pas définis ou redéfinis avec les masses populaires afin d’avoir avec elles un minimum de consensus fondant la lutte et le risque pour le sacrifice suprême. Rappeler à temps et à contretemps que ces intérêts sont (d’abord et avant tout) les terres, les eaux, les forêts, la réhabilitation de l’histoire et de la dignité de la femme et de l’homme congolais et en discuter avec ces masses, cela est indispensable. Leur dire que c’est d’abord et avant tout au nom de ces intérêts que l’homme et la femme congolais sont méprisés et génocidés.
Des actions portant de beaux et de bons fruits sont fondées sur une idéologie claire et une bonne maîtrise de l’histoire. Celles-ci, quand elles sont portées par une organisation avant-gardiste, finissent par faire en sorte que « les derniers soient les premiers ». Dieu merci! La Résistance congolaise n’ a pas encore dit son dernier mot. Ses fronts se dressent de plus en plus. Les embourgeoisés dominés n’auront pas le dernier mot. C’est vrai. Ils jouent le tout pour le tout. Ils savent que plusieurs d’entre eux sont des criminels économiques, des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité. Ils bénéficient encore du soutien de « l’empire en déclin ». Ils oublient que « Rome ne paie pas toujours les traîtres ».
Mbelu Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
Membre du Corps de Gardiens de la Mémoire Collective Congolaise