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ONGs, des droits de l’homme et démocratie au Congo : Quand la distraction et le blabla d’Obama ne parviennent plus à cacher la poursuite de la guerre

ONGs, des droits de l’homme et démocratie au Congo : Quand la distraction et le blabla d’Obama ne parviennent plus à cacher la poursuite de la guerre

ONGs, des droits de l’homme et démocratie au Congo : Quand la distraction et le blabla d’Obama ne parviennent plus à cacher la poursuite de la guerre 655 427 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte la distraction autour des enjeux de la démocratie et des droits de l’homme au Congo, interroge le rôle et l’efficacité des ONG en RDC, rappelle comment la guerre se poursuit et explique pourquoi les déclarations de Barack Obama et le contenu des échanges qu’il a eu avec Kabila ne sont que du bluff.

Sur la commission nationale des droits de l’homme et la démocratie au Congo

De quelle démocratie parle-t-on au Congo ? Le Congo-Kinshasa n’est pas une démocratie, c’est un Etat raté. Quand on se réveille un matin et on met en place une institution (la commission nationale des droits de l’homme) en disant qu’elle vient en appui à la démocratie, on prouve qu’on n’a rien compris à ce qui est en train de se passer au Congo.
Quand le Congo aura-t-il une commission ayant comme matière le droit des congolais à s’auto-déterminer ? La lutte que mènent différentes ONG des droits de l’homme, malgré certains efforts qu’ils déploient pour que la dignité de l’homme congolais puisse être respectée, va à l’encontre de la lutte que nous devrions mener de concert pour le droit des congolais à leur auto-détermination.
La lutte pour les droits de l’homme a son pesant d’or, mais à un certain moment, elle constitue une distraction. Il y a tellement de focalisation sur les droits de l’homme qu’on n’oublie que si les peuples ne s’autodéterminent pas eux-mêmes, il leur sera difficile de pouvoir faire respecter leurs droits et leurs libertés.
Qui finance toutes ces ONG des droits de l’homme? Ce sont des agences de sédition instrumentalisées par les grandes puissances. Quelque part, la lutte que mènent les ONGs de droits de homme est une lutte contrôlée de l’intérieur, c’est une lutte orientée de l’intérieur. Parce qu’on ne peut pas uniquement pour les droits de l’homme dans un pays qui n’a pas encore réussi depuis les années 1960 à s’autodéterminer, à devenir un Etat souverain, politiquement, économiquement, culturellement et même spirituellement.

Sur l’efficacité des ONG des droits de l’homme

Quelle est la véritable efficacité de toutes ces ONG des droits de l’homme au Congo ?
A la publication du rapport Mapping, il a été convenu qu’on mette sur place, des chambres mixtes pour pouvoir juger, les crimes commis au Congo depuis 2001. Si les ONGs des droits de l’homme avaient été efficaces, nous aurions déjà vu ces chambres mixtes, mises en place au Congo. Il n’en est rien.
Il y a une tendance qui se dégage, c’est le commentaire des ONG quand tel ou tel droit a été violé, mais ces ONGs des droits de l’homme semblent oublier, dans leur immense majorité, que le Congo est dans un processus de déshumanisation et que ce pays n’ira pas de l’avant tant que la justice et la vérité n’auront pas été faites sur la guerre que connaît le Congo depuis les année 1996/97.
Nous devons opérer une rupture qui nous aide à mettre tout à plat et à travailler pour qu’il y ait justice. Pour que les victimes des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes économiques puissent être indemnisées.
Mais si les choses continuent ainsi, l’avenir du Congo sera bouché.
Si on ne revient pas sur les questions essentielles (Pourquoi il y a-t-il eu guerre dans ce pays ? Qui ont été les commanditaires de cette guerre ? Pourquoi jusqu’à ce jour ceux qui ont été impliqués dans cette guerre n’ont pas encore été jugés ?), le Congo-Kinshasa va poursuivre sa descente dans le gouffre sans fond dans lequel il se retrouve aujourd’hui.

Sur la morte lente du peuple congolais

Le peuple congolais est chosifié, déstructuré, mentalement, moralement, socialement, économiquement et spirituellement, et n’a aucun saint à qui se vouer. Et pendant ce temps, on nous parle de droits de l’homme, on multiplie les commissions… Mais le peuple congolais est en train de mourir.
Il y a urgence qu’on puisse arrêter tout ce cinéma là.
On dénombre plus de 600 ONGs au Congo, est-ce normal ? Est-ce normal qu’un pays qui se veut souverain puisse fonctionner avec plus de 600 ONGs extraverties ? Qu’est-ce que l’extérieur poursuit en finançant les ONG au Congo ?
Le droit de l’hommisme est en train de devenir une distraction face aux questions de souveraineté que se posent certains Etats.

Sur l’inversion sémantique

Le régime kabiliste navigue à vue et veut distraire les congolais. On ne peut pas parler d’institutions d’appui à la démocratie, sans la démocratie. Où voyez-vous la démocratie au Congo ? Il n’y a pas de débat public, il n’y a pas de controverse, le peuple est sous-informé, le peuple ne jouit même pas de sa liberté à pouvoir penser par lui-même.
On devrait travailler d’arrache-pied pour pouvoir combattre de manière assidue, toute cette inversion sémantique. On parle de démocratie, on parle de liberté, on parle de ceci et de cela, alors que le Congo n’en veut pas. C’est un régime mortifère. Depuis que ce régime est là, il poursuit la guerre qui a été faite au Congo sous d’autres formes.
Nous sommes dans un processus vicié et vicieux, et nous nous y conformons. On tombe dans l’inversion sémantique, alors que nous devrions davantage travailler à redonner leur sens aux mots.
Dans un Etat manqué, la justice n’existe pas. Le signe qu’il est un Etat manqué est qu’il est incapable de protéger ses propres populations contre la violence. Et il provoque lui-même la violence contre sa propre population.
Nous sommes dans une inversion sémantique et dans une inversion de valeurs qui ne dit pas son nom. Comment est-ce que des gens normaux peuvent aller prêter serment devant un faussaire ? Et on appelle cela réalisme ? Non, c’est de la bêtise.

Sur l’entretien téléphonique entre Obama et Kabila

Il n’appartient pas à Barack Obama de dire aux congolais ce qu’ils doivent. Est-ce qu’un président africain peut appeler Obama pour lui dire ce qu’il doit faire ? Les Etats s’auto-déterminent. Obama ne peut pas aujourd’hui appeler Poutine pour lui dire comment il doit faire pour les russes. Le rapport des forces est une chose, mais il y a aussi le respect du droit international. Le Congo n’est pas un Etat fédéré américain.
Ce sont les anglo-saxons qui ont fait la guerre au Congo, qui ont détruit le Congo, qui ont chassé Mobutu et qui ont placé ceux qui sont venus après Mobutu. Voilà pourquoi ils leur sont redevables.
L’un des enjeux au Congo est que Kabila peut partir mais Africom va s’installer au Congo. Qu’est-ce que cherche Africom ? Africom cherche à contrôler les matières premières stratégiques, contrôler la pensée politique, économique et culturelle des congolais à partir des agences de sédition installées au Congo de façon que ce pays se transforme de plus en plus en un marché autorégulé et que l’Afrique, à partir du Congo n’arrive pas à constituer une grande unité et que, ce que les amis, partenaires et maîtres de Barack Obama estiment être les ennemis n’aient pas accès aux matières premières stratégiques.
Donc ne vous leurrez pas en croyant que Barack Obama peut souhaiter que le Congo devienne un Etat libre et souverain. Le jour où le Congo va devenir un Etat libre et souverain, il deviendra davantage l’ennemi du pays de Barack Obama qui se qualifie comme étant une nation exceptionnelle et indispensable.

Sur la poursuite de la guerre au Congo

La guerre se poursuit, nos villages sont désertés, les pays sont chassés de leurs terres, et les terres sont occupées par les proxys du pays de Barack Obama, Kabila n’a pas sorti le pays de la guerre. Si Kabila avait sorti le pays de la guerre, les chambres mixtes préconisées par le rapport mapping du 2010 auraient vu jour au Congo. Si Kabila avait sorti le pays de la guerre, il n’y aurait pas eu ces 425 cadavres de compatriotes enterrés nuitamment. Si Kabila avait sorti le pays de la guerre, il n’y aurait pas eu cet essoufflement au cœur de sa majorité présidentielle. Si Kabila avait sorti le pays de la guerre, il y aurait eu au Congo des médias libres et pas des médias qui s’autocensurent. Si Kabila avait sorti le pays de la guerre, il y aurait une économie socialement inclusive et il n’y aurait pas autant de congolaises et congolais qui continuent à mourir de faim et de maladie.
Le Congo n’est pas sortie de la guerre. Le Congo s’enfonce dans la guerre. Les congolais sont tués chaque jour. Les filles et fils du Congo sont enfermés dans des prisons occultes et n’ont pas le droit à la parole libre.
La guerre a plusieurs visages. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas tellement d’armes qui crépitent qu’on peut dire que la guerre est terminée.

Sur les 425 cadavres retrouvés à Kinshasa

Le régime kabiliste est un régime mortifère. Il a comme visée l’extermination des congolais et s’est révélé à plusieurs reprises capables de tuer sans problème de confiance.
La fosse commune avec les 425 cadavres n’est que la face visible de l’iceberg. Et comme vous pouvez le remarquez, il n’y a rien de la part de cette communauté internationale qui est complice de ces massacres.
Il y a là une histoire qui se perpétue et malheureusement, pour la plupart d’entre nous, nous sommes incapables de travailler sur le long terme pour comprendre que c’est une même histoire. On peut ne pas tuer avec les armes au vu et au su de tous, on va enfermer dans des cachots, éliminer et aller enterrer nuitamment…
Cette fosse commune révèle la véritable nature et mission du régime en place que certains estiment être démocratique.
Et si les congolais ne comprennent pas que nous devons pouvoir nous mobiliser, comme un seul homme, par delà, nos appartenances philosophiques, religieuses, spirituelles et partisanes, pour pouvoir redonner vie à cet espace qu’est le Congo, nous allons disparaître comme peuple.

INGETA.

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