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« Nini tosali te ? » Totiki djalelo te ! Nous n’engrangeons pas nos petites victoires !

« Nini tosali te ? » Totiki djalelo te ! Nous n’engrangeons pas nos petites victoires !

« Nini tosali te ? » Totiki djalelo te ! Nous n’engrangeons pas nos petites victoires ! 1920 1280 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

La question « nini tosali te ? » est une interpellation adressée aux masses populaires et aux « élites » habituées plus à apprendre par les chansons que le livre.

En fait, amoureuses de la Rumba kongolaise, depuis plusieurs années, les masses populaires et « les élites » kongolaises intègrent beaucoup plus facilement dans leur parler quotidien ce qu’elles entendent de la musique que ce qu’elles peuvent tirer des livres (sérieux) de plus en plus inexistants au pays.

La remise en question du paradis artificiel

Au quotidien les conversations kongolaises sont inondées des allusions faites aux disques des artistes kongolais. La musique influence à plus ou moins 70 % la vie ordinaire des compatriotes. La preuve : sur les les réseaux sociaux, les vues (et l’écoute) des disques dépassent à plus 1000% celles des livres et des autres œuvres exigeant de la concentration et de l’attention intellectuelles.

A quelques exceptions près, les musiciens kongolais n’ont pas pu intégrer la tragédie kongolaise dans leur musique. Ils en ont même profité pour plonger les cœurs et les esprits « ndombolisés » et « wengétisés » dans un paradis artificiel.

Une bonne frange de musiciens kongolais en ont profité pour « ndomboliser » et « wengetiser » les cœurs et les esprits. Certains politicards doivent leurs prouesses politicades aux « mabanga ». L’accès illimité de « leurs cartes de crédit » au « trésor public » en ont fait les grands sponsors de cette musique. Certains se sont même convertis en « musiciens » au sein de leurs « ligablos » abusivement dénommés « partis politiques ».

A quelques exceptions près, les musiciens kongolais n’ont pas pu intégrer la tragédie kongolaise dans leur musique. Ils en ont même profité pour plonger les cœurs et les esprits « ndombolisés » et « wengétisés » dans un paradis artificiel. Ils ont même surfé sur la misère de nos populations pour devenir scandaleusement riches.

Dans ce contexte, malgré ses limites, la chanson « nini tosali te » vient remettre en question ce paradis artificiel et les promesses d’un ciel éthéré alimentées par certains pasteurs profitant de la misère des populations précarisées pour vendre « l’évangile de la prospérité » à leur seul et unique profit.

Nous n’engrangeons pas nos petites victoires

Donc, continuer à donner de bribes de réponses à la question « nini tosali te ? » semble important avant que nous ne puissions passer à autre chose. « Nini tosali te ? » Nous n’avons pas mis fin au djalelo chanté à Mobutu. Nous continuons même à croire que ses paroles selon lesquelles « après lui ça serait le déluge » sont en train de se matérialiser automatiquement et indépendamment de la guerre raciste de prédation et perpétuelle vendue aux pays voisins et aux Kongolais(es) par les forces anglo-saxonnes l’ ayant créé.

Dès que notre mémoire historique n’est pas vivifiée, nous avons tendance à croire que nous ne valons rien, que nous sommes des  »bolole ». Cela au moment où notre histoire collective regorge d’exemples des moments où notre bravoure a eu raison de nos ennemis externes et/ou internes.

Après Mobutu, nous avons chanté le djalelo à Laurent-Désiré Kabila, à alias Joseph Kabila et à Félix Tshisekedi ainsi qu’à leurs copains et coquins de « l’alternance démocratique ». A force de n’étudier qu’à partir des chansons « ndombolisantes » et « wengetisantes », nous avons, majoritairement renoncé à la pensée critique et constructive. Même lorsque l’un ou l’autre d’entre eux a dit officiellement qu’il était pour la remise en question du mode opératoire des politicards kongolais et du cartel mafieux qu’ils ont constitué.

« Nini tosali te ? » Nous n’avons pas renoncé au djalelo et au culte de la personnalité. Pourtant, nous sommes majoritairement croyants et en tant que tels, nous sommes supposés n’adorer que Dieu seul, l’Unique. Et si Dieu est l’Unique, nous sommes frères et sœurs soumis au principe de l’égalité et à celui de la correction fraternelle… « Nini tosali ? » Nous n’engrangeons pas nos petites victoires afin qu’elles soutiennent des actions à mener dans une quête permanente de notre émancipation politique et de notre souveraineté.

Le 04 janvier 1959, le 16 février 1992, le 02 août 1998, les années 2015 et 2016, etc. sont effacés de plusieurs mémoires. Et nous mettre ensemble pour exiger un mémorial afin que nos futures luttes aient une base historique fait défaut. Dès que notre mémoire historique n’est pas vivifiée, nous avons tendance à croire que nous ne valons rien, que nous sommes des  »bolole ». Cela au moment où notre histoire collective regorge d’exemples des moments où notre bravoure a eu raison de nos ennemis externes et/ou internes.

Sans justice, il n’y a pas de dignité

« Nini tosali te ? », œuvre artistique perfectible, devrait pousser plusieurs d’entre nous à un peu plus d’inventivité et de créativité afin que « la musique révolutionnaire » prennent le pas sur celle crétinisant les cœurs et les esprits. Bien que « les livres délivrent », se rendre compte de la place de la chanson et de l’apprentissage par les oreilles dans la gestion du quotidien des compatriotes est indispensable par ce temps de « la crise de la culture ».

« Nini tosali te ? », œuvre artistique perfectible, devrait pousser plusieurs d’entre nous à un peu plus d’inventivité et de créativité afin que « la musique révolutionnaire » prennent le pas sur celle crétinisant les cœurs et les esprits.

Dieu merci ! Des œuvres mieux faites et très peu écoutées existent. Il suffit d’écouter Jean Goubald Kalala ou Lokua Kwanza pour s’en rendre compte.

Pour terminer, rappelons-nous que nous mobiliser comme un seul homme pour que la liberté (d’expression) soit respectée et que cette chanson ne soit pas censurée a atteint son objectif. Donc, toutes les fois que nous nous mobiliserons pour les marqueurs du BOMOTO (liberté, sécurité, justice, paix, vérité, amour, indépendance, souveraineté, etc.), nous finirons par remporter des victoires. Pourvu que nous puissions persévérer sur le court, moyen et long terme en nous connaissant nous-mêmes et en connaissant « l’autre »…

Pouvons-nous essayer la même chose pour la justice transitionnelle ? Un pays ne peut pas se reconstruire sur fond du crime et de l’impunité. Sans justice, il n’y a pas de dignité. Il n’y a pas d’homme libre…

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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