Par Jean-Pierre Mbelu
Quand Mende et ses compères estiment qu’en écrivant ‘’Kabila et le réveil du géant’’, ils contribuent à ‘’dédiaboliser’’ leur ‘’autorité morale’’, ‘’le raïs’’, lui, jure que si les Congolais(es) n’acceptent pas le glissement, le sang va couler[1]. Le temps de la ‘’dédiabolisation’’ coïncide avec celui où ‘’le raïs’’ affûte ses armes pour exacerber la guerre qu’il mène depuis les années 1990 contre le Congo-Kinshasa. Cela n’est pas surprenant du tout.
Il se pourrait que nous soyons plusieurs à n’avoir pas intégrer l’irruption des Nouvelles Technologies de la Communication et de l’Information dans nos modes de penser et d’appréhender le réel congolais. Certaines critiques formulées à l’endroit des Congolais(es) de l’étranger en témoignent. Pour certains thuriféraires et tambourinaires de ‘’la kabilie’’, vivre en dehors du pays signifie être déconnecté de ce qui s’y passe. Ils mettent entre parenthèse les NTIC pour fonder leur hypothèse. Ils mettent aussi les liens, les échanges familiaux et les voyages entre parenthèse pour soutenir que la diaspora congolaise est déconnectée des réalités du pays.
Cette fausse approche de la diaspora congolaise à l’ère des NTIC et de la grande mobilité des Congolais(es) fausse aussi l’approche (souvent émotionnelle et clientéliste) que lesdits thuriféraires et tambourinaires font des lectures critiques formulées à partir de l’extérieur à l’endroit de ‘’l’Etat manqué’’ que gère ‘’la kabilie’’ depuis bientôt plus d’une décennie. Un livre vient de paraître comme étant une réplique à un autre. ‘’Kabila et le réveil du géant. Le regard des uns et des autres[2]’’ vient de paraître aux Editions L’Harmattan (Sous la direction de Lambert Mende Omalanga, Paris, 2015) pour répliquer contre ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila[3]’’ publié aux Editions Monde Nouveau, Afrique Nouvelles, Vevey, 2015). Cette réplique devrait, en principe, présager d’une bonne guerre : la bataille des idées au nom d’une cause dépassant tous les fils et toutes les filles du Congo-Kinshasa.
« Le sang va couler… »
A première vue, en lisant le commentaire ayant accompagné le baptême de ‘’Kabila et le réveil du géant’’, il n’en est pas question. Les auteurs du livre publié sous la direction de Fweley Diangitukwa sont vite qualifiés d’haineux et de dilettantistes déconnectés des réalités du pays[4]. Ils auraient écrit parce qu’ils portent une haine à l’endroit du ‘’Raïs’’. Cette approche émotionnelle de ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila’’ est un signe à décrypter. Elle dit, entre autres, la difficulté qu’il y a pour ‘’la kabilie’’ a accepté de sérieuses remises en question du sous-système néolibéral de la descente du Congo-Kinshasa aux enfers qu’elle chapeaute dans un ‘’Etat failli’’. Il y a pire.
‘’Le kadogo’’ n’a appris, depuis son jeune âge, que cela : tuer, faire couler le sang, assassiner au nom de l’expansion de l’empire Hima-Tutsi et des multinationales prédatrices.
Quand Mende et ses compères estiment qu’en écrivant ils contribuent à ‘’dédiaboliser’’ leur ‘’autorité morale’’, ‘’le raïs’’, lui, jure que si les Congolais(es) n’acceptent pas le glissement, le sang va couler[5]. Le temps de la ‘’dédiabolisation’’ coïncide avec celui où ‘’le raïs’’ affûte ses armes pour exacerber la guerre qu’il mène depuis les années 1990 contre le Congo-Kinshasa. Cela n’est pas surprenant du tout. ‘’Le kadogo’’ n’a appris, depuis son jeune âge, que cela : tuer, faire couler le sang, assassiner au nom de l’expansion de l’empire Hima-Tutsi et des multinationales prédatrices.
Quand l’un de ses derniers interlocuteurs se confiant à Amba Wetshi dit : « Depuis cette rencontre (des confessions religieuses le lundi 02 novembre 2015) avec le Président Joseph Kabila, je ne cesse de me poser des questions sur l’état psychique voire la santé mentale de cet homme qui tient entre ses mains notre destin collectif. J’ai de plus en plus la conviction que l’actuel chef de l’Etat est prêt à sacrifier des vies humaines juste pour perpétuer son pouvoir », il oublie qu’il a affaire à ‘’un vampire’’, ‘’un psychopathe’’ dont les crimes impunis ont contribué à la sclérose du cœur, à la sclérocardie. (Bientôt, c’est le 26 novembre, les Congolais(es) se souviendront de ces compatriotes tués par la police politique de ‘’Joseph Kabila’’ à l’aéroport de Ndjili. Leur crime ? S’être rendus à cet aéroport pour accueillir leur leader politique. Les images sont là[6] ; elles existent. Cette même police politique a récidivé en tuant le jeune que les auteurs de ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila’’ ont honoré en gardant sa photo sur la couverture de leur livre.)
Deux livres, deux approches sur le Congo
Deux livres, oui, deux livres qui auraient pu contribuer à lever le coin de voile sur les différences d’approches que les Congolais(es) ont actuellement de leur pays et de celui qui ‘’le gère’’ par défi si la liberté d’expression était garantie au Congo de Lumumba. Les uns, ayant perdu tout amour-propre, toute fierté et pratiquant ‘’la politique du ventre’’ ont opté pour l’a-plaventrisme, le servilisme et l’esclavage et la cécité volontaires aux dépens des masses populaires congolaises appauvries, analphabétisées, chassées de leurs terres et asservies.
Les autres (co-auteurs de ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila’’), patriotes et convaincus de l’importance de la bataille des idées, ont opté pour la réécriture de leur histoire collective, en puissant aux bonnes sources, avec des preuves et images à l’appui afin de contribuer à l’invention d’un autre Congo : d’un Congo digne et fier, débarrassé des élites compradores et gouverné sur fond de la solidarité, de l’égalité souveraine, de la coopération et de la non-ingérence dans ses affaires intérieures par ses dignes filles et fils.
Les autres (co-auteurs de ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila’’), patriotes et convaincus de l’importance de la bataille des idées, ont opté pour la réécriture de leur histoire collective, en puissant aux bonnes sources, avec des preuves et images à l’appui afin de contribuer à l’invention d’un autre Congo.
Deux livres publiés, l’un avec ‘’les moyens de l’Etat failli et manqué’’, l’autre à partir de la sueur du front des compatriotes épris de justice, de paix et de vérité.
La disproportion des moyens pécuniers et audiovisuels utilisés pour la promotion de ces deux livres fera peut-être que l’un soit beaucoup plus lu que l’autre. Néanmoins, le temps finira par donner raison aux auteurs de ‘’Les Congolais rejettent le régime de Kabila’’. (à suivre)