L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle pourquoi le nouveau dialogue sollicité par Kabila est une nouvelle distraction pour les congolais, expose le jeu subtil de changement de camp de certains politiques congolais et explique pourquoi l’infantilisation de la classe politique exige que l’on s’engage dans un déformatage au niveau de notre imaginaire.
Sur le nouveau dialogue national annoncé par Kabila
Ces dialogues, concertations sont une diversion parce que Kabila n’a pas pour mission de pouvoir participer à l’émancipation politique du Congo. Il est là comme petite main des entreprises transnationales, comme soldat de l’empire Hima-Tutsi, comme nouveau prédateur pour piller le pays.
Sur le glissement
Tout ce qu’on fait au Congo, en ce moment, dialogue, concertations nationales, convention à gauche et à droite, trahit la théâtralisation de la vie politique au Congo parce que le Congo se situe actuellement après la politique. On ne fait plus de la politique au Congo mais du business, dans un certain esclavage volontaire de certains compatriotes, disposés à servir, consciemment ou inconsciemment, par ignorance ou par manque de lucidité, l’ordre néolibéral.
Sur le G7 et le changement de camp au Congo
Pourquoi se retirent-ils du bateau au moment où ils devraient, ensemble, devant le peuple, rendre compte de leur gestion chaotique du pays?
Ces messieurs qui nous disent aujourd’hui, qu’ils n’ont plus rien à voir, avec les durs du pouvoir, demain, vous leur faites confiance, ils vont reprendre leurs habitudes. Parce que, ce soit du côté de l’opposition ou de la majorité, il y a beaucoup de politicards du statu quo. Ils ont des intérêts communs à pouvoir défendre et constituent un collectif de nègres de service, qui se connaissent de l’intérieur et s’entraident pour pouvoir confisquer la souveraineté du pays et la mettre au service des transnationales et des petites mains du capital. Et ce problème est beaucoup plus profond que ce que nous voyons.
Sur la constitution d’une véritable classe de patriotes
Sur l’infantilisation de la classe politique congolaise
Au lieu de travailler à pouvoir conforter la position de l’Afrique, dans ce monde qui est en train de devenir multipolaire, certains compatriotes congolais décident, ou en âme et conscience, ou par cupidité, ou par ignorance, ou par manque de lucidité, de rester éternellement des nègres de service. Au lieu de dire, « le blanc a dit », ils pourraient s’engager dans des débats d’échanges réciproques et enrichissants, au lieu de vivre éternellement dans une relation asymétrique avec ceux qu’ils considèrent eux-mêmes comme étant des partenaires extérieurs.
Cette infantilisation est un signal qui dit ceci : plusieurs de nos compatriotes ne se sont pas encore élevés au niveau d’Hommes politiques dignes de ce nom.
Il y a un travail de déformatage au niveau de notre imaginaire qui doit être abattu pour pouvoir sauver ces principes du droit international que sont le respect de l’égale souveraineté du pays, le principe de la réciprocité dans les relations avec les partenaires extérieurs, le principe de la non ingérence dans les affaires intérieures du pays.