Par Mufoncol Tshiyoyo
On ne doit pas non plus perdre de vue que c’est à l’Université que se conçoivent des idéologies de propagande et de domination. Par sa fonction sociale, l’université participe au rayonnement du pays sur le sol duquel elle est installée.
Une dame congolaise, et à tout seigneur tout honneur, Debora Kayembe, avec ses mérites, a été élevée au rang de rectrice de l’université « britannique » d’Édimbourg. Une université est un lieu de savoir, d’expression d’intelligence, de science. Elle est une bibliothèque, un laboratoire, un lieu de rencontre et surtout et aussi un « cadre idéologique ». On ne doit pas non plus perdre de vue que c’est à l’Université que se conçoivent des idéologies de propagande et de domination. Par sa fonction sociale, l’université participe au rayonnement du pays sur le sol duquel elle est installée. Voilà pourquoi « on » comprend l’attitude du public congolais qui est en train de se réjouir au motif que c’est une Britannique « noire », une femme « noire » et d’origine congolaise qui occupera et assumera désormais la noble fonction de la direction scientifique et administrative de cette université.
La question relative à son « élévation » ne se pose de la manière partout et chez « tout le monde ». Pourtant, c’est simple. « Tout le monde » n’intègre la réalité de la même façon. Et ici, « je » voudrais bien que l’on se comprenne. Car, et il faudra le souligner, ce n’est pas le personnage de Debora Kayembe qui pose des problèmes. Il ne s’agit pas non plus de son noble combat contre le racisme qui est mis en cause. Mais je sais, comme j’en ai déjà l’habitude, « on » me reprochera, oui le « on », de « voir le mal partout ». Puis-je seulement demander sans en attendre la réponse c’est quoi le mal ? Partageons-nous tous la même échelle des valeurs qui assure la distinction du bien et du mal ? « Je » ne peux répondre.
Oui, pourquoi l’Occident « chercherait-il » à mettre frein au phénomène du racisme et de la différence, de l’Autre et d’autrui, alors que sa manifestation a longtemps servi son règne.
« Je » préfère être incompris et être traité de tous les noms que de perdre un seul un seul instant mon droit et ma liberté d’expression, celle de me poser des questions. Comment se taire, eh oui, devant la persistance d’un phénomène nouveau et en vogue en Europe que ce dernier a dénommé « multiculturalisme ». Il s’exprime à travers le recrutement et la visibilité invisible des « noirs » à mettre au-devant de la « scène ». Il reste à savoir de laquelle ?
Oui, pourquoi l’Occident « chercherait-il » à mettre frein au phénomène du racisme et de la différence, de l’Autre et d’autrui, alors que sa manifestation a longtemps servi son règne. Et que l’Occident le mette tout d’un coup en pratique seulement en ce moment où l’Occident ne signifie plus rien, où il a tout perdu et sa place et même celle de sa science (paradigme perdu, Edgar Morin) dans le monde d’aujourd’hui et également dans le temps qui vient. Eh oui, pourquoi seulement aujourd’hui alors que l’Occident a cessé d’exister et de régner ? Des questions pleuvent. Comment une « noire » pourra peser seule et face à une majorité composée des Britanniques de souche, les mêmes Britanniques qui dominent le Congo par le Rwanda interposé, et qui la regarderaient avant tout comme une Noire ? Est-ce que c’est la seule décision d’un recteur ou d’une rectrice, bien que nourrie de bonne volonté, qui suffit pour décider de la direction scientifique d’une université, Édimbourg ou pas ?
Somme toute, nos questions n’incriminent personne, elles ne pointent personne du doigt. Tôt ou tard, demain et après-demain, et même après nous, elles trouveront des réponses, et non dans l’immédiat. Facebook nous sert de plateforme d’expression d’une voix inaudible. Quand comprendrons-nous ?
Mufoncol Tshiyoyo, MT
Un Homme libre