Par Jean-Pierre Mbelu
« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force. » (S. BOLIVAR)
Cette année-ci, pour la campagne du Carême de partage, l’ Eglise belge, à travers l’ONG Entraide et Fraternité, a choisi pour thème »l’annulation de la dette du Sud (global) ». Jeudi 4 mars 2021, un membre du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) invité par Entraide et Fraternité a tenu une conférence sur le système de la dette en accordant une attention particulière à la dette coloniale, illégitime, illégale et odieuse du Kongo-Kinshasa en soulignant le rôle cynique joué par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international au cœur dudit système.
Pourquoi Entraide et Fraternité (belge) s’intéresse-t-elle à la dette du Kongo-Kinshasa ? Elle répond : « Aujourd’hui, la faim tue toujours en RDC et ce pays, pourtant si riche en ressources naturelles, dépense davantage pour le remboursement de sa dette extérieure que pour financer le secteur de la santé et de l’éducation. Dans ces conditions, l’annulation de la dette meurtrière ne doit pas être considérée comme une option, mais comme une question de survie. »
Avant d’agir, elle a préféré être bien informée sur cette dette. La conférence d’hier soir était la deuxième sur le même thème. Elle a mis une pétition en ligne.
Le tweet de Nzita Hammer
Les questions essentielles abordées au cours de cette conférence ont déjà été analysées de manière détaillée et approfondie dans un document intitulé « Pour un audit de la dette congolaise. A qui profitent toutes les richesses du peuple congolais ? » (Le voici : Pour un audit de la dette congolaise (cadtm.org) ) Ce document est public. Il peut être lu et mis à la disposition des compatriotes désireux de connaître le rôle joué par les IFI et « les élites politiques » kongolaises dans l’endettement du pays. Ce document propose des pistes de solutions dont ces trois-ci : l’audit citoyenne de la dette, son annulation et l’adoption des politiques différentes ; c’est-à-dire des politiques souveraines évitant les ingérences extérieures comme celles décriées.
Le pays de Lumumba est sur une mauvaise piste ; celle de sa mise sous tutelle (perpétuelle) par les IFI avec la complicité de « l’impérialisme intelligent » et des élites kongolaises. Le prochain gouvernement ne pourra pas faire exception.
Cette conférence a eu lieu quelques heures seulement après la publication d’un tweet par Nzita Hammer. Voici ce tweet : « Ce fut un plaisir d’accueillir le nouveau représentant du FMI en #RDC Gabriel Leost. Les Etats-Unis Drapeau des États-Unis soutiennent le travail du FMI pour faire progresser les efforts du président Tshisekedi & gouvernement pour promouvoir la bonne gouvernance & lutter contre la corruption. » Ce tweet n’est presque pas commenté sur les réseaux sociaux. Le compatriotes kongolais n’en parlent presque pas.
Ce fut un plaisir d'accueillir le nouveau représentant du FMI en #RDC Gabriel Leost. Les Etats-Unis 🇺🇸 soutiennent le travail du FMI pour faire progresser les efforts du président Tshisekedi & gouvernement pour promouvoir la bonne gouvernance & lutter contre la corruption. #PP4PP pic.twitter.com/gruBeiIjbR
— Mike “Nzita” Hammer (@USAmbDRC) March 3, 2021
Pourtant, ce tweet dit tout à fait le contraire de ce qui peut être lu dans le document susmentionné. Il est un aveu : « Le pays de Lumumba est sur une mauvaise piste ; celle de sa mise sous tutelle (perpétuelle) par les IFI avec la complicité de « l’impérialisme intelligent » et des élites kongolaises. Le prochain gouvernement ne pourra pas faire exception. »
Pas de débat ?
Il est plus ou moins sûr que cette néocolonisation du pays par le système de la dette ne soulèvera presque pas de débats. Des actions lucides susmentionnées risquent de ne bénéficier que de l’appui d’une infime minorité des compatriotes info-formées sur le système mortifère de la dette extérieure.
Il est plus ou moins sûr que cette néocolonisation du pays par le système de la dette ne soulèvera presque pas de débats.
Si cette minorité peut faire tache d’huile, cela sera déjà quelque chose plutôt que rien. Elle peut jouer le rôle du levain dans la pâte des masses populaires kongolaises en les instruisant sur la nocivité des IFI et en les associant à des actions concrètes pour changer les politiques menées au pays de Lumumba depuis plus de six décennies.
(Ceux qui voudraient en savoir plus sur le système de la dette et les efforts conjugués par certains peuples pour sa répudiation peuvent lire E. TOUSSAINT, Le système dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Paris, Les liens qui libèrent, 2017. Tout ou presque est dans les livres. Surtout les mieux sourcés.)
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961