Par Jean-Pierre Mbelu
« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force » (S. BOLIVAR)
Empêtrés dans un processus affairo-politique mafieux depuis plus de deux décennies, quelques sous-fifres au service des « décideurs » opposent les Kongolais les uns aux autres en leur faisant croire qu’ils sont très différents dans le rôle qu’ils jouent auprès des « petites mains » du capital. Des compatriotes se laissent prendre à ce jeu sans avoir lu, au préalable, les projets de société, les programmes de gouvernement ou les cahiers de charge de ces « manducrates ».
Ils auraient pu commencer par une lecture critique et comparative de tous ces textes avant de se mettre à défendre l’un ou l’autre de ces compradores. Que non ! Alors, sur quoi ces compatriotes fondent-ils leur soutien ?
Le devenir collectif en question
Plusieurs estiment, je ne sais par quelle magie, que de ce processus vicié et vicieux serait sorti quelque chose de bon. Là il y a un problème. Comment d’une stratégie du chaos et du mensonge pilotée par « les maîtres du monde et ceux qui leur obéissent » aurait-il pu sortir quelque chose de bon pour des populations kongolaises tenues en marge de ce « complot » ? Personnellement, je ne comprends pas. Ou cette stratégie est connue en conscience ; c’est-à-dire analysée, comprise et critiquée à partir des contre-stratégies portées massivement par les populations kongolaises ou, pour des raisons que les soutiens de ces compradores ne veulent pas s’avouer ; elle est simplement ignorée et l’illusion d’un miracle fait l’affaire.
A ce point nommé, il y a un sérieux travail à faire pour labourer ces autres terrains que sont les têtes, les cœurs et les esprits. Le devenir collectif du pays en dépend.
Cette illusion peut être entretenue par la surdimension des egos, paresse intellectuelle, par refus d’apprendre et par volonté d’ignorer, par simple fanatisme, par abrutissement ou par abêtissement ; c’est-à-dire par ces « tares » qu’engendre, dans un pays ayant connu pendant longtemps le déstructuration culturelle, la régression anthropologique. A ce point nommé, il y a un sérieux travail à faire pour labourer ces autres terrains que sont les têtes, les cœurs et les esprits. Le devenir collectif du pays en dépend (Lire Le terrain et les terrains ignorés et/ou oubliés au Kongo-Kinshasa – INGETA )
Si ce travail est négligé, les »manducrates » susmentionné vont alimenter les oppositions diaboliques entre les populations congolaises et cela au détriment de la production d’un »nous collectif » confiant et cohérent. Cela d’autant plus qu’il n’ y a pas parmi eux un seul porteur d’un projet collectif pour le Kongo-Kinshasa. Tous ou presque sont des vendeurs d’illusions.
Pour le principe du mandat impératif ou du référendum révocatoire
Comment faut-il les pousser à rompre avec cette vente inique d’illusions ? Qu’ils se sentent forcer à publier leurs programmes de gouvernement, leurs projets de société et leurs cahiers de charges deux ans avant « les élections-pièges-à-cons » (à subvertir?) et qu’ils acceptent le principe du mandat impératif ou du « référendum révocatoire ».
Il est plus que temps que le culte de la personnalité, le culte de l’homme charismatique ou de l’homme providentiel prenne fin. Il est appauvrissant anthropologiquement dans la mesure où il a marque historiquement ses limites.
Comment y arriver ? Qu’il y ait des compatriotes, »intellectuels organiques et co-structurants » d’un autre imaginaire kongolais qui prennent le devant en faisant ce qui est demandé à ces compradores. Qu’ils aient un projet collectif porté par les masses populaires ou des mouvements citoyens unifiés ainsi qu’un leadership collectif visionnaire et lucide.
Il est plus que temps que le culte de la personnalité, le culte de l’homme charismatique ou de l’homme providentiel prenne fin. Il est appauvrissant anthropologiquement dans la mesure où il a marque historiquement ses limites. Et culturellement, c’est « le foyer », « le feu », le « tshiota » qui est fondateur de la vie de cité et non les individus ; ou plutôt, ce sont des « bantu » réunis autour du « foyer », du « feu » et du « tshiota » qui fondent ensemble la cité et non des individus.
Rompre avec l’auto-désorientation
Revenons à ces « manducrates ». J’ai eu la chance de lire deux de leurs cahiers de charge. Ceux-ci ne jurent que par la vente du pays aux institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, ces huissiers du capital dominant.
Rompre avec cette auto-désorientation exige un changement profond de paradigme : passer de la folle promotion des hommes charismatiques et providentiels à celui du leadership collectif.
En lisant ces deux cahiers de charge, je ne suis posé cette question : « Pourquoi ont-ils deux cahiers au lieu d’en avoir un seul ? » Voilà ! La réponse est simple : pour rouler le peuple dans la farine et jouer à la fausse opposition diabolique, de temps en temps « tribalisée ». Pourquoi ? Pour être au service des « décideurs » et à leur « politique du diviser pour régner ». Donc, pour être contre le Kongo-Kinshasa en feignant d’être au service de sa libération. Ils sont au service de l’auto-désorientation kongolaise.
Rompre avec cette auto-désorientation exige un changement profond de paradigme : passer de la folle promotion des hommes charismatiques et providentiels à celui du leadership collectif ; de cahiers de charge individualisés des « manducrates » aux projets collectifs portés par « les élites organiques et co-structurantes » jouant le rôle de levain dans la pâte des mouvements citoyens unifiés.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961