Par Mufoncol Tshiyoyo
Chacun y va avec son argumentation pour soutenir ou rejeter le maintien du « machin » (De Gaulle) ONU, principalement de sa succursale dénommée MONUSCO au Congo. La plaidoirie de son maintien avance comme raison principale la crainte injustifiée de la démultiplication de massacres au Congo alors que son maintien, selon la même version, réduirait les tueries des Congolais à un niveau tout au moins « supportable ».
La particularité avec ce type de discours, c’est de normaliser les tueries au Congo, à l’est du pays. La mort se banalise parce que distribuée en petit nombre. La victime, qui internalise son incapacité à relever le défi que ses agresseurs lui imposent, tente de développer consciemment ou inconsciemment une psychologie suicidaire qui a pour effet direct l’apaisement d’une conscience chargée.
Pour un réveil national
Je ne suis pas intéressé par des questions du genre si les congolais dans leur état actuel disposent encore des ressources morales pour endurer des tueries, irrégulières ou régulières. Ma démarche consiste non seulement à comprendre la nature du type d’homme parmi les défenseurs du maintien de la MONUSCO au Congo, mais aussi et surtout à étudier les motifs cachés ou pas derrière un semblant de soutien alors que les différentes critiques élaborées pourtant par une expertise de l’ONU, à travers ses multiples rapports, recommanderaient de la prudence et du doute pour ne pas dire de son rejet.
Qu’est-ce que de nouveaux rapports de l’ONU peuvent apporter là où l’histoire, par Frantz Fanon interposé, nous avait déjà avertis de sa nature et de son objet. On ne peut pas « dire que l’ONU échoue parce que les causes sont difficiles ». « Mais c’est tout faux de le croire ainsi ou de recourir au langage d’échec en ce qui concerne l’institution onusienne ». « L’ONU, en réalité, est la carte juridique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute a échoué (cela fait plus de 20 ans passés que malgré les moyens financiers et le recours au mercenariat Tutsi, le Congo reste toujours debout). Les partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens internationaux de torturer, de briser la volonté d’expression des peuples, de cultiver l’anarchie, le banditisme et la misère » (C’est Fanon qui le dit avant sa mort et c’est depuis en 1961).
La Chine, la Russie, la France (l’Allemagne), le Royaume-Uni et les USA conjuguent ensemble leurs intérêts quand il s’agit du Congo, sujet que mon texte du triangle de la mort de la RDC a déjà abordé. Les cinq pays s’en foutent des morts congolais et au Congo. En Syrie, ils font semblant de s’affronter, alors qu’au Congo, tout les unit au lieu de les opposer les uns aux autres. Nous ne sommes pas seuls face au monde. Nous avons d’abord le peuple congolais avec nous.
Le conseil de sécurité des nations unies qui a reconduit le mandat de la MONUSCO au Congo comprend 5 membres permanents. Aujourd’hui, il est de plus en plus question de la formule 5+1 (l’Allemagne qui n’y siège pas encore est ici prise en compte). D’ailleurs, et pour ce qui concerne l’Allemagne, la nouvelle et la première militaire et économique européenne actuelle a déjà fait savoir à la France que cette dernière devrait partager sa représentation au conseil de sécurité de l’ONU avec l’Union Européenne dont elle chapeaute le leadership. La Chine, la Russie, la France (l’Allemagne), le Royaume-Uni et les USA conjuguent ensemble leurs intérêts quand il s’agit du Congo, sujet que mon texte du triangle de la mort de la RDC a déjà abordé. Les cinq pays s’en foutent des morts congolais et au Congo. En Syrie, ils font semblant de s’affronter, alors qu’au Congo, tout les unit au lieu de les opposer les uns aux autres. Nous ne sommes pas seuls face au monde. Nous avons d’abord le peuple congolais avec nous. Hélas, les uns, les thuriféraires de l’ordre régnant, ne s’en servent que pour la danse et les louanges destinées à la gloire d’un leadership au rabais et compradore. Les Congolais sont en mesure de changer les rapports de force si seulement si les différents segments de l’élite congolaise se dépassaient et appelaient au réveil national. C’est seulement à ce prix que le Congo pourrait les opposer les uns et aux autres.
La possibilité que les Congolais s’organisent
L’ONU compose avec le Rwanda à l’Est du Congo. Comme elle le fait également au nord du Congo, plus précisément à Bangui où le Rwanda maintient et entretient un contingent de la soldatesque rwandaise en Centrafrique. C’est aussi une manière de s’assurer du contrôle de la frontière congolaise avec la Centrafrique. Ainsi, encerclé de toutes parts, le Congo reste asphyxié. Toutes menaces sérieuses sont éloignées. C’est ce qui a fait dire à Frantz Fanon à l’époque : « Des Africains ont cautionné la politique impérialiste au Congo, ont servi d’intermédiaires, ont cautionné les activités et les singuliers silences de l’ONU au Congo ».
Il n’y a pas que la crainte de l’absence d’un témoin gênant à l’Est du Congo pour que les crimes commis sur les populations congolaises s’amplifient. Il y a surtout, c’est ma conviction, la possibilité que les Congolais s’organisent enfin et organisent leur riposte en l’absence d’un allié de taille de la MONUSCO à l’Est du Congo dont la présence participe de la désorganisation et de la déstabilisation du Congo.
Je suis pour le départ de là MONUSCO du Congo. Il n’y a pas que la crainte de l’absence d’un témoin gênant à l’Est du Congo pour que les crimes commis sur les populations congolaises s’amplifient. Il y a surtout, c’est ma conviction, la possibilité que les Congolais s’organisent enfin et organisent leur riposte en l’absence d’un allié de taille de la MONUSCO à l’Est du Congo dont la présence participe de la désorganisation et de la déstabilisation du Congo. Les adversaires connus et invisibles massacreront des milliers de congolais. Mais au finish, les Congolais gagneront en prônant et en pratiquant de l’autodéfense, parce que la cause pour laquelle le Congo se bat est juste et nationale.
Je conclus en paraphrasant Thomas Paine :
“Tyranny, like hell, is not easily conquered; yet we have this consolation with us. That the harder the conflitct, the more glorious the triumph” (La tyrannie, comme l’enfer, n’est pas facilement conquise ; pourtant nous avons cette consolation en nous. Le fait que plus difficile est le conflit, plus glorieux est le triomphe). « Tôt ou tard la mort arrive à tout homme sur la terre, et comment mourir mieux qu’en affrontant un danger terrible pour les cendres de ses pères et l’autel de ses dieux ? ».
La confiance en politique se mérite.
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un homme libre