Par Jean-Pierre Mbelu
Pourquoi Fred, Patrick, Nyamwasa, Théogène et les autres fondateurs du FPR/APR ont tous disparus de l’entourage de Paul ? Pourquoi ? Si c’étaient des « garçons » bien organisés, s’aimant plus que les Kongolais(es) ne puissent le faire, confiants en eux-mêmes et travaillant main dans la main pour réaliser des objectifs bien définis à l’avance ? Pourquoi ? Pourquoi Fred, un « garçon normal », bosseur et inclusif, n’a-t-il pas survécu à la marche pour la conquête de Kigali par « les assassins sans frontières » de Paul ?
La surhumanisation des fondateurs du FPR/APR relèverait beaucoup plus de la méconnaissance de leur marche historique que du réel. Ce mouvement né dans un climat de rejet, de mépris et de discrimination en Ouganda porte les marques de sa fragilité et de sa vulnérabilité. A en croire Michela Wrong, il fut rongé, de l’intérieur, par une terrible psychopathologie. Certains de ses « assassins sans frontières » exigent, par exemple, que des membres de familles de leurs ennemis puissent les empoisonner. Qu’une femme, par exemple, empoisonne son mari.
Lire Michela Wrong donne davantage envie d’être Kongolais, d’être un Kongolais averti, éveillé et de renoncer à la haine du « nous collectif ».
Donc, au sein du FPR/APR, il y a des psychopathes qui refusent de respecter les frontières, les limites au-delà desquelles les membres normaux d’une même famille ne peuvent pas aller. Ils détruisent toutes les frontières et dépassent toutes les limites. Ils créent ainsi un espace où la confiance manque et où la méfiance est permanente. Ils vivent de la démesure, de l’hybris.
Idéaliser et/ou essencialiser les fondateurs du FPR/APR au point de tomber dans la haine de soi et du »nous kongolais » me semble être une erreur monumentale.
A mon avis, le Kongo-Kinshasa semble avoir réussi un exploit d’une très grande valeur : réussir à coordonner plus de 300 ethnies dans un climat d’une fraternité ayant ses fragilités, mais respectueuse de certaines limites humanisantes. Cette fragile fraternité est attaquée depuis la guerre de l’AFDL. Elle fut attaquée en 1960 et en 1992. La refonder sur des principes unificateurs est indispensable à la cohésion nationale et à la cohésion sociale.
Franchement, lire Michela Wrong donne davantage envie d’être Kongolais, d’être un Kongolais averti, éveillé et de renoncer à la haine du « nous collectif ». Je reviendrai à ce livre.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961