Par Kalamba Nsapo
Il est de ces ouvrages dont les titres évoquent un enjeu historique qu’un lecteur averti ne peine à deviner. C’est le cas des publications du philosophe et analyste J.-P. Mbelu dont je viens de prendre connaissance. Loin de moi l’idée d’en faire un compte-rendu. Mais, je voudrais attirer l’attention sur leur objectif commun: il s’agit de la renaissance ou de la refondation du Congo. On est au coeur d’une démarche mobilisatrice: « Ingeta ». Comment s’y prendre?
« A quand le Congo ? » propose une série de réflexions dans le but d' »apporter un éclairage historique, géopolitique et culturel sur les enjeux multiples auxquels le Congo et les Congolais font et doivent faire face », de « proposer un guide d’actions et initiatives pour réinventer le futur du Congo, au niveau individuel et collectif » et d' »initier et développer la conversation sur la nécessaire refondation des relations entre les Congolais et la construction effective d’un panafricanisme des peuples pour une renaissance africaine » (lire le dos de la couverture).
Le travail d’écriture de l’analyste congolais apparaît comme une oeuvre cohérente, pédagogique et exigeante. Sa cohérence tient prioritairement au fait que seule la refondation ou la renaissance du Congo constitue le fil conducteur des textes publiés. Son caractère pédagogique s’explique par le fait que l’auteur a le souci permanent de contribuer à l’éducation des masses.
C’est dans le même ordre d’idées qu’il importe de saisir le sens de « Demain, après Kabila ». Cet opuscule se révèle être aussi un lieu de propositions de réflexions sur la nécessité de reconquérir la dignité humaine et de réinventer le Congo-Kinshasa. Pareille entreprise devrait mieux se comprendre et s’illustrer à travers la figure historique de Lumumba.
« C’est ça Lumumba » vient à point nommé. Au-delà des manifestations publiques auxquelles le Congo se prépare, la question suivante est précisément celle que l’on devrait s’approprier, dont il faudrait faire l’objet des programmes de sensibilisation et de conscientisation dans la perspective de la construction d’un nouvel imaginaire congolais: « Comment faire pour qu’à partir de Lumumba, une conscience collective de nos humiliations coloniales et postcoloniales aide à refonder le Congo-Kinshasa sur les valeurs de liberté, d’égalité, de dignité, de vérité, de patriotisme sans verser dans l’altérophobie? » (p. 11).
Toutes les publications de Mbelu charrient naturellement une terminologie qu’il importe de maîtriser pour les bien comprendre. Ce à quoi s’emploie « Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences ». C’est un lieu de compréhension des concepts clés qui n’en demeure pas moins une synthèse de la recherche à laquelle s’adonne l’auteur voici bientôt 20 ans.
Ainsi perçu, le travail d’écriture de l’analyste congolais apparaît comme une oeuvre cohérente, pédagogique et exigeante. Sa cohérence tient prioritairement au fait que seule la refondation ou la renaissance du Congo constitue le fil conducteur des textes publiés. Son caractère pédagogique s’explique par le fait que l’auteur a le souci permanent de contribuer à l’éducation des masses. Mbelu répond aux exigences de la rigueur scientifique dont on perçoit le sens à travers la toile de fond de ses études, une abondante documentation, le débat d’idées avec ses lecteurs et les nombreux auteurs fréquentés, la volonté d’aller au fond de l’histoire des concepts et d’approfondir les analyses afin de comprendre ce qui se trame au Congo. Pareil labeur fait honneur à J.-P. Mbelu et aux maîtres qui l’ont formé.
Prof Kalamba Nsapo
INADEP