Par Jean-Pierre Mbelu
Il est amusant de lire de temps en temps les commentaires faits au sujet des articles des miens et de moi-même sur les réseaux sociaux. Souvent, la lecture des noms des signataires de ces articles suffit pour que les commentaires puissent être faits. Souvent, une question revient : « Que proposez-vous ? »
Cette question est quelques fois posée sans aucune allusion aux propositions faites par l’article.
Il m’arrive de me poser la question de savoir pourquoi tous nos articles doivent nécessairement se terminer par des propositions. Cela d’autant plus que celles faites par nos articles précédents et même nos livres ne sont pas prises en compte ou tout simplement évoquées.
Lire un article de deux pages…
Il est encore possible de comprendre que lire un article de deux pages sur un téléphone portable au pays ne soit pas toujours possible. Il est néanmoins curieux que des compatriotes vivant en Occident aient le même comportement.
Il est encore possible de comprendre que lire un article de deux pages sur un téléphone portable au pays ne soit pas toujours possible. Il est néanmoins curieux que des compatriotes vivant en Occident aient le même comportement.
Récemment, je publie un article intitulé « Avoir le pouvoir et avoir le gouvernement. La petite leçon de François Mitterrand. » Cet article cite une interview de l’épouse de François Mitterrand et un extrait d’une confidence de ce dernier au sujet de ce que les compatriotes ont appris à nommer »les vieilles démocraties ». Cette interview et cet extrait sont des remises en question sérieuses de cette dénomination.
Un compatriote lit l’article ou fait semblant de l’avoir lu. Et dans ses commentaires, il conseille d’imiter »les vieilles démocraties » alors que c’est cela que Danielle Mitterrand, son époux et les autres livres que je cite déconseillent ; avec des preuves à l’appui. Il fait comme s’il n’avait pas lu les leçons que Danielle Mitterrand a tirées de son expérience et de son échange avec son époux.
J’aurai encore compris qu’il critique leur approche de »vielles démocraties » avant de procéder à sa recommandation. Que non ! Pour lui, les leçons apprises (à l’école et dans les médias dominants) sont si ancrées qu’il n’y a aucun besoin de les remettre en cause. Bon ! C’est de son droit !
Ecrire signifie aussi agir
Je viens de lire un article de Mufoncol Tshiyoyo intitulé « Mike Hammer et Vincent Karega, ambassadeurs des USA et du Rwanda au Congo, sur un territoire conquis…» Cet article critique le rôle de mercenaire joué par le Rwanda au Kongo-Kinshasa et déconseille aux compatriotes de se laisse prendre au jeu de Karega (se trouvant sur une photo à côté de l’ambassadeur des USA au pays). Il indique comment les USA voudraient, dorénavant, s’occuper eux-mêmes du pays de Lumumba tout en mentionnant la possibilité que les jeunes kongolais ne soient plus disposés à accepter »l’occupation de leur pays ».
Comme si écrire ne signifiait pas agir, faire des choses avec les mots! Kiadi ! Comme si décrier le rôle de mercenaire oublié par plusieurs compatriotes amnésiques était synonyme de se plaindre.
Cet article clair et limpide est commenté dans tous les sens. Et les questions et les remarques »fétiches » reviennent : « »Que proposez-vous ? » ; »Se plaindre du petit Rwanda, ça ne va pas » ; »Toujours parler, quand allez-vous passer à l’action ? » ; »Vous êtes fou ». »
Comme si écrire ne signifiait pas agir, faire des choses avec les mots! Kiadi ! Comme si décrier le rôle de mercenaire oublié par plusieurs compatriotes amnésiques était synonyme de se plaindre. Comme si parler de l’éveil des jeunes kongolais n’était pas une proposition…Bualu bua dikema !
Eviter de tomber dans la pensée unique
Je n’exagère rien. Un texte, une fois écrit, n’appartient plus à son auteur. Il peut être commenté dans tous les sens. Le souhait aurait été que ce texte soit lu et critiqué à partir de son contenu et cela avec des arguments. Et que les commentaires enrichissent le débat.
Nos textes soient critiquables. Ils le seront toujours. Mais, quand nos vues sont plus élevées et incompréhensibles dans l’immédiat et sur le très court terme, je nous conseille de faire nôtre, avec beaucoup de modestie, ce petit texte de Nietzsche : « Il est inévitable, il est même plus juste que nos vues les plus élevées prennent un air de crime, voire même de folie, lorsqu’elles arrivent, par fraude, aux oreilles d’une race prédestinée à ne pas les entendre. »
Nos textes soient critiquables. Ils le seront toujours. Mais, quand nos vues sont plus élevées et incompréhensibles dans l’immédiat et sur le très court terme, je nous conseille de faire nôtre, avec beaucoup de modestie, ce petit texte de Nietzsche : « Il est inévitable, il est même plus juste que nos vues les plus élevées prennent un air de crime, voire même de folie, lorsqu’elles arrivent, par fraude, aux oreilles d’une race prédestinée à ne pas les entendre. »
Cela d’autant plus que nous ne savons pas exactement qui nous lit et quels sont les intérêts, les jeux et les enjeux qu’il sert. Il est aussi un fait que restés ouverts au débat et à la critique évitera que nous tombions dans la pensée unique et l’uniformisme.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961