Cela fait 10 ans que maintenant que l’abbé Jean-Pierre Mbelu et l’activiste politique Etienne Ngandu collaborent dans ce travail de décryptage des enjeux congolais, via CongoOne. A l’occasion de cet anniversaire, Jean-Pierre Mbelu revient sur l’importance du travail de recherche, d’analyse et d’archivage, insiste sur la nécessité non seulement de créer mais aussi de faire durer des médias alternatifs, et invite les congolais, de la diaspora notamment, à s’impliquer davantage.
Sur le travail de recherche et d’appropriation de notre histoire
Sur la création, le développement et la perception des médias alternatifs
Nous devons continuer à travailler à partir nos convictions sur le long terme, en espérant que l’un ou l’autre pourra partager ses idées.
Créer un média alternatif dans un monde où les grands qui travaillent à leur hégémonie culturelle ont beaucoup d’argent et de moyens pour imposer leurs idées, cela n’est pas facile. Mais nous nous le faisons à notre rythme. Nous contribuons ainsi humblement à l’avènement du débat d’idées.
Sur la fin du monopole informationnel
Ici déjà, dans les pays où nous vivons, avec le Grand Soir, Investig’action, le réseau voltaire, il y a un souci permanent d’avoir des médias alternatifs. Ce sont des médias qui contribuent à la mort de la pensée unique. Or, nous ne devons pas nous illusionner. Les maîtres du monde qui tiennent à imposer à ce monde la pensée néolibérale ne vont pas rester les bras croisés.
Sur l’importance de tenir dans la durée
Après 10 ans, vous ne remplacez pas dans la tête et l’esprit des congolais des siècles de domination. On a grandi avec les médias dominants. Et rares sont les pays africains dans lesquels les médias alternatifs sont promus. Mais parions que demain, il y ait un changement qualitatif du pouvoir. Il est alors possible qu’il y ait des soutiens qui puissent promouvoir les médias alternatifs, ne fut-ce que résister à la domination de la pensée unique. Il y a encore du travail à faire, il ne faut pas nous décourager face à cette lobotomisation et ce décervelage qui ont duré plusieurs années.
Toutefois, nous ne devons pas passer d’un extrême à un autre. Nous devons rester dans l’interculturalité. On peut encore avoir une oreille attentive dans ce qui se dit dans les médias dominants, tout en ayant ses propres orientations.
Sur le rôle de la diaspora
Nous jouissons d’une marge très grande de liberté d’expression dans ces pays où nous vivons, encore faudrait-il que nous sachions nous en servir. Le souhait serait que les compatriotes qui nous lisent fassent des suggestions, des propositions et des critiques qui édifient. Il faut que les compatriotes sachent que ce travail nous le faisons d’abord pour le Congo.