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L’importance du travail d’analyse, la nécessité d’avoir des médias alternatifs et la lutte contre la domination culturelle

L’importance du travail d’analyse, la nécessité d’avoir des médias alternatifs et la lutte contre la domination culturelle

L’importance du travail d’analyse, la nécessité d’avoir des médias alternatifs et la lutte contre la domination culturelle 969 529 Ingeta

Cela fait 10 ans que maintenant que l’abbé Jean-Pierre Mbelu et l’activiste politique Etienne Ngandu collaborent dans ce travail de décryptage des enjeux congolais, via CongoOne. A l’occasion de cet anniversaire, Jean-Pierre Mbelu revient sur l’importance du travail de recherche, d’analyse et d’archivage, insiste sur la nécessité non seulement de créer mais aussi de faire durer des médias alternatifs, et invite les congolais, de la diaspora notamment, à s’impliquer davantage.

Sur le travail de recherche et d’appropriation de notre histoire

Les pays qui veulent aller de l’avant doivent pouvoir consacrer une bonne partie de leur temps à l’étude des questions liées à leur histoire, aux événements tragiques qu’ils rencontrent, à l’étude des questions liées à l’autre. Un pays qui veut aller de l’avant doit pouvoir avoir certains de ses fils et de ses filles qui consacrent beaucoup de temps à l’étude. Et malgré les difficultés qu’ils rencontrent, nous pouvons faire l’éloge des pays dans lesquels nous vivons. Parce qu’ils consacrent énormément de temps et de moyens à l’étude, à la recherche et à l’archivage des résultats de ces études. Ce qui fait que nous soyons colonisables par ces pays, c’est aussi parce qu’ils ont cette capacité à avoir des archives auxquelles ils recourent pour savoir sur quel pied danser ou pouvoir consulter l’héritage de leurs ancêtres dans cet œuvre de l’appropriation des autres contrées du monde.

Sur la création, le développement et la perception des médias alternatifs

Fidel Castro disait, on ne tue pas les idées. Et pour que les idées ne puissent pas être tuées, elles ont besoin d’avoir un support. C’est là le sens d’avoir des livres mais aussi des médias alternatifs. Pendant longtemps, nous n’avons eu qu’un seul son de cloche au sujet des questions concernant l’Afrique et notre pays. Aujourd’hui même si nous ne sommes pas reconnus au même titre que Marie-France Cros ou Colette Braeckman, nous avons réussi à créer un média à nous.
Nous devons continuer à travailler à partir nos convictions sur le long terme, en espérant que l’un ou l’autre pourra partager ses idées.
Créer un média alternatif dans un monde où les grands qui travaillent à leur hégémonie culturelle ont beaucoup d’argent et de moyens pour imposer leurs idées, cela n’est pas facile. Mais nous nous le faisons à notre rythme. Nous contribuons ainsi humblement à l’avènement du débat d’idées.

Sur la fin du monopole informationnel

Quand nous voyons aujourd’hui le travail abattu par Amba Wetshi, quand nous voyons le travail effectué par certaines radios congolaises en ligne, nous nous disons, non, il y a des petits qui sont en train d’être faits, et des petits pas qui peuvent être capitalisés demain, si jamais, demain, il y a une alternative politique au Congo. Ce qui permettra à ce travail d’avoir un enracinement au Congo. De façon que notre approche alternative demeure à toujours jamais. Parce que le danger que court le monde aujourd’hui, avec les médias dominants, c’est le triomphe de la pensée unique.
Ici déjà, dans les pays où nous vivons, avec le Grand Soir, Investig’action, le réseau voltaire, il y a un souci permanent d’avoir des médias alternatifs. Ce sont des médias qui contribuent à la mort de la pensée unique. Or, nous ne devons pas nous illusionner. Les maîtres du monde qui tiennent à imposer à ce monde la pensée néolibérale ne vont pas rester les bras croisés.

Sur l’importance de tenir dans la durée

Notre travail n’a que 10 ans. C’est encore peu. Nous avons besoin de beaucoup de persévérance. Parce que sur ces 10 ans, nous avons jeté des petites bases, si le seigneur nous donne vie, que nous fassions encore une dizaine d’années en diversifiant notre mode de fonctionnement, et là au bout de 20 ans, nous pourrions tirer un certain bilan.
Après 10 ans, vous ne remplacez pas dans la tête et l’esprit des congolais des siècles de domination. On a grandi avec les médias dominants. Et rares sont les pays africains dans lesquels les médias alternatifs sont promus. Mais parions que demain, il y ait un changement qualitatif du pouvoir. Il est alors possible qu’il y ait des soutiens qui puissent promouvoir les médias alternatifs, ne fut-ce que résister à la domination de la pensée unique. Il y a encore du travail à faire, il ne faut pas nous décourager face à cette lobotomisation et ce décervelage qui ont duré plusieurs années.
Toutefois, nous ne devons pas passer d’un extrême à un autre. Nous devons rester dans l’interculturalité. On peut encore avoir une oreille attentive dans ce qui se dit dans les médias dominants, tout en ayant ses propres orientations.

Sur le rôle de la diaspora

Ce sont des minorités conscientes qui gèrent le monde. Consciences des orientations qu’elles se sont imposées. Et ces minorités, petit à petit, s’efforcent d’agréger toujours davantage de monde à leurs projets et orientations pour pouvoir gérer le monde. Ne nous imaginons pas que c’est quand nous aurons de milliers de congolais qui viendront nous lire que nous pourrons devenir un média respectable. Nous sommes déjà un média respectable.
Nous jouissons d’une marge très grande de liberté d’expression dans ces pays où nous vivons, encore faudrait-il que nous sachions nous en servir. Le souhait serait que les compatriotes qui nous lisent fassent des suggestions, des propositions et des critiques qui édifient. Il faut que les compatriotes sachent que ce travail nous le faisons d’abord pour le Congo.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).