Par Mufoncol Tshiyoyo
Pourquoi la tendance au Congo est de présenter généralement les USA comme s’il s’agissait d’un grand pays ami du Congo ?
C’est un constat qui est fait, et qui à l’occasion peut être inexact, à partir de l’observation du comportement de différentes générations qui ont eu à se succéder à la direction du pouvoir-os au Congo. La question qui est posée n’a pas pour finalité de pleurnicher sur la qualité de relations entre les USA et le Congo ou d’accuser les USA de tous les maux, par exemple d’afficher un comportement belliqueux contre le Congo. On connaît la nature de la réponse à ce type de questionnement. C’est presque la même que l’on rencontre chez tous les apôtres de la bien-pensance au Congo.
Et si les USA étaient l’ennemi du Congo?
On entend souvent que le Congo n’est pas un pays à part, isolé, en ce sens qu’il n’est pas le seul à subir le manque de considération humaine que la toute-puissance Amérique et son orgueil réservent aux peuples habituellement vaincus et dominés. Mais, comme je le sais et l’affirme, je ne suis pas étranger à ce type de refrains. Et je ne voudrais pas non plus m’y retarder, en me lançant dans des disputes sans lendemain, parce qu’elles tournent souvent à un pugilat de fanatisme. Pour le Congo, je n’appartiens à aucun cas, sauf celui de la patrie.
Pourquoi il y a cette tendance à vouloir coûte que coûte faire du Congo, et sans discussion préalable, un « allié », et voilà un autre gros mot, un allié uniquement des USA ? Certes qu’il n’y aurait aucun mal à ce choix, si seulement il en était un, mais le fait de ne jamais penser au contraire titille un peu l’intelligence humaine.
Mon présent texte est juste rédigé pour comprendre pourquoi des Congolais, parmi les dirigeants autoproclamés du pouvoir-os, n’ont jamais osé penser le contraire ? Que les USA puissent bien être l’adversaire ou l’ennemi du Congo ? Alors, pourquoi il y a cette tendance à vouloir coûte que coûte faire du Congo, et sans discussion préalable, un « allié », et voilà un autre gros mot, un allié uniquement des USA ? Certes qu’il n’y aurait aucun mal à ce choix, si seulement il en était un, mais le fait de ne jamais penser au contraire titille un peu l’intelligence humaine. Des questions pleuvent. Est-ce parce que les USA sont considérés par ces Congolais comme l’unique puissance, à la fois humaniste (une autre musique souvent reprise en chœur) et magnanime à même d’exister sur la terre dite des hommes ? Ou c’est parce que culturellement, la culture américaine, et à laquelle plusieurs d’entre eux s’accrochent, aveugle et modélise la manière de penser de ces Congolais ? Est-ce la peur ou c’est encore l’expression du mental du colonisé qui condamne et condamnerait à jamais, si rien n’était entrepris dans le sens de corriger et d’orienter le mode d’agir congolais, le Congo à demeurer un objet de jouissance pour autrui ?
Une chose est que je suis en droit de me demander si le fait de poser la question de cette manière, entre nous et sans animosité aucune, serait synonyme du fait d’être traité d’antiaméricanisme ? Après le 11 septembre, Bush fils disait à l’endroit de toutes celles et tous ceux qui diraient non à l’Amérique, et ce qui rappelait deux autres Allemands, l’empereur Guillaume et Hitler : « Qui n’est pas avec nous, est contre nous, il est notre ennemi ». Dans ce cas, serais-je un anti ceci ou un anti cela quand je laisse courir en toute liberté mon opinion sur le choix à faire pour tout ce qui de l’ordre du présent et de l’avenir du peuple congolais ? Est-ce que le peuple congolais, dans son ensemble, par incapacité imaginative et créative de ses élites, préfère ressembler et vivre comme des Américains, comme des Chinois, des Russes ?
L’Amérique impose une guerre au Congo
L’Amérique peut être ce qu’elle est, et on ne doit vouloir qu’elle ressemble à notre souhait, mais qui sommes-nous en réalité dans le règne de la jungle pour revendiquer quoi que ce soit et à qui que ce soit qui n’est pas de l’ordre de ce que nous avons gagné ou arraché ? L’Amérique appartient aux Américains alors que, pour les Américains, le Congo ne peut exister selon uniquement le bon vouloir de l’homme congolais qui y habite. On pourrait bien souhaiter être aveugle, mais la réalité congolaise, telle qu’elle est subie et vécue pousse à développer et adopter d’autres attitudes comportementales vis-à-vis de tiers. Les Congolais n’ont jamais été contre les USA, mais ce n’est pas que l’on apprend sur l’Amérique au sujet du Congo.
L’Amérique appartient aux Américains alors que, pour les Américains, le Congo ne peut exister selon uniquement le bon vouloir de l’homme congolais qui y habite.
Dans le livre de l’avocate vénézuélienne Eva Golinger, « Code Chavez , CIA contre Venezuela », préfacé par le Belge Michel Collon, on apprend de Michel Collon que l’Amérique impose une guerre au Congo. Je cite : « La guerre non déclarée que les États-Unis imposent au Congo depuis des années, par l’intermédiaire de milices locales [M23, RCD] et des armées rwandaise et ougandaise, et cela dans le but de contrôler ses matières stratégiques (minerais, cuivre, uranium, coltan…) [Et cela me fait un peu sourire quand j’entends gagnant-gagnant avec une puissance adversaire dont l’objectif est de ne jamais jouer au gagnant-gagnant avec le Congo dont elle contrôle déjà tout et les hommes politiques et le pays lui-même]. Dans cette guerre dite de « basse intensité » quatre millions de victimes, directes et indirectes ! on retrouve aussi les tentacules de la CIA. Notamment par l’envoyé spécial des États-Unis, William Swing, [alors que de mémoire des hommes, tout le monde au Congo l’a fréquenté et n’a juré que sur lui], qui a organisé le dépeçage et la paralysie du pays. D’abord comme ambassadeur à Kinshasa, puis à Kigali d’où il patronne systématiquement les agressions de l’armée rwandaise. Swing est considéré comme le véritable maître du Congo et tout son travail consiste à saboter la marche du pays vers une réelle indépendance «, (Golinger 2005 : 41).
Ne faudrait-il pas en parler ? Michel Collon n’est pas le seul à se prononcer sur la question du Congo en accusant nommément les USA. Il y a un autre Belge Ludo de Witte qui a écrit « L’Ascension de Mobutu Comment la Belgique et les USA ont fabriqué un dictateur ». On peut en citer d’autres, notamment Bernard Debré, un Français parmi d’autres français, dans « Le retour du Mwami : la vraie histoire des génocides rwandais ». Des militaires américains sont tués en 1996 au Congo. Par qui et pourquoi alors que le Congo n’a jamais été en guerre contre les USA ?
Le Congo appartient aux Congolaises et aux Congolais
Est-ce qu’en parler c’est prendre le risque de se faire assassiner dans les rues de l’occident par un fanatique occasionnel et un fou ? Il n’y a pas d’antiaméricanisme, mais il y a juste un désir de le savoir au nom d’un peuple qui ne trouve personne de le défendre.
Un vrai débat national au sujet de nos relations avec les puissances et autres peuples et voisins doit vivement décider de l’orientation à donner au Congo. Il n’y a ni de gens ni un groupe déterminé qui devrait unilatéralement décider en lieu et à la place de la femme et de l’homme congolais.
Aujourd’hui, le mot en vogue au Congo, parce qu’il revient souvent, c’est la diplomatie. Mais comme l’écrit l’allemand Andreas von Bülow, il cite Kissinger dans son article : « Nous devons d’abord lutter contre la manipulation » : « Regardez les gourous de l’impérialisme états-unien comme Henry Kissinger, qui conseille des républicains. Dans son livre de mille pages intitulé Diplomatie, il fait l’éloge de chaque homme d’État de l’histoire, français, anglais, espagnol ou états-unien, ayant commis avec succès des crimes contre le droit national ou international afin d’étendre sa puissance nationale ». Du concept diplomatie, nous en saisissons que tout ce que l’on entend ce dernier temps ?
Non, un vrai débat national au sujet de nos relations avec les puissances et autres peuples et voisins doit vivement décider de l’orientation à donner au Congo. Il n’y a ni de gens ni un groupe déterminé qui devrait unilatéralement décider en lieu et à la place de la femme et de l’homme congolais. Si ce n’est le cas, la jeunesse de la bourgeoisie locale au Congo qui opte pour des choix qui lui sont imposés et prêt-à-porter doivent se ressaisir car le Congo appartient aux Congolaises et aux Congolais, à tout le monde. Seuls les rapports de force pourront déterminer la suite des évènements et la question de la conquête du vrai pouvoir opposé au pouvoir-os au Congo.
Mufoncol Tshiyoyo, MT
Les Nationalistes (authentiques) Émergents, LNE