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L’extermination des congolais est à la fois planifiée et systémique

L’extermination des congolais est à la fois planifiée et systémique

L’extermination des congolais est à la fois planifiée et systémique 800 602 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu souligne comment l’affaire de la fosse commune de Maluku est liée à la guerre perpétuelle menée contre le Congo, décrypte le processus systémique d’extermination des congolais, analyse la perte de sens de la vie par une partie des populations congolaises, et explique pourquoi les congolais doivent ouvrir le bon œil et organiser la résistance au-delà des divisions partisanes.

Sur le lien entre l’affaire la fosse commune de Maluku et la guerre contre la RDC

La communication du régime peine à convaincre parce que ce régime est fondé sur les anti-valeurs et beaucoup plus particulièrement sur la mort, la cupidité, le mépris des gens et l’instinct de domination.
Les fosses communes, qu’on retrouve à Kinshasa mais aussi au Katanga, à Kananga, à Mbuji-mayi, à Kisangani, ou dans d’autres coins du Congo, ne peuvent être bien approchées et bien comprises que si elles sont replacées dans le contexte général de la guerre perpétuelle qui est menée contre le Congo depuis 1996.
Cette guerre tient à détruire les symboles sociaux et culturels du Congo. Les responsables des villages sont tués, les religieux qui constituent références pour nos populations sont massacrés, nos villages sont désertés, les femmes et même les enfants sont violés, les hommes sont ridiculisés en face de leurs femmes et de leurs enfants.
Il y a cette guerre menée contre les congolais du point de vue psychologique, du point de vue culturel, du point de vue social et cette guerre tient à détruire chez les congolais et les congolais et congolaises toute velléité de résistance contre l’ordre néolibéral et raciste que ceux qui ont orchestré cette guerre là tiennent à imposer aux congolais.
Voilà ce qui se passe : Comme les symboles protecteurs du Congo sont détruits, surtout dans l’arrière pays, les populations congolaises désertent les villages, qui sont après occupés par les nègres de service de l’ordre néolibéral. Ces populations vont ensuite s’entasser dans les cités et bidonvilles et là ils tombent dans l’anonymat. Ils y souffrent de la faim, de l’indifférence et de différentes malades. Ils peuvent y mourir dans l’indignité.

Sur la justice au Congo

Dans ce pays, depuis la guerre de l’AFDL, les tribunaux n’ont jamais et n’ont pas encore jugé les criminels de guerre.
Pour pouvoir mettre fin à cette guerre perpétuelle, il avait été prévu que l’on crée au pays la commission vérité et réconciliation. Nous, nous la dénommons la commission justice, vérité et réconciliation. Cette commission n’a jamais vu le jour.
A la publication du rapport Mapping, il a été prévu qu’on puisse créer au Congo des chambres mixtes pouvant aider le pays à exercer la justice à l’endroit des criminels de guerre et criminels contre l’humanité. Les chambres mixtes n’ont jamais vu jour.
Si aujourd’hui, Mende cherche à nous convaincre que toute la vérité et toute la justice pourront être faites sur les fosses communes de Maluku, croire en ce qu’il dit, c’est se leurrer. Nous avons affaire à un régime mortifère, à une association de malfaiteurs impliqués dans l’imposition du système néolibéral aux populations congolaises. Leurs discours participent de l’instauration de ce système au Congo.

Sur l’extermination des congolais

Si nous ne faisons pas attention, nous allons disparaître comme peuple. Nous sommes là depuis 1996 en face d’une planification systématique de l’extermination des congolais. Tous les moyens sont possibles pour exterminer les congolais, balkaniser le pays, l’offrir aux agents du néolibéralisme et aux autres racistes qui tiennent à effacer les traces des congolais de cet espace géographique.
Nous devons faire très attention, l’extermination des congolais est à la fois planifiée et systémique. C’est avec la guerre de l’AFDL que cette extermination s’est intensifiée mais il faut se rappeler que pendant « la colonisation », il y a eu au moins 10 millions de congolais qui ont été tués.
Il y a derrière tout ce qui est en train de se passer au Congo beaucoup de racisme, beaucoup de mépris à l’endroit des congolais et aux efforts qu’ils sont en train de déployer pour devenir un peuple libre , capable de s’autodéterminer et vivre dans un pays souverain. C’est contre cela que le régime agit, et qui dit régime dit petites mains de l’ordre ultralibéral.

Sur la perte du sens de la vie

Il est en train de se passer dans notre pays, quelque chose de trop grave. On va montrer à nos populations comment, dans les morgues de certains hôpitaux, une partie de notre population meurt dans l’indifférence. Et le peuple congolais est en train d’être classifié par les peuples indigents, mendiants, qui peuvent mourir dans l’indignité et l’indifférence. Or, on ne cesse de nous dire qu’au Congo, la croissance est à deux chiffres. Avec ces morts qu’on entasse, cette histoire de croissance à deux chiffres se révèle être un mensonge cousu de fil blanc. Mais il y a pire, avec ces morts que l’on entasse et que l’on va jeter dans les fosses communes, le congolais moyen a perdu tout sens du respect de la vie et de la mort. C’est ce que ce régime est en train d’étaler au grand jour. Pour les congolais, africains de surcroît, qui ont appris à enterrer leurs morts dans la dignité, tomber dans ce qui se passe maintenant, commencer à parler des indigents, commencer à parler des mendiants qui meurent dans l’indifférence générale, c’est un mauvais signe. C’est signe que nous sommes sur une pente très glissante de l’extermination des congolais, mais aussi sur une pente très glissante de la perte du sens de la vie et du sens de la mort. Quand une bonne partie du peuple en arrive là, ce peuple est appelé à disparaître.
Le peuple congolais est un peuple brutalisé que le régime cherche à anéantir par tous les moyens.
Ces méthodes brutales, qui conduisent à l’extermination de notre peuple, vont davantage être utilisées. Et à l’approche de 2016, il n’est pas exclu que la politique de la terre brûlée puisse être utilisée au Congo.
Le danger est sérieux, l’extermination planifiée et systématique est mise en place. Nous devons pouvoir ouvrir l’œil et le bon. Et arriver à pouvoir dépasser tout esprit partisan pour créer des mouvements de résistance qui s’inspirent des grandes luttes que nos ancêtres ont mené, de l’esclavage à l’indépendance en passant par la colonisation.

Sur le mode de fonctionnement du régime au Congo

Si nous remontons au rapport Kassem de 2002 et au fonctionnement du réseau transnational de prédation au Congo, on se rend compte que, depuis toujours, il y a des réseaux de la mort qui fonctionnent pour que ce régime puisse tenir le coup. Mais nous pouvons tout simplement prendre comme exemple cette guerre. A un certain moment, nous oublions que plusieurs qui sont morts du régime actuel viennent des rébellions montées par les pays qui ont été utilisés dans la guerre contre le Congo.
Christopher Black a très explicitement écrit que le but de la guerre menée contre l’Ouganda et le Rwanda était de pouvoir arriver au Congo et que le Rwanda et l’Ouganda ont servi de tremplin. Dès que nous perdons de vue, le bien fondé de la guerre menée contre le Congo en 1996, nous n’arrivons plus à voir clair et nous avons tendance à prendre le régime actuel comme un gouvernement normal. Non, c’est un régime fondé sur la mort, la fraude, la tricherie et le mensonge, et pour se maintenir, il doit recourir à ces méthodes là.

Sur Kabila et l’approche de 2016

Kabila n’a pas de dauphin. Il va tout faire avec ses amis pour pouvoir truquer les élections locales et provinciales et trouver soit le moyen d’organiser un référendum qui reviendrait sur l’article 220 soit trouver un subterfuge qui lui permettrait de pouvoir se maintenir au cœur de son régime jusqu’après 2016.
Nous devons nous faire à l’idée que le soutien de certains de ses parrains ne lui a pas encore été retiré. La fin 2015 et le début 2016 risque d’être très tourmenté au Congo. Et Kabila est prêt à tout pour rester khalife à la place du khalife. Ce n’est pas pour rien que, selon certains bruits, Kabila aurait frappé à mort Apollinaire Malu Malu.
Les congolais doivent rester en éveil et comprendre qu’il faut aller au-delà de leurs esprits partisans, de leurs divisions pour arriver à créer un grand mouvement de résistance contre l’ordre esclavagiste, néocolonial et néolibéral qui tien à écraser et tirer sur tout ce qui bouge.

INGETA.

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