Par Jean-Pierre Mbelu
Dans « un Etat manqué », les institutions existent formellement. Mais elles sont vidées ou vides de contenu. Un exemple : « Une direction générale de contrôle des marchés publics » peut décommander un marché et « les patrimonialistes » opérant au sein de cet « Etat » n’en tiennent pas compte.
Au contraire, ils menacent les responsables de cette institution évidée de contenu et de sens de mort. Plongés dans la peur, ils sont incapacités, impuissantés. Ils ne peuvent plus rien faire d’autre que d’assurer l’existence formelle de cette institution.
Dans cet « Etat manqué », il y a un problème sérieux lié au sens des mots. « Un projet déclaré caduque » existe toujours. Or, le dictionnaire nous enseigne que « caduque » signifie « Qui a une durée de vie limitée, qui ne peut pas durer dans le temps, qui est déjà dépassé. »
Dans « un Etat-manqué-raté », la déconstruction des mots à partir de la lecture des faits devrait être un exercice permanent. Un effort a déjà été déployé dans ce sens et a produit notre « Ingeta. Dictionnaire citoyen pour l’insurrection des consciences ».
Donc, « un Etat manqué » souffre aussi de la crise de sens de mots pouvant influer sur l’orientation, la direction à donner au pays pour le sortir du « patrimonialisme ». Du coup, « un Etat manqué » ayant des institutions impuissantées peut devenir « un Etat raté » c’est-à-dire « incapable de répondre aux besoins existentiels de ses populations et à leur désir collectif du bien-vivre. »
Dans « un Etat-manqué-raté », la déconstruction des mots à partir de la lecture des faits devrait être un exercice permanent. Un effort a déjà été déployé dans ce sens et a produit notre « Ingeta. Dictionnaire citoyen pour l’insurrection des consciences » (2017). Les mots sont des armes redoutables. Déconstruits, reconstruits et/ou utilisés à bon escient, ils mettent debout les consciences qu’ils mobilisent.
Et quand les luttent portées par ces « consciences debout » deviennent celles de la conscience collective par « une fraternité de la nuit », elles peuvent faire tomber « les murs les plus puissants par leurs fissures ».
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961