Par Mufoncol Tshiyoyo
En 1997, les États-Unis agressent le Congo. À travers une opération sous fausse bannière ou sous faux pavillon, ils instrumentalisent le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola, pour ne citer que les pus en vue, pour attaquer le Congo. D’habitude, ce type d’opérations sont menées en se servant de « marques de reconnaissance de l’ennemi ». En Afrique, les Africains se désignent eux-mêmes partenaires et alliés alors que leur statut est en réalité celui de l’ennemi en devenir. On peut parler de mutation par gradation. Le comprendre, c’est déjà saisir la nature de l’adversité.
Bernard Debré explique encore mieux la situation des Grands Lacs, de ce qui s’est réellement passé au Congo en commençant par le Rwanda. On peut le lire dans « Le Retour du Mwami, La vraie histoire des génocides rwandais ». Les « Américains n’avaient aucun intérêt à ce que les Hutu remportent la victoire ; maintenir la paix aurait été signifié aux Tutsi qu’ils ne pouvaient espérer de gagner la guerre et qu’on aboutirait de nouveau à des accords du Type Arusha. De tout cela les Tutsi, donc les États-Unis, ne voulaient pas » (Debré, 1998 :131). Debré insiste « les Tutsi, donc les États-Unis ». C’est encore plus clair quand dans le même livre, il parlera de corps des militaires américains décédés au Congo sur le champ de bataille que des militaires fraîchins à la demande des Américains ramener vers le Rwanda pour les transférer par la suite aux États-Unis. « Pendant la guerre qui va bientôt éclater, des militaires américains seront tués [au Congo]. Leurs corps seront rapatriés discrètement grâce au concours des troupes françaises stationnées dans la région » (Idem, 162). Pour Debré, et l’histoire lui donne raison, « ne faut-il pas regarder de plus près du côté de l’homme [installé] confortablement, et pour longtemps certainement, à la tête du Rwanda [et qui est appelé] à diriger la région d’une main de fer ». Au Congo, avant Laurent Désiré est égal à l’après Laurent Kabila. En d’autres termes, à la tête du Congo régnera pour longtemps encore un « président en carton-pâte », un monstre de Frankenstein.
Le journaliste congolais qui diffuse l’information de l’atterrissage d’un avion américain à l’aéroport de N’Djili à Kinshasa avec à son bord 80 GI’s américains oublie de préciser ou ignore que les USA sont chez eux au Congo et cela ne date d’hier. L’avion qui a atterri officiellement à Kinshasa ne cache pas la présence de AFRICOM (U.S. Africa Command) à Kisangani. Loin des apparences actuelles, l’agenda au Congo reste jalousement sous le contrôle de ses propriétaires anglo-saxons. Aujourd’hui et pour certains, « les Tutsis disposent de la même légitimité d’Israël dans la région » (idem, 134). Poser la problématique congolaise sous ses véritables angles, ce n’est pas s’interdire de parler aux élites Anglo-saxonnes, mais à partir de quel positionnement ou pour être plus net sur quelle base de rapports de force sur le terrain.
Quand on joue avec le feu dans les Grands Lacs et au Congo, on n’oublie qu’il peut à tout moment brûler. Le vieux lion Américain, Henry Kissinger disait : « Si vous ne pouvez pas entendre les tambours de guerre, il vous faut être sourd » (If you canot hear the drums of war you must be deaf). Et en prédiction de ce qui arriverait, et qui s’inscrit logiquement dans le même registre que les propos susmentionnés, Daniel Pipes, fils d’un conservateur américain, rappelle à notre mémoire la situation de la guerre Iran-Irak de 1980-1988. L’histoire est pourtant présente pour nous aider à mieux saisir les termes de la paix américaine. Ni l’Irak, ni L’Iran, les deux n’ont gagné la guerre. « C’est dommage que les deux ne puissent pas perdre… Ce n’est mieux qu’aucune des parties ne gagne » (lire à ce sujet l’article « Soutenir Assad » de Daniel Pipes). Le cynisme américain dans toute son expression.
C’est bien triste que tout est fait et subi au Congo par procuration.
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
un homme libre