Par Patrick Mbeko
L’annonce de la célébration de l’an 1 de « l’alternance » made in Kingakati — une « alternance pacifique » qui a fait plusieurs centaines de morts et dont la célébration en grande pompe devrait coûter près de 6 millions de dollars US au trésor public congolais — a terriblement choqué l’opinion publique et on peut comprendre pourquoi.
Mais au-delà de l’immense tollé et de l’indignation soulevés par cette affaire, ne devrons-nous pas, nous Congolais, nous interroger sur notre propre responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays ? Notre complaisance à l’égard des anti-valeurs, du mensonge et de la médiocrité n’explique-t-elle pas en partie les dérives auxquelles nous assistons aujourd’hui ?
Quand on ruse avec les principes…
Lorsqu’en janvier 2019, nous avons fustigé la fraude électorale qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir, on nous a traités de tous les noms d’oiseaux. Certains ont cautionné cette escroquerie électorale au prétexte que « Félix aza mwana mboka ». Des prétendus militants des droits de l’Homme (on peut penser à Paul Nsapu de la FIDH, Benjamin Stanis Kalombo de l’APRODEC, JC Katende et tant d’autres) ont soutenu le faussaire, allant jusqu’à alléguer que le vrai gagnant de l’élection présidentielle n’était pas connu (argument de B. Stanis Kalombo).
Quand on ruse avec les principes, on prend des arrangements avec le faux et le mensonge, on négocie avec les anti-valeurs au nom d’on ne sait quelle logique, pourquoi froncer les sourcils lorsque les choses tournent au vinaigre ? Qui ne sait pas que le pouvoir moribond de Félix Tshisekedi n’est pas l’émanation de la volonté des Congolais ?
Alors que nous savions tous que le vainqueur était et reste Martin Fayulu. À l’instar des prétendus militants susmentionnés, certains politiciens et journalistes (je salue Kerwin Mayizo qui est l’un des rares journalistes à avoir refusé la complaisance) ont préféré fermer les yeux sur l’escroquerie électorale au prétexte qu’il fallait passer à autre chose et accorder le bénéfice du doute à CACH, dont la fausse victoire émanait pourtant de la Kabilie. Aujourd’hui, certains de ces individus se disent scandalisés par tout ce qui se passe au sommet de l’État depuis l’arrivée du duo F.Tshisekedi- V.Kamerhe aux affaires. Et pourquoi donc ?
Quand on ruse avec les principes, on prend des arrangements avec le faux et le mensonge, on négocie avec les anti-valeurs au nom d’on ne sait quelle logique, pourquoi froncer les sourcils lorsque les choses tournent au vinaigre ? Qui ne sait pas que le pouvoir moribond de Félix Tshisekedi n’est pas l’émanation de la volonté des Congolais ? Qui ne sait pas que Félix est au pouvoir grâce à Joseph Kabila et à Paul Kagame ? Qui ne sait pas que ce monsieur qui nous sert de Président est un faussaire ? Qui ne sait pas que Vital Kamerhe, son « homme de main », est un jouisseur qui, comme son patron, ne cherche qu’à s’enrichir sur le dos des Congolais encore et encore, quitte à dépouiller le pays jusqu’à l’os ?
De la responsabilité du peuple congolais
Quand on connaît le pédigrée de ces deux hommes, et quand on sait dans quelle condition ils sont arrivés aux affaires, peut-on être surpris par ce qui se passe au sommet de l’État ? Peut-on être surpris de les voir trahir la République au profit du Rwanda ? Peut-on être surpris de les voir saigner le trésor public aux quatre veines pour entretenir leur nouveau train de vie princier ? Peut-on s’étonner de les voir désacraliser les institutions du pays?
Ce ne sont pas Félix, Vital et tous les délinquants qui les entourent qui sont le problème, mais bien ceux des Congolais qui refusent de comprendre que ces gens sont foncièrement nuisibles pour la République à démocratiser du Congo et méritent d’être combattus avec la dernière énergie.
Aucun peuple sérieux et normalement constitué dans ce monde ne peut accepter ce qui se passe en RDC. Aucun. C’est quoi ce pays où les massacres à répétition des populations civiles innocentes n’émeuvent pas grand monde ?! C’est quoi ce pays dirigé par un président faussaire secondé par un dircab jouisseur qui a tout d’un hors-la-loi, pour ne pas dire d’un voyou de Kigali ? C’est quoi ce pays qui n’a pas honte de faire d’anciens délinquants et voyous d’Europe et d’Amérique du Nord d’« honorables » ministres et députés ! C’est quoi ce peuple qui accepte d’être dirigé par des bandits sortis d’on ne sait quelle forêt ?! C’est quoi ce peuple qui tolère aussi facilement les anti-valeurs au point d’en faire une norme ?C’est quoi cette population affamée et foncièrement appauvrie qui soutient ceux qui la clochardisent !
Bref. Ce n’est pas la communauté internationale qui est le problème ici, encore moins la MONUSCO, mais bien les Congolais. C’est notre complaisance, notre partisanerie, notre fanatisme irraisonné qui sont en cause. Nous avons toléré un pouvoir moribond qui n’est pas l’émanation de la volonté populaire et nous nous offusquons de le voir travailler contre les intérêts du Congo et des Congolais. Ce ne sont pas Félix, Vital et tous les délinquants qui les entourent qui sont le problème, mais bien ceux des Congolais qui refusent de comprendre que ces gens sont foncièrement nuisibles pour la République à démocratiser du Congo et méritent d’être combattus avec la dernière énergie.
Patrick Mbeko