Par Jean-Pierre Mbelu
« La seule chose dont vous avez besoin pour transformer les gens en esclaves, c’est la peur. »
– Robert Kennedy Jr
Il y a quelques jours que les enfants congolais ont été tués et violés sur leur lieu éducatif, à l’école. Certains compatriotes ont posés des questions du genre : « Qu’est-ce qui se passe encore ? Pourquoi s’en prendre aux enfants ? » D’autres voulaient savoir si le pays est toujours en guerre. D’autres encore qualifiaient ces actes de barbares sans répondre à cette préoccupation des compatriotes.
A mon humble avis, j’estime qu’il n’y a rien de plus cruel que de consentir à se mentir à soi-même pendant longtemps. Plusieurs compatriotes refusent de le savoir. Ils entretiennent la volonté d’ignorer cette vérité. A leurs dépens. Ils refusent de comprendre que le pays connaît une guerre perpétuelle. Cette guerre de prédation et de basse intensité a pris des élans du « génocide », de l’extermination des Congolais(es) sans aucune autre raison que celle de les savoir Congolais(es). Avant-hier, à Kasika, à Mwenga et à Makobola, les femmes furent éventrées et les fœtus pilés dans des mortiers au cours de cette guerre. Hier, au Kongo Central, les Bundu dia Mayala ont été massacrés sans état d’âme ; à Kananga, des familles entières ont été décimées ; à Maluku, des corps congolais ont été enterrés dans des fosses communes ; à Kinshasa, Thérèse Kapangala et Mukendi Tshimanga ont été abattus comme des malfrats, etc.
Tuer et violer les enfants congolais…
Aujourd’hui, les enfants congolais sont tués et violés à l’école, sur un lieu supposé ouvrir leur intelligence au « bomoto », à l’humain qui est en eux, à la connaissance du monde et à la transformation de leur milieu de vie. Malheureusement, encore une énième fois, il n’y a pas eu, officiellement, de drapeau en berne ! Encore une énième fois, aux yeux de « nouveaux kapita médaillés », nos morts ne comptent pas.
Tuer et violer les enfants sur leur lieu éducatif est un message à décrypter. Le choix pour l’abrutissement assujettissant des Congolais participe de cette guerre anglo-saxonne par des proxies interposés. Il facilite l’imposition de leur hégémonie politique, économique, culturelle et militaire aux cerveaux abîmés par la bêtise humaine.
Tuer et violer nos enfants sur leur lieu éducatif est un signal très fort vis-à-vis du devenir collectif congolais. Les enfants sont les symboles de notre à-venir. Les proxies tueurs exécutant les ordres de leurs parrains ne voudraient pas que le Congo-Kinshasa ait un à-venir.
Tuer et violer nos enfants sur leur lieu éducatif peut être lu comme une façon de leur inculquer la peur des choses de l’esprit pouvant les libérer des chaînes de l’esclavage moderne où sont tombés plusieurs marionnettes et « compradores » livrant depuis plus de trois décennies le Congo de Lumumba aux vautours de tous bords.
Tuer et violer nos enfants sur leur lieu éducatif vient rappeler aux plus paresseux d’entre nous que la guerre perpétuelle menée contre le Congo-Kinshasa est prioritairement une guerre contre l’intelligence (congolaise). Cela pourrait être une façon de préparer l’évitement d’une confrontation prochaine et soutenue de l’intelligence congolaise contre celle des autres.
Tuer et violer nos enfants sur leur lieu éducatif est un signal très fort vis-à-vis du devenir collectif congolais. Les enfants sont les symboles de notre à-venir. Les proxies tueurs exécutant les ordres de leurs parrains ne voudraient pas que le Congo-Kinshasa ait un à-venir. Faire disparaître les filles et les fils du Congo-Kinshasa ainsi que leur progéniture de la carte de l’Afrique serait leur meilleur souhait.
Méditer sur notre devenir collectif
« Les petits génies congolais » font peur. Ils risquent d’être les Kimpa Vita, les Kimbangu, les Lumumba, les Kasavubu, les Mabika Kalanda, les Ngalula Mubenga, etc. de demain… Face à cette tragédie permanente, les drapeaux en berne auraient pu être un appel à méditer sur notre devenir collectif en tant que nation. Ils auraient pu susciter un sursaut de patriotisme, entretenir un sentiment national et constituer un appel à l’unité pour la cause Congo. Contre vents et marées. Malheureusement, il n’en est pas encore question.
Tuer et violer nos enfants, c’est s’en prendre aux futurs propriétaires des terres congolaises pour en déposséder le pays. Ces tueries et ces viols nous rappellent que cette guerre se poursuit.
Il faudrait y penser dans un avenir tout proche. Mettre les drapeaux en berne devra signifier qu’à nos yeux, en tant que nation, nos morts comptent et que nous cultivons la mémoire de leur martyr en cherchant à inventer des stratégies de défense populaire pouvant éviter la répétition de ce calvaire. Tuer et violer nos enfants, c’est s’en prendre aux futurs propriétaires des terres congolaises pour en déposséder le pays. Ces tueries et ces viols nous rappellent que cette guerre se poursuit.
En effet, la guerre perpétuelle dont les tueries et le viol de nos enfants sont les signes devrait inciter les souverainistes congolais de tous les bords à dépasser les frontières des oppositions clientélistes, mafieuses et opportunistes afin qu’ils se retrouvent au cœur d’un grand mouvement populaire décidé à redonner de la dignité et de la fierté aux filles et fils du Congo-Kinshasa.
Cultiver la mémoire de leur martyre devrait les unir autour des objectifs communs à court, moyen et long terme sous la direction d’une structure faîtière patriote et la verticalité du pouvoir d’un leadership collectif responsable.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961