Par Jean-Pierre Mbelu
Dans un monde dominé par le consumérisme et la violence, la socialisation par la marchandise, le clientélisme et la peur constitue un handicap sérieux au partage du savoir et de la connaissance « sains ». Savoir ou apprendre, me disait un ami, cela ne rapporte rien (de matériel). La tendance est alors de renoncer à la recherche, à la lecture, à l’apprentissage et de s’adonner au colportage du discours officiel véhiculé par les médias mainstream communément appelé « questions d’actualité ».
Cette tendance accorde très peu ou presque pas d’importance à l’étude et à l’histoire dans sa dimension diachronique. Elle croit tout comprendre à partir de ce qu’elle prétend être l’événementiel. Plusieurs compatriotes congolais sont tombés dans ce piège. Et ils sont étonnés de remarquer que les assassinats, les massacres, les tueries et les viols ne cessent pas à l’Est du Congo-Kinshasa.
La décentralisation et la poursuite de la guerre
Etudier l’histoire du pays de ces six dernières décennies auraient pu les aider à comprendre que la guerre de basse intensité et de prédation menée par les anglo-saxons par des proxies rwandais, ougandais, burundais, congolais interposés, etc. à partit des années 1990 se poursuit. Pourquoi ? Parce que certains de ses objectifs n’ont pas encore été atteints ou ont été atteints en partie.
Les escadrons de la mort et les miliciens du FPR/APR, de l’AFDL, du RCD/GOMA, du CNDP, du M23, etc. qui ont infiltré le pays, ont aussi envahi ses institutions, son armée, ses services secrets, ses médias ont plusieurs missions : exterminer les Congolais(es) et surtout « sa matière grise », s’approprier les terres congolaises pour le bénéfice des entreprises trans et multinationales, diviser le pays en des petits Etats malléables et opposables les uns aux autres afin de le transformer en un simple marché sans aucune souveraineté.
Les escadrons de la mort et les miliciens du FPR/APR, de l’AFDL, du RCD/GOMA, du CNDP, du M23, etc. qui ont infiltré le pays, ont aussi envahi ses institutions, son armée, ses services secrets, ses médias ont plusieurs missions : exterminer les Congolais(es) et surtout « sa matière grise », s’approprier les terres congolaises pour le bénéfice des entreprises trans et multinationales, diviser le pays en des petits Etats malléables et opposables les uns aux autres afin de le transformer en un simple marché sans aucune souveraineté. Les mécanismes de brassage, de mixage et « d’amnistie » ont facilité cette infiltration fatale pour le pays.
Ces seigneurs de la guerre ont déjà travaillé au découpage du pays en 26 morceaux. L’un d’eux, travaillant à « la décentralisation » voudrait s’emparer du recensement des Congolais(es). Pour quoi faire ? Pour poursuivre la guerre de la balkanisation du pays et de son infiltration par les habitants des pays voisins.
Ce qui se passe au Congo-Kinshasa s’est déjà passé ailleurs. « La machinerie mondialiste » ou « globaliste » fonctionne depuis plus de cent (100) ans (La machinerie mondialiste). Elle est très bien rodée. Elle ne lâche pas un ou des pays qu’elle a dans sa ligne de mire. L’un de ses disciples, Tony Blair, après le Rwanda, veut s’approcher du Congo-Kinshasa. Elle se sert, au cœur de l’Afrique, d’Africom pour atteindre ses objectifs. Elle fonctionne sur le temps long. Voici quelques exemples.
La machinerie mondialiste
Après la deuxième guerre mondiale, elle a dépecé l’Allemagne. La fin de la guerre froide a coïncidé avec la dislocation de l’URSS en 1992. Plusieurs autres pays avaient été programmées par connaître le même sort. La Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l’Irak, la Somalie, le Soudan, la République Démocratique du Congo, etc.
Plusieurs pays ont déjà été démembrés. Le Congo-Kinshasa est sur le point de les suivre. La vigilance de certains de ces fils et de certaines de ses filles le sauve encore du désastre…
Edward Herman a publié un article sur cette question. Il est clair et limpide. Voici ce qu’il écrit : « On a d’ailleurs pu constater récemment une prodigieuse résurgence de cette production d’États ratés, occasionnellement sans hécatombes, comme par exemple dans les ex-républiques soviétiques et toute une kyrielle de pays d’Europe de l’Est, où la baisse des revenus et l’accroissement vertigineux du taux de mortalité découlent directement de la « thérapie de choc » et de la mise à sac généralisée et semi-légale de l’économie et des ressources, par une élite appuyée par l’Occident mais aussi plus ou moins organisée et soutenue localement (privatisation tous azimuts, dans des conditions de corruption optimales). » Et il ajoute : « Une autre cascade d’États ratés découlait par ailleurs des « interventions humanitaires » et changements de régime menés par l’OTAN et les USA, plus agressivement que jamais depuis l’effondrement de l’Union Soviétique (c’est à dire depuis la disparition d’une « force d’endiguement » extrêmement importante bien que très limitée).
Ici, l’intervention humanitaire en Yougoslavie a servi de modèle. La Bosnie, la Serbie et le Kosovo furent changés en États ratés, quelques autres s’en sortirent chancelants, tous assujettis à l’Occident ou à sa merci, avec en prime la création d’une base militaire US monumentale au Kosovo, le tout érigé sur les ruines de ce qui avait jadis été un État social démocrate indépendant. Cette belle démonstration des mérites d’une intervention impériale inaugura la production d’une nouvelle série d’États ratés : Afghanistan, Pakistan, Somalie, Irak, République Démocratique du Congo, Libye – avec un programme similaire déjà bien avancé aujourd’hui en Syrie et un autre visiblement en cours dans la gestion de la dite « menace iranienne », visant à renouer avec l’heureuse époque de la dictature pro-occidentale du Shah. »
Plusieurs pays cité par Edward Herman ont déjà été démembrés. Le Congo-Kinshasa est sur le point de les suivre. La vigilance de certains de ces fils et de certaines de ses filles le sauve encore du désastre comme en témoigne une brave « indignée » à la conférence organisée à Kinshasa sur la balkanisation du pays. Cette vidéo est d’une importance capitale. Quand cette « indignée » de l’Est témoigne, elle relève l’ignorance ou le manque de connaissance au sujet de la question par certains compatriotes de l’Ouest demandant à ceux qui sont tués de quitter leurs terres pour les rejoindre. Ces compatriotes ne savent pas qu’il s’agit de dépeupler les terres congolaises pour les repeupler des habitants des pays voisins. Qui leur en parle?
Fermer la parenthèse ouverte par l’AFDL
Si les Congolais(es) baissent la garde et cessent de parler de la balkanisation et de l’implosion de leur pays, ils risquent de ne plus avoir que leurs yeux pour pleurer. Eveiller l’attention et la conscience des masses à l’Ouest, du Nord et du Sud du pays sur cette question est indispensable. Elles devraient finir par maîtriser les enjeux réels de cette guerre perpétuelle de basse intensité et de prédation pour pouvoir y résister ensemble, en conscience et en connaissance de cause.
Si les Congolais(es) baissent la garde et cessent de parler de la balkanisation et de l’implosion de leur pays, ils risquent de ne plus avoir que leurs yeux pour pleurer. Eveiller l’attention et la conscience des masses à l’Ouest, du Nord et du Sud du pays sur cette question est indispensable.
Dans un avenir proche, il faudrait supprimer ce truc dénommé « ministère de la décentralisation » en en expliquant sa nocivité pour le pays et procéder à la réunification des provinces subdivisées par les agents de l’AFDL et leurs clients. Le pays pourrait revenir à ses anciennes provinces : Equateur, Kisangani, Kivu, Katanga, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Bandundu, Bas-Congo et Kinshasa (ville-province) ; avec une structure faîtière les coordonnant pour conforter leur unité.
Symboliquement, cela serait l’une des façons de fermer la parenthèse ouverte par l’AFDL, de piteuse mémoire. Le rapprochement des gouvernés des gouvernants n’a jamais été le véritable objectif de la fameuse décentralisation. La preuve ? Les populations congolaises sont devenues plus pauvres qu’avant. Il n’y a pas de routes, pas d’autoroutes, pas d’administration proche des citoyens, pas de marchés, pas d’écoles viables, pas de magasins, etc. Il n’ y a rien.
Au contraire, les armées des pays voisins ne cessent d’envahir le pays de Lumumba. Et la guerre se poursuit…
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961