Par Mufoncol Tshiyoyo
Peuple congolais, nous avons tout à inventer, tout à redécouvrir, des voies nouvelles à tracer. Le temps a sonné de relever le défi que lance l’histoire au Congo.
Aujourd’hui, il n’y a pas de tort à se demander à quoi peuvent bien servir les « regrets », profonds ou pas, d’un roi d’une « ancienne » puissance coloniale lorsque son royaume, la Belgique, la puissance colonisatrice du Congo, ne cache sa préférence rwandaise au détriment précisément du Congo. C’est un secret de Polichinelle que la Belgique soutient le Rwanda : elle a récemment déroulé le tapis rouge à Paul Kagame lors de son séjour en Belgique. La Belgique assure la formation militaire soutenue des officiers rwandais qui, une fois la formation achevée, reviennent au Rwanda et la mettent en pratique en occupant et humiliant au vu et au su de tout le monde, et la Monusco fermant les yeux, la femme et l’homme congolais. Le Rwanda est bénéficiaire de la Coopération belge au développement, alors que le Paul Kagame et le Rwanda remplissent, et à la joie de ses maîtres, la fonction du mercenaire et d’« État mercenaire » ( Chomsky) contre le Congo et au service des élites anglo-saxonnes. En effet, qui se moque de qui ?
Le mal ne disparaît pas avec les regrets formulés
En outre, il est aussi à noter que la Belgique protège non seulement le Rwanda, mais également elle poursuit, et sans relâche, le recrutement des nègres de service congolais (Ludo de Witte, L’ascension de Mobutu : Comment la Belgique et les USA ont fabriqué un dictateur, 2017) qu’elle case par la suite à la tête du pouvoir-os au Congo alors que ces enfants sont en réalité loin d’être ce que l’Occident dans l’ensemble fait croire qu’ils le sont : le pouvoir congolais. Sur cette question précise, je m’entête et reviens sur la notion du maître et du chien et de l’attraction du pouvoir-os (mokuwa en lingala). Voilà pourquoi, il n’y a de regrets, ni d’excuses, ni de pardons tolérables quand le système globalement ne change que pour se réadapter d’une autre manière.
En vérité, le mal contre lequel les regrets sont formulés publiquement ne disparaît totalement. Les nouveaux esclaves noirs qui sont malignement recrutés parmi les enfants de … Et replacés à la tête du Congo s’assurent avant tout de la poursuite et de la défense des intérêts primordiaux des anciens et actuels maîtres du Congo.
En vérité, le mal contre lequel les regrets sont formulés publiquement ne disparaît totalement. Les nouveaux esclaves noirs qui sont malignement recrutés parmi les enfants de … Et replacés à la tête du Congo s’assurent avant tout de la poursuite et de la défense des intérêts primordiaux des anciens et actuels maîtres du Congo. Comment veut-on qu’il puisse en aller autrement lorsqu’on reproduit devant l’opinion congolaise que le Congo aurait été créé sans les Congolais ? Ce discours qui rejoint celui du colon d’hier arrange ce dernier parce qu’il le maintient dans la situation de toujours avoir un mot à dire sur le Congo. Ce discours continue à entretenir l’ambiguïté quant à l’appartenance de la terre Congo.
La jeunesse du Congo attend que le leadership congolais authentique et autonome réécrive l’historicité de la création du Congo en soulignant le fait que le Congo a été construit par le sang des esclaves vendus, par le génocide commis au Congo et sur les Congolais, à travers le pillage de sol congolais, le viol des enfants et de la femme congolaise, par l’occupation et l’humiliation du Congo par le Rwanda. En lieu et à la place, des serfs en cravates se contentent de crier « l’Amérique a dit », la « Belgique a dit », etc.
La différence entre les élites latino-américaines et asiatiques et le leadership congolais
Les faibles d’esprit et les vendus répéteront à l’instar de leur maître que les élites anglo-saxonnes ont des intérêts au Congo, que la Belgique a tellement investi au Congo à tel point que le Congo n’aurait rien d’autre à faire qu’à se soumettre et à obéir. En définitive, on voudrait bien savoir qui a demandé et à qui d’investir au Congo pour que les intérêts de la Belgique et ceux des Anglo-saxons puissent l’emporter sur les intérêts congolais. Non, il est indéniablement impossible de se proclamer indépendant quand, sur le plan mental, le souci est de servir un maître. À qui, on a des comptes à rendre au motif d’être soutenu et maintenu à la tête du Congo pour de « loyaux services » rendus (Mobutu, 1997). En réalité, qui se moque de qui ?
Il n’y a de rêve de grandeur que dans notre manière d’être, de regarder le monde et de toiser l’impossible.
Ayatollah Khomeini a vécu en exil en France avant son retour triomphal en Iran. Hô Chi Minh a vécu aux USA avant d’imposer un jour la guerre et à son peuple et aux USA. Mais les deux n’ont jamais déclaré, pour le premier : « que la France était sa seconde patrie », tandis que pour le second : « les USA étaient sa seconde patrie ». C’est pour dire qu’il n’y a de rêve de grandeur que dans notre manière d’être, de regarder le monde et de toiser l’impossible. Quelle est la différence entre les élites latino-américaines et asiatiques et le leadership congolais en particulier et celui d’Afrique en général ?
Comme d’habitude, le compte tweeter de Donald Trump lui sert de plateforme pour annoncer les grands axes de sa politique tant nationale qu’internationale. Récemment, le Yankee surprenait son opinion en annonçant une probable rencontre avec Maduro, le successeur de Chavez au Venezuela, l’« ennemi » dont la tête était mise à prix. Les autres le présenteraient comme le rebelle incarné contre l’ordre néolibéral et en opposition ferme contre « l’État profond » (Peter Dale SCOTT). « Donald Trump affirme n’avoir » pas beaucoup confiance » dans l’opposant vénézuélien Juan Guaido, dont l’adoubement par Washington, […], n’a pas « eu une grande signification ». […] . Volte-face, après le durcissement des sanctions, le déploiement de l’armada américaine en mer des Caraïbes et les équipées de barbouzes de ces derniers mois […] L’hôte de la Maison-Blanche confie, […] :« Vous savez, je me suis rarement opposé à des rencontres » ».
Relever le défi que lance l’histoire au Congo
Qu’est-ce qu’il y aurait vraiment changé entre les deux hommes, d’un côté le résistant vénézuélien, Maduro qui l’est resté jusqu’à preuve du contraire, et de l’autre, le leader de l’ordre anglo-saxon, Donald Trump ? L’abandon de Juan Guaido par l’Amérique de Donald Trump démontre, et c’est ce que nous savions depuis toujours, que tout empire paie très mal des traîtres (Juan Guaido, 1977 au Congo). « L’Occident, en particulier les Anglo-Saxons, ne garantissent jamais rien à personne et encore moins à quelqu’un qui a trahi son pays et son peuple. Les anciens aimaient à dire : « Roma traditoribus non premia » (Rome ne paie pas les traîtres). À vrai dire, ils les payaient bien, mais seulement jusqu’à un certain moment « , rapporte le professeur russe Andrej Fursov.
Certes que le passé instruit et sert d’orientation, mais l’histoire nous condamnera lorsque notre lutte ne se reposera que sur le passé à raconter et à ressasser indéfiniment.
L’Occident tolère et compose avec les forces qui lui résistent, mais seulement lorsque le rapport de force qui lui est imposé est clairement établi. Et non quand on étale ses faiblesses en quémandant le peu de dignité que l’Occident accorde à tout mendiant digne de ce nom. Alors que leur proximité avec les USA aurait fait pâlir un bon nombre de « dirigeants » en Afrique, les Latino-américains font courageusement, à leur risque et péril, preuve de résilience.
La jeunesse congolaise attend des mots d’ordre, des directives. Que devons nous lui apporter comme message ? Que devons-nous lui dire ? Elle en a assez de la tambouille. Elle se sacrifiera lorsque celles et ceux qui prétendent à la direction de la nation se sacrifieront, montreront la voie, seront le modèle de sacrifice, de l’audace et de la vertu. Ni la Chine, ni la Russie, ni l’Inde, ni les Asiatiques, ces puissances en devenir, ni l’Occident ne feront des cadeaux aux Congolaises et Congolais, ni Paul Kagame quand de notre rencontre avec l’Occident, il ne ressort que notre soumission à l’ordre imposé. Certes que le passé instruit et sert d’orientation, mais l’histoire nous condamnera lorsque notre lutte ne se reposera que sur le passé à raconter et à ressasser indéfiniment. Peuple congolais, nous avons tout à inventer, tout à redécouvrir, des voies nouvelles à tracer. Le temps a sonné de relever le défi que lance l’histoire au Congo.
Avec vous et ensemble, nous disons Likambo oyo eza likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo, MT
Un homme libre, un dissident.