Par Jean-Pierre Mbelu
Il est rare qu’après un débat, une conférence avec des compatriotes, la question « que faut-il faire » ne soit pas posée. Que signifie cette question ?
Entre autres ceci : un débat, une conférence, cela n’est pas « un faire ». Un débat, ce n’est pas « faire » un discours partagé avec des mots et des arguments. Une conférence, ce n’est pas « un faire » avec des livres et du temps passé à la bibliothèque pour composer un texte cohérent et discutable. Que faut-il « faire » pour plusieurs de nos compatriotes semble signifier ceci : « Quand allons-nous prendre des armes pour tuer notre ennemi ? » Et à la question : « Qui est notre ennemi ? », les réponses sont diverses et diversifiées. Malheureusement, discuter de cette « diversification », ce n’est pas « faire » ? La possibilité de « faire » des choses avec les mots est d’office écartée. « Les mots » et « les phrases » comme armes redoutables sont moqués !
La possibilité de « faire » des choses avec les mots est d’office écartée. « Les mots » et « les phrases » comme armes redoutables sont moqués !
Comment en sommes-nous arriver à réduire « le faire » à « l’un » de la violence ? Un « l’un » non questionné, non étudié comme le fait par exemple un Frantz Fanon ? Comment dans un pays où l’une des langues disqualifie l’un en disant « nkaya nlutatu, babidi mbapite » (être seul est une misère, être deux, c’est mieux), en sommes-nous arrivés à privilégier « l’un ». Il me semble qu’il y a réellement un problème de « désindentification » et d’ensauvagement.
Reconnaître la diversité du « faire » serait, à mon avis, un bon point de départ pour « un faire diversifié » et efficace. Ceux que nous voulons imiter ont des penseurs qui ont écrit « Quand dire c’est faire ». Un livre qui étudie et diversifie registres du langage. Nous voulons les copier. Mais mal. Toutes leurs actions procèdent de la dialectique entre l’étude et l’action. Il est arrivé que cette dialectique ne marche pas même si elle est permanente. Sa permanence permet sa remise en question et sa correction pour plus d’efficacité. « Faire » ne peut pas se réduire à « l’un ». Cela serait l’appauvrir. « Nkaya, nlutatu, babidi mbapite », comme dirait ma mère !
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961