Par Jean-Pierre Mbelu
Lundi 13 juillet 2020, à Lille, une conférence a eu lieu sur « Les enjeux et les principes de notre lutte ». Je l’ai animée. Son début a été difficile et compliqué. L’un ou l’autre estimait que venu pour débattre, il n’était pas nécessaire d’avoir d’abord un exposé classique. Il fallait tout de suite passer au débat. (Certains jeunes refusent d’être des auditeurs « djalelistes » des textes conçus sans eux.) Tout est à inventer au Congo-Kinshasa, dirait Mufoncol Tshiyoyo. Comment débattre sans un minimum de matière à soumettre à l’échange ?
Donc, il fallait procéder autrement. C’est-à-dire partir des préoccupations des participants à la conférence pour dire « Les enjeux et les principes de notre lutte ». Telle a été la procédure qui a pu apaiser les cœurs et les esprits des uns et des autres. En sus, un effort devrait être déployé afin qu’une bonne partie de la conférence se passe en lingala. Pourquoi ? « Lingala ezo pesa bien », dira l’un des participants. Néanmoins, l’un ou l’autre n’étant pas congolais, combiner le français et le lingala était nécessaire.
Quelques résultats positifs ont pu être recueillis :
– L’appel à l’unité de la jeunesse « consciente » de la nocivité de la politique du « diviser pour régner » a pu être lancé ;
– La nécessité de lutter pour un Congo-Kinshasa souverain a pu être retenue comme un point important ;
– L’identification de véritables adversaires (et traîtres) du Congo-Kinshasa, de leurs méthodes et de leurs stratégies a pu être mentionnée. Elle peut éviter aux luttants de se tromper de cible ;
– La planification des rencontres régulières entre les jeunes initiateurs de cette conférence a été soulignée ;
– L’interconnexion entre la diaspora congolaise et le pays pour des actions menées en synergie a fait partie des propositions de cette conférence,
– L’éducation et la formation des masses populaires à travers les radios communautaires et en langues vernaculaires a été l’une des réponses données à la magique question « que faire ? ». Elles sont indispensables à la production des masses critiques pour le renversement des rapports de force à différents niveaux de l’organisation de la cité ;
– La promotion d’un leadership collectif au sommet du pays a rencontré l’assentiment des participants ;
– Un accord a été trouvé sur la colonisabilité et la corruptibilité de plusieurs compatriotes, etc.
Négativement, la monopolisation de la parole par l’un ou l’autre a mis mal à l’aise certains compatriotes. Humblement, ils s’en sont excusés auprès de l’orateur du jour. Dieu merci ! Ils ont pu, eux aussi, avoir le temps de présenter leurs préoccupations et d’insister sur les actions concrètes à mener. Sur ce point, un accord a pu être trouvé sur la dialectique permanente entre l’action et la réflexion (le débat des idées). Un article plus détaillé reviendra sur « les enjeux et les principes de notre lutte ». Il sera inspiré par cette autre façon de présenter une conférence : l’étoffer en débattant et en ayant »la maïeutique » comme méthode.
Donc, cette conférence a constitué pour les participants et pour moi-même un bon « trajet d’apprentissage ». Nous avons pu étudier ensemble nos points de divergence et de convergence au cours d’un »conflit maîtrisé » afin de recueillir quelques résultats à partager. L’examen de lingala auquel j’ai été soumis m’a permis de tenter une approche de certains mots en cette langue vernaculaire. La soirée s’est clôturée sur un ton très amical et fraternel. Le maître du lieu où la conférence s’est déroulée a offert un bon repas aux participants. Qu’il en soit remercié. Que les organisateurs de cette conférence trouvent à travers ce petit compte-rendu l’expression de ma profonde gratitude.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961