L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose la véritable nature du régime mortifère de Kabila, décrypte le théâtre orchestré autour de la personne de Moïse Katumbi, façonné par les élites occidentales et anglo-saxonnes comme un opposant et montre comment les congolais ont aujourd’hui atteint un point de non retour. Il explique par ailleurs, pourquoi la Kabilie refuse, à tout prix, que l’on multiplie les manifestations sur Beni.
Sur la véritable nature du régime de Kinshasa
On ne peut parler de l’atteinte à la sécurité de l’Etat là où l’Etat n’existe pas, là où l’Etat a failli, là où l‘Etat est raté et manqué. L’affaire qui oppose Kabila à Moïse Katumbi est une affaire entre deux nègres de service de puissances extérieures que leurs parrains essaient de préparer pour que l’un succède à l’autre. Ce n’est pas une affaire d’Etat. L’Etat a été détruit. Il s’agit là de deux amis qui ont travaillé ensemble pendant très longtemps mais qui sont opposés de l’extérieur.
Tous ces gens sont soutenus par l’extérieur. Qui les pousse ? Qui sont ces personnes derrière ? Ce sont les anglo-saxons qui les ont enfanté et qui sont derrière.
A quelques exceptions près, le Congo n’a plus de classe politique. Il a un groupe de mafieux qui s’adonnent au business et que l’on peut acheter. On est tellement bas qu’on est achetable.
On est en train de nous créer un opposant qui n’a rien à voir du tout avec un acteur politique. Dans la guerre qui nous est menée, les nègres de service utilisés par les parrains extérieurs sont interchangeables.
Nous sommes en train de négocier la fin d’un cycle comme ce fut avec Mobutu. Si nous ne négocions pas avec beaucoup d’intelligence et de sagesse, nous risquons d’être pris encore une fois au dépourvu, et nous ne serons pas devenus les véritables sujets de notre histoire.
Sur le processus de fabrication de l’opposant Katumbi
Il n’y a pas de justice au Congo. Les institutions congolaises sont vides de contenus. Vous ne pouvez pas demander aux mafieux d’organiser une justice juste. Voilà pourquoi nous en appelons à une rupture qui pourrait tant soit peu organiser une justice transitionnelle, relancer le pays, et le remettre sur les rails.
L’appel que nous lançons est celui-ci : Essayons cette fois-ci d’ouvrir l’œil et le bon. Il s’agit là d’une théâtralisation, et contrairement à ce que nous pensons, si structurellement, nous ne sommes pas capables de pouvoir récupérer notre initiative historique, Katumbi pourra nous être imposé. Vous verrez que tout ce qu’on lui reproche pourra être balayé d’un revers de la main. Comment peut-on lire dans les médias dominants, qu’il est l’homme le plus populaire au Congo, alors qu’il n’est populaire qu’au Katanga, où il est adoubé par les supporters du TP Mazembe ? C’est le processus de fabrication d’un opposant qui est en marche.
Sur l’hospitalisation de Katumbi en Afrique du Sud
Diomi Ndongala est très malade, est en prison, et on n’accepte pas qu’il puisse sortir du pays pour aller se faire soigner. Christopher Ngoyi est en prison, ils n’acceptent pas non plus qu’il se fasse soigner quelque part. Ce sont des noms connus sur ce qui nous reste de scène politique. Nous avons beaucoup de compatriotes anonymes, en prison, qui ont tout le mal du monde pour se faire soigner. Après qu’on nous est que ce pays a réalisé la révolution de la modernité, et les 5 chantiers, il n’a pas un hôpital où un malade sérieux peut être soigné. Ce sont des signes qui ne trompent pas. Comment est-ce que tous ces gens malades et que nous nous ne connaissons pas n’arrivent pas à sortir du pays pour aller se faire soigner, il a fallu qu’il y ait cet échauffourée entre le clan Katumbi et le clan de la Kabilie pour qu’on dise « Oh, monsieur est malade ».
On nous joue un théâtre de mauvais goût. Suivez très bien le message qui a été délivré à Katumbi, avant qu’il n’aille en Afrique du Sud : Il est appelé à ne pas trop parler. Et rappelez-vous ce n’est pas la première fois qu’il est malade et qu’il part se soigner à l’extérieur. Rappelez-vous, c’est quand Katumbi, revient de ses soins à l’étranger, dans l’un des pays proche de celui qui nous fait la guerre, qu’il lance son discours sur les 3 penaltys. Ce ne sont pas des faits à oublier.
Sur le silence de la Kabilie sur les massacres de Beni
Savez-vous pourquoi la Kabilie refuse que l’on multiplie les manifestations sur Beni ? 1. ils seront obligés à un moment ou à un autre de rendre des comptes, or certains d’entre eux sont impliqués dans ce qui se passe à Beni, 2. Ils refusent que l’information sur Beni ne puisse atteindre les coins et les recoins du Congo parce qu’elle va éveiller le sens critique de nos masses populaires, les mettre debout et les conduire à un soulèvement qui va les renverser. 3. Si l’information sur Béni circule dans tout notre pays, nous allons éviter la balkanisation, voilà pourquoi ils font tout pour bloquer l’information de sorte que l’Est du pays se sente séparée du reste.
Dans ce qui se passe à Beni, il y a aussi une démarche de balkanisation et d’implosion du pays. Gardons ce secret, faisons souffrir ces compatriotes de l’Est sans que les congolais des autres régions le sachent de façon que demain, les congolais de l’Est disent : « On nous a tué, vous ne vous êtes pas occupés de nous, vous n’êtes pas des nôtres, et nous nous réclamons notre autonomie. » Nous sommes l’un des rares pays au monde où nos morts ne reçoivent aucun hommage. Nous sommes l’un des rares pays au monde où l’on interdit aux vivants de pouvoir se mettre debout pour pleurer ses morts. Nous ne pouvons pleurer que les musiciens, c’est le monde à l’envers. C’est là la véritable lutte que nous devons mener : Notre dignité doit être sauvegardée et respectée. Les musiciens et les ministres congolais n’ont pas plus de dignité que nos frères, nos sœurs, nos mères, nos pères, nos tantes,nos oncles, fils et filles qui sont tués à Beni. On extermine les congolais parce qu’on ne reconnaît pas la dignité humaine aux congolais.
Sur le point de non retour
Les nègres de service sont interchangeables. Tout est concentré vers ce processus d’extermination des congolais. Tout devient prétexte pour exterminer les congolais. Mais aussi museler, ceux d’entre eux, qui peuvent encore se mettre debout et parler. Les compatriotes sont en train de franchir un point de non retour. C’est peut-être notre force, mais aussi notre malheur. Les congolais regardent ce qui se passe mais au moment où ils voudront se mettre debout, ils deviendront comme un éléphant qui fonce vers un magasin de porcelaine. C’est maintenant que certains de ces politicards commencent à poser eux aussi la question de Beni et celle des terres. Est-ce qu’il fallait attendre qu’il y ait autant de morts pour que nous comprenions que nous sommes tués parce que les néocolons voudraient nous désappproprier de nos terres pour les occuper ? Si demain, un mouvement se met debout autour de ces deux questions : le génocide raciste des congolais et l’accaparement de nos terres, tout le Congo se mettra debout.
Sur les anglo-saxons au Congo
A son point de presse du 24 mars 2016, Mende disait que la guerre des années 1990 avait été orchestrée par des puissances extérieures qui ont embrigadé des groupes criminels pour tuer les paisibles citoyens congolais. Et lui-même a fait partie de ces groupes criminels qui ont tué les paisibles congolais. Comment peut-on avoir participé avec l’appui de ces puissances extérieures au massacre des citoyens congolais et aujourd’hui leur poser la question de savoir de quel droit ces puissances prennent des décisions unipolaires ? La réponse à cela est que ces puissances extérieures savent que Mende et la Kabilie sont leurs produits et leurs créatures. Au même moment où ils parlent du respect de l’espace public au Congo, ces anglo-saxons mettent le fou aux poudres au Venezuela, en Syrie, au Brésil.