Par Jean-Pierre Mbelu
« Les masses n’ont jamais eu soif de vérité ; elles se détournent des évidences qui ne sont pas à leur goût. Elles préfèrent glorifier l’erreur si l’erreur les séduit. » – G. LEBON
Du point de vue principiel, la guerre de basse intensité au Kongo-Kinshasa, trouvaille de « l’impérialisme intelligent », est fondée, entre autres, sur le militarisme, le matérialisme et le racisme et/ ou la discrimination. La militarisation de cette guerre permet aux vendeurs d’armes de pouvoir faire des affaires sur les millions des cadavres des Kongolais. C’est du business. Un business juteux ! Y mettre fin serait une perte pour toutes ces entreprises productrices d’armes à feu et blanches. Mais aussi pour leurs clients à l’extérieur ou à l’intérieur du pays.
Donner la mort, vider les villages de leurs habitants, occuper leurs terres, construire des aérodromes pour piller les richesses du sol et du sous-sol, fabriquer un « Etat raté » mendiant mais porté par des « esclaves volontaires », à quelques exceptions près, disposés à s’enrichir sur le dos de la bête et d’endetter le plus possible le pays afin de la rendre néocolonisable à souhait, telle est la tragédie matérialiste que le Kongo-Kinshasa vit. Donc, le réseau transnational de prédation s’enrichit frauduleusement et illicitement et, de temps en temps, jette des miettes aux populations désoeuvrées, appauvries, assujetties, abruties, abâtardies et soumises.
Les oeuvres des Kongolais
« Les œuvres » des Kongolais, membres de ce réseau transnational de prédation, sont de temps en temps vantées par les masses fanatisées, incapables de comprendre la mise en pratique du principe matérialiste au cœur de l’Afrique. Et pour ces masses fanatisées, ces « esclaves volontaires », membres Kongolais du réseau transnational de prédation, sont de « grands prêtres », des « mopawo », de »grands réalisateurs », etc. Prises dans les filets du fanatisme, ces masses ont peur de toute pensée élucidante , d’un minimum de discernement et de vérité.
« Les œuvres » des Kongolais, membres de ce réseau transnational de prédation, sont de temps en temps vantées par les masses fanatisées, incapables de comprendre la mise en pratique du principe matérialiste au cœur de l’Afrique.
Leur demander de lire un article comme celui-ci Washington Let Congo’s Stolen 2018 Election Stand. To Defend Democracy, Biden Needs to Fix Diplomacy, de le partager et d’en tirer des conséquences pour un mieux vivre-ensemble, c’est de la peine perdue. Cet article risque de les déranger, de perturber leurs convictions et de remettre en question leur fanatisme.
Qui va leur expliquer, par exemple, les conséquences néfastes à moyen et long terme de l’application du principe de « l’amélioration du climat des affaires » liant leurs « gourous » aux institutions de Bretton Woods dans processus de la néocolonisation du pays en cours ? Qui peuvent-elles entendre sur ce sujet de fond ? Personne. Malheureusement !
Une guerre de tous contre tous
Pourtant, il y a longtemps qu’un américain, grand connaisseur de ces institutions, huissiers du capital, a prouvé qu’en perdant la tête, elles n’avaient plus leur raison d’être. (Lire J.E. STIGLITZ, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard, 2003 et J.E. STIGLITZ, La grande désillusion, Paris, Fayard, 2002.)
L’attachement fanatisé à leurs « gourous » engage ces masses dans « une guerre de tous contre tous ». Elles tirent sur tout ce qui bouge.
L’attachement fanatisé à leurs « gourous » engage ces masses dans « une guerre de tous contre tous ». Elles tirent sur tout ce qui bouge. Ennemies de la critique et/ou de l’autocritique, elles semblent donner raison à Gustave Lebon lorsqu’il soutient que « les masses n’ont jamais eu soif de vérité ; elles se détournent des évidences qui ne sont pas à leur goût. Elles préfèrent glorifier l’erreur si l’erreur les séduit. Celui qui peut apporter l’illusion peut facilement devenir leur maître ; celui qui tente de détruire l’illusion est toujours leur victime .»
Tirant sur tout ce qui bouge, ces masses fanatisées et leurs « gourous » discriminent les Kongolais. Pour elles, en marge des fanatiques, ce sont leurs « gourous » ayant de « la visibilité » en construisant des hôtels, des écoles, des palais à plusieurs étages et s’habillant en costume et cravate qui ont de « la valeur ». Ces biens, souvent mal acquis, sont en train de les rendre intouchables.
Sortir de ce gouffre sans fond
Donc, le matérialisme ayant mangé les cœurs et les esprits s’accompagne, au cours de cette guerre de tous contre tous, de la discrimination mettant sur le piédestal « les nouveaux riches ». Terrible ! A leur manière, ces masses fanatisées et leurs « gourous » appliquent le principe du « diviser pour régner » et celui du racisme (discrimination) chers à « l’impérialisme intelligent » et à ses proxys ayant orchestré la guerre de prédation et de basse intensité au Kongo-Kinshasa.
Revenir aux questions de fondement et de refondation est indispensable. Le Kongo-Kinshasa ne me semble pas être guéri de ses plus de 130 ans de servitude.
Comment sortir de ce gouffre sans fond pour une cohabitation paisible et une juste cohésion sociale ? L’un de mes derniers articles (La diabolisation des Nande fait partie d’un vieux « plan de colonisation » du Kivu) répond à cette question.
Revenir aux questions de fondement et de refondation est indispensable. Le Kongo-Kinshasa ne me semble pas être guéri de ses plus de 130 ans de servitude. Non. C’est difficile. Mais pas impossible de trouver une voie salutaire pour tous.
Babanya Sombamanya
Génération Lumumba 1961