Par Jean-Pierre Mbelu
Vouloir connaître et maîtriser l’histoire de la guerre perpétuelle menée contre le Kongo-Kinshasa passe aussi par une écoute suivie des procès ayant lieu dans ce pays. Les procès de Rossy Mukendi et de Floribert Chebeya sont interpellants.
Ces deux procès mettent sur la place publique les avantages et les limites d’une justice rendue dans un Etat attaqué et réduit à un état d’un « Etat-raté-manqué ».
Le bataillon Simba
A mon humble avis, critiquable, mieux vaut ça que rien. Pourquoi ? Le procès Chebeya révèle, entre autres, qu’au pays de Lumumba, il y a eu un « bataillon » de « la police » tueur : le bataillon Simba logé à Kasangulu. Cette révélation est porteur d’un message : le pays a été infiltré par les escadrons de la mort. Et tant que tous ces escadrons de la mort ne seront pas arrêtés et jugés, le Kongo-Kinshasa sera toujours en insécurité.
Le pays a été infiltré par les escadrons de la mort. Et tant que tous ces escadrons de la mort ne seront pas arrêtés et jugés, le Kongo-Kinshasa sera toujours en insécurité.
Qui était l’initiateur du bataillon Simba ? Qui orchestrait ses opérations mortifères ? Pour quel intérêt ? Dans combien de provinces ce bataillon a-t-il opéré ? Pour le compte de qui ? Pourquoi Ngoyi Kenga Kenga se mure-t-il dans le silence ? Pourquoi Djadjidja a-t-il aussi tenté de se murer dans le silence ? Le pays n’est pas sorti de l’auberge.
Une hypothèse. Ceux qui ont infiltré le pays et orchestré la mort de plusieurs compatriotes n’ont pas encore dit leur dernier mot. La découverte d’armes chez plusieurs « militaires » est un signe qui ne mentirait pas. L’intensification de la guerre perpétuelle pourrait permettre aux « policiers muets » d’être délivrés de leur lieux de détention. Pourquoi ? Pour éviter que les commanditaires, les proxys et les autres sous-fifres clientélisés pour la descente aux enfers du pays ne puissent être un jour mis à nu.
Un début de justice
Donc, un début de justice, même faible, me semble être avantageux pour le pays. Néanmoins, ces procès se mènent comme si l’histoire de la guerre perpétuelle menée contre le pays n’existait pas. La faible justice kongolaise a besoin des ouvertures multi et interdisciplinaires.
Ces procès se mènent comme si l’histoire de la guerre perpétuelle menée contre le pays n’existait pas. La faible justice kongolaise a besoin des ouvertures multi et interdisciplinaires. Qu’il s’agisse du procès Rossy ou Chebeya, ils sont porteurs des messages à décoder.
Qu’il s’agisse du procès Rossy ou Chebeya, ils sont porteurs des messages à décoder. Des pauvres kongolais ayant de »faux titres » sont achetés pour tuer leurs frères et sœurs et vendre leurs pays aux plus offrants. Leurs acheteurs ne vont certainement croiser les bras en attendant qu’ils soient dévoilés au grand public.
Heureusement pour eux, ils bénéficient de la protection de certains de leurs clients « aux affaires ». Ce qui risque de transmuer ces procès en parodie de justice et d’entraîner la désespérance des masses populaires qui y assistent et y croient.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961