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Le livre de Charles Onana et le marché kongolais

Le livre de Charles Onana et le marché kongolais

Le livre de Charles Onana et le marché kongolais 960 922 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« A propos de l’hégémonie culturelle, que si vous occupez la tête des personnes, leurs coeurs et leurs mains suivront. » – GRAMSCI

« Holocauste au Congo. L’Omerta de la communauté internationale. La France complice »(2023) de Charles Onana est sur le marché du livre depuis une année. Après l’avoir lu, un journaliste de Top Congo, Thierry Kambundi, s’est rendu compte de la richesse de la documentation à laquelle l’auteur a eu recours pour le rédiger. En effet, cela fait partie des points forts de Charles Onana. Tous ses livres ou presque sont très bien sourcés. C’est cela qui leur donne une réelle valeur scientifique.

Malheureusement, ce livre traitant du « génocide kongolais » a du mal à atteindre le marché (quasi inexistant) du livre au pays de Lumumba. Pourquoi cela ? L’auteur et son éditeur ont du mal à se l’expliquer.

Enlever aux Kongolais « le clé de la connaissance »

Est-ce un fait isolé ? Il ne semble pas. Il y a, au Kongo, des efforts délibérés déployés à plusieurs niveaux pour enlever aux Kongolais(es) « la clé de la connaissance »; des efforts pour un abrutissement collectif en vue de mieux asservir et soumettre les populations.

Il y a, au Kongo, des efforts délibérés déployés à plusieurs niveaux pour enlever aux Kongolais(es) « la clé de la connaissance »; des efforts pour un abrutissement collectif en vue de mieux asservir et soumettre les populations.

Il y a, au Kongo, une attaque perpétuelle orchestrée contre « les véritables terrains de la guerre » par morceaux dont ce pays souffre depuis plusieurs années. Guérir les cœurs et les esprits[1] de la bêtise, de l’ignorance passe par l’accès collectif au livre. Cela même si l’oraliture n’est pas à négliger. L’un des grands chefs d’Etat que l’Amérique latine a connu, Hugo Chavez, avait très bien compris cela. Après lui, il a laissé un peuple capable de se prendre en charge.

En effet, « accusé par la presse mercantile d’être un « populiste », Chávez a fait le contraire des pratiques bien connues des dirigeants populistes régionaux, il a exigé de son peuple qu’il lise, qu’il s’éduque, qu’il apprenne, qu’il n’ait pas peur des idées, ouvrant de nouvelles possibilités d’éducation à des personnes de tous âges et de toutes couches sociales qui, pendant des siècles, avaient été exclues de la vie civique. Il a compris que c’était le seul moyen pour son peuple de ne pas être manipulé par les médias et les politiciens et de pouvoir ainsi construire une société différente de la société capitaliste.[2]»

Aider le peuple à s’éduquer, à apprendre, à désapprendre, à ne pas avoir peur des idées, etc., telle est la voie que ceux qui travaillent à arracher aux Kongolais « la clé de la connaissance » barricadent de manière permanente. Fermer le marché kongolais au livre de Charles Onana s’inscrit dans cette perspective.

Plusieurs livres sur le Kongo et écrits par les Kongolais

Il en va de même de plusieurs livres écrits sur le Kongo et par les Kongolais. Ils sont à peine connus. Ils ne sont presque pas lus. Les lire aurait pu convaincre plusieurs d’entre nous que « Kagame » n’est qu’un « paralytique » menant une guerre par procuration et qu’il ne mérite pas toute l’attention qu’on lui accorde.

Tant que le livre ne participera pas de la refondation du Kongo-Kinshasa, le pays pourrait avoir des armes sophistiquées, il ne mettra pas fin à la guerre menée contre les cœurs et les esprits ; contre l’intelligence collective et la culture nationale.

Sur ce point, Et que multiplier les rencontres et les accords avec eux, c’est faire le jeu de ses « maîtres » jouant dans les coulisses de l’histoire.

Tant que le livre ne participera pas de la refondation du Kongo-Kinshasa, le pays pourrait avoir des armes sophistiquées, il ne mettra pas fin à la guerre menée contre les cœurs et les esprits ; contre l’intelligence collective et la culture nationale.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

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[1] Lire J-P. MBELU, Demain, après Kabila, Paris, Congo Lobi Lelo, 2018.
[2] Hugo Chávez, sur l’amour qui ne peut être rendu que par l’amour — Oleg YASINSKY (legrandsoir.info)

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