Par Jean-Pierre Mbelu
Etudier l’histoire de son pays, la connaître et l’approfondir me semble urgent pour ses filles et ses fils épris du désir de briser le statu quo. Ils pourraient éviter de reprendre des refrains entonnés pour faire diversion et confisqué ad vitam aeternam la souveraineté de ce pays.
Depuis la COP 26 organisée à Glasgow (du 30 au 31 octobre 2021), plusieurs compatriotes seraient très enthousiastes en se rendant compte que le pays est »désormais » au cœur des préoccupations du »monde ». Mais de quoi parle-t-on ? Depuis 1885, il a été créé pour être cela.
La seule chose durable au cœur de l’Afrique : la colonisation
Son caoutchouc « rouge » a contribué à l’ essor de l’industrie automobile pendant que les Kongolais avaient les mains coupées. Plus ou moins dix millions ont été tués pour pays le prix de cette industrie.
La course au cobalt va perpétuer, comme l’a si bien démontré Raf Custers, la seule chose durable au cœur de l’Afrique : la colonisation.
La guerre de 1940-1945 trouve la solution de sa fin au Kongo-Kinshasa. Le projet Manatthan auquel participent les USA, le Canada et la Grande-Bretagne a abouti grâce, entre autres, à l’usage de l’uranium kongolais. La destruction de Nagasaki et d’ Hiroshima ainsi que la pause au cours de « la guerre perpétuelle en morceaux » sont liées à l’usage de l’uranium kongolais.
Au cours du règne de Mobutu, le cuivre kongolais et les autres matières premières stratégiques du pays ont profité aux industries des « pays les plus enrichis » sur le dos du pays de Lumumba. « La guerre raciste du coltan » (de 1993 à nos jours) s’est intensifié au moment où, malade, il ne pouvait plus être utile aux « décideurs ».
La COP 26 met en scène des images des signatures des « dons » d’aide fatale pour le pays. La course au cobalt va perpétuer, comme l’a si bien démontré Raf Custers, la seule chose durable au cœur de l’Afrique : la colonisation (Au Congo, seule la colonisation est durable | Investig’Action (investigaction.net) )
Contribuer à l’avancement de la lutte pour la dignité, la justice et la souveraineté
Est-ce normal que des compatriotes soient fiers, enthousiastes de la poursuite de l’imposition de ce paradigme d’indignité au pays ? Moi, je ne partage pas cette « servile normalisation ». De toutes les façons, en marge des élites compradores kongolaises, membres du réseau transnational de prédation, le Kongo-Kinshasa n’a pas encore été « un pays solution » pour ses populations.
Mobiliser les collectifs citoyens à la base du pays pour récréer un lien familial fédérateur et apprendre à changer le rapport des forces par le nombre, assurer la cohésion nationale et sociale, faire un usage solidaire des terres kongolaises pour une auto-prise en charge et pour éviter le déboussolement, le déracinement, la déculturation.
Malheureusement, la cupidité et le convoitise, le déni des faits, le rejet et le refus du livre d’histoire, l’autodafé des livres en général, le refus d’apprendre, l’entretien de la guerre de tous contre tous, la volonté d’ignorer, l’appauvrissement anthropologique, etc. condamnent plusieurs compatriotes à répéter les slogans lancés par le réseau transnational de prédation au sujet du pays et applaudissent l’aide fatale, ce moyen de perpétuation de la colonisation au pays de Lumumba.
Dieu merci ! Les minorités organisées ne dorment ni ne sommeillent. Elles ont compris que mobiliser les collectifs citoyens à la base du pays pour récréer un lien familial fédérateur et apprendre à changer le rapport des forces par le nombre, assurer la cohésion nationale et sociale, faire un usage solidaire des terres kongolaises pour une auto-prise en charge et pour éviter le déboussolement, le déracinement, la déculturation ; tout cela pourrait contribuer à l’avancement de la lutte pour la dignité, la justice et la souveraineté dans un monde de plus en plus polycentré. Elles croient et travaillent, dur comme fer, à des solutions panafricaines de l’enjeu kongolais.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961