Par Jean-Pierre Mbelu
Congo !
Don béni, Congo !
Des aïeux, Congo !
Ô pays, Congo !
Bien aimé, Congo !
Nous peuplerons ton sol
et nous assurerons ta grandeur
Le Kongo-Kinshasa est un don. Un don s’accueille avec gratitude. Il vient d’ailleurs. Il est confié à ses filles et à ses fils tel un cadeau précieux sur lequel les aïeux ont dit du bien, ont prononcé des paroles de bénédiction en lui souhaitant un bon vent. Un don s’accueille, est soigné, est chéri lorsqu’il est bien aimé et se transmet selon la promesse faite aïeux méritants.
Et l’une des promesses est : « Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur. »
Gagner la lutte pour la véritable souveraineté
Depuis une trentaine d’années, cette promesse se réalise dans la souffrance et la douleur. Actuellement, le sol kongolais est en voie de machettisation. Une grande partie ce sol kongolais est dépeuplé. Ses filles et fils sont assassinés au cours d’un « génocide silencieux », comme dirait le Pape François. Des livres publiés sur ce « génocide » attestent qu’il participe des « guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » (P. Péan). D’autres témoignent qu’il s’agit des « crimes organisés » (H. Ngbanda). D’autres encore parlent d’un « Holocauste » sur lequel père un omerta de la communauté dite internationale (C. Onana). D’autres enfin estiment que ce « génocide silencieux » conduit inexorablement le pays vers « son implosion et sa balkanisation » (Kankwenda Mbaya).
Des filles et des fils du pays participent à ce « génocide silencieux ». Des mercenaires, des larbins, des cupides, des « frappeurs » et des corrompus ont choisi l’inversion sémantique pour camoufler leur participation à la dépopulation et au pillage des richesses du sol et du sous-sol kongolais. Et à l’exode de la matière grise. Ils appellent « autorités morales » ou « grands prêtres » ces « mammonistes vampires », acteurs apparents du « génocide silencieux » au Kongo-Kinshasa. Pour ces indignes filles et fils du pays, trahir la promesse faite aux aïeux est devenu un sport favori. Ils peuvent, eux aussi, chanter l’hymne national sans se gêner, sans honte…Or, trahir cette promesse, c’est trahir le pays et appeler sur soi la malédiction.
Donc, au lieu de tirer le pays vers le haut, ils ont choisi le nivellement par le bas. Dommage !
Dieu merci ! Des patriotes résistants et des courageux souverainistes ne baissent pas la garde. Bien que minoritaires, ils pensent que la meilleure façon de réaliser la promesse faite aux aïeux est de gagner d’abord et avant tout la lutte pour sa véritable souveraineté. Que les Kongolaises et les Kongolais deviennent réellement maîtresses et maîtres chez eux comme le souhaitait Lumumba et le disait Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Assurer la grandeur du Kongo
Gagner cette lutte, c’est conduire le pays sur la voie de son réelle indépendance politique et économique dans une Afrique panafricaine et un monde polycentré. Avoir le réel pouvoir de créer et de naturaliser les entreprises kongolaises, transformer ce que produit le sol et le sous-sol kongolais sur place, protéger la biodiversité, faire de l’agriculture la priorité des priorités en la dotant d’un budget conséquent, organiser des coopératives de façon que les collectifs citoyens s’habituent à travailler ensemble, redonner un véritable pouvoir aux chefs des terres et avoir une bonne loi agraire et un bon code minier, créer des routes et des autoroutes reliant tout le pays et pouvant permettre aux « Bana Mboka », aux « Bena Muabo » de passer d’un coin à l’autre afin qu’ils puissent se fréquenter, mieux se connaître et mieux s’aimer, sortir le Kongo-Kinshasa de l’obscurité et de l’obscurantisme en y exploitant proprement et souverainement les énergies, refonder l’école et l’université sur les valeurs du « bomoto », doter les chercheurs des moyens conséquents afin qu’ils fassent preuve d’ingéniosité, d’inventivité, d’imagination et de créativité pour accompagner le pays à mieux aller à l’assaut du ciel, etc., telles sont les quelques orientations pouvant assurer au pays sa grandeur.
Assurer la grandeur du Kongo, c’est le rendre capable de peser de tout son poids dans la balance des rapports de force mondiaux comme un Etat-nation fort apportant le meilleur de lui-même au rendez-vous du donner et de recevoir.
Assurer la grandeur du Kongo, c’est le rendre capable de peser de tout son poids dans la balance des rapports de force mondiaux comme un Etat-nation fort apportant le meilleur de lui-même au rendez-vous du donner et de recevoir, rejoignant le Sud global dans la mise en place des nouvelles institutions « internationales » riches de la diversité culturelle et économique de leurs composantes et rompant avec les huissiers du capital financier et/ou du capitalisme ayant perdu la tête (Cfr J. STIGLITZ, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard, 2003) pour que triomphe la cupidité entraînant un cycle infernal des guerres interminable et la perte de toute boussole éthique.
« Le biso » est interpellé
Le Kongo, nous l’avons reçu de nos aïeux, ses propriétaires originaires, afin de le transmettre aux générations futures après avoir donné le meilleur de nous-mêmes afin qu’il soit grand. Pouvons-nous, aujourd’hui, la main sur le coeur, affirmer que nous avons assuré sa grandeur à ce pays bien aimé ? L’avons-nous réellement aimé ? En connaissons-nous la valeur ? « Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur », chantons-nous ? Le « nous », « le biso » est interpellé. Encore faudrait-il qu’il commence par exister. Même minimalement.
Le Kongo, nous l’avons reçu de nos aïeux, ses propriétaires originaires, afin de le transmettre aux générations futures après avoir donné le meilleur de nous-mêmes afin qu’il soit grand. Pouvons-nous, aujourd’hui, la main sur le coeur, affirmer que nous avons assuré sa grandeur à ce pays bien aimé ? L’avons-nous réellement aimé ?
Avec nos 910 partis politique, des « partis-coop », nous fragilisons davantage le « nous collectif », ce « biso ». Et les coulisses de l’histoire ayant favorisé leur mise en place se moquent de nous. Voici ce qui s’y racontent :
« Grâce au système des partis politiques qui divisent les citoyens, nous les manipulons pour faire dépenser leur énergie sur des problèmes sans aucune importance. En agissant avec discrétion, nous garantissons la pérennité de ce que nous avons si bien planifié et réalisé ». (Cité par Kaddour Naïmi) Saurons-nous les écouter ? L’histoire le dira.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961