Par Jean-Pierre Mbelu
Citoyens
Entonnez l’hymne sacré de votre solidarité
Fièrement
Saluez l’emblème d’or de votre souveraineté
Chanter notre hymne national, c’est se laisser interpeller comme « citoyens », c’est-à-dire comme des habitants de la « civis » kongolaise, de la « cité » kongolaise jouissant de leurs droits, de leurs libertés fondamentales et connaissant leurs devoirs.
La traduction du mot « citoyens » en nos langues vernaculaires lui donne des significations un peu plus riches. Les « Bena Mwabo » (tshiluba) et les « Bana Mboka » (lingala) sont ceux à qui le « chez eux » appartient. Ce sont les filles et fils natifs du pays, ses responsables numéro un. (Il y en a qui peuvent aussi le devenir en répondant aux critères constitutionnels.)
C’est à ces responsables de leur pays que l’invitation d’entonner « l’hymne sacré de leur solidarité » est lancée.
Chanter notre hymne national
Que signifie le mot « sacré » ? Pourquoi cet « hymne » est-il « sacré » ? La phénoménologie des religions nous enseigne que « le sacré » est ce qui, par son caractère mystérieux, fascine et effraie à la fois. « Le sacré » est ce qui inspire l’adoration et le respect.(Et qui ne peut pas être foulé au pied.)
Chanter notre hymne national, c’est se livre à un culte. Au culte de ce que nous avons de précieux et qui mérite notre respect absolu. Et pour les « Bana Mboka », pour les « Bena Mwabo », « leur solidarité » est sacrée.
Donc, chanter notre hymne national, c’est se livre à un culte. Au culte de ce que nous avons de précieux et qui mérite notre respect absolu. Et pour les « Bana Mboka », pour les « Bena Mwabo », « leur solidarité » est sacrée.
Elle se nourrit de leur compréhension réciproque, de l’acception d’autrui dans le respect de sa différence et de son enracinement dans la transmission des traditions culturelles et spirituelles. Ainsi comprise, la solidarité est l’une des valeurs rentrant dans la matrice organisationnelle de l’être et du vivre ensemble. Elle est une « valeur absolue ».
Solidaires, les citoyens et les citoyennes peuvent saluer fièrement leur drapeau comme étant le symbole de leur souveraineté. Et tout symbole donne à penser. Ce drapeau renvoie, par ses couleurs, à la paix (couleur bleu ciel), au sang des martyrs (couleur rouge) et à la richesse du pays (jaune). Ce drapeau est porteur d’un message selon lequel les « Bana Mboka », les « Bena Mwabo » sont invités à aller à l’assaut du ciel afin que le pays s’engage sur la voie d’ un avenir radieux. Telle est la symbolique de l’étoile.
Nous poser des questions
Donc, saluer le drapeau est un acte civique qui devrait absolument interpeller les consciences citoyennes afin que les « Bena Mwabo » et les « Bana Mboka » comprennent que les luttes pour la paix ont fait des martyrs dans l’histoire du pays. Et qu’il n’y a pas, malheureusement, de paix sans sang versé. Ne fût-ce pour protéger la richesse de la diversité kongolaise, du sol et du sous-sol du pays. Aller à l’assaut du ciel pour un avenir radieux passe aussi par là. Malheureusement. D’où l’importance de la formation des jeunes à l’auto-défense, d’une armée souveraine , de services de renseignement et de sécurité aux mains des patriotes. D’où l’importance du « Mémorial » pour honorer nos martyrs et de l’entretien de la mémoire collective vivante afin d’éviter le viol de l’imaginaire.
Depuis bientôt 63 ans, sommes-nous réellement souverains ? C’est-à-dire sommes-nous les seuls maîtres à décider, en dernière analyse des orientations économiques, culturelles, politiques, géopolitiques, géostratégiques, spirituelles, etc. de notre pays Pourquoi nous limitons-nous aux mots sans analyses approfondies ? Est-ce possible d’être souverains politiquement avec des troupes étrangères sur nos terres ? Est-ce possible d’être souverains économiquement en dépendant des institutions dites internationales et ayant participe de l’imposition des paradigmes négatifs au pays depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ?
Chanter notre hymne national ne devrait pas nous plonger dans le pscittacisme. Etre là à répéter des mots comme des perroquets sans en pénétrer le sens et la signification. Cela devrait au contraire nous pousser à nous poser des questions du genre : « Depuis bientôt 63 ans, sommes-nous réellement souverains ? C’est-à-dire sommes-nous les seuls maîtres à décider, en dernière analyse des orientations économiques, culturelles, politiques, géopolitiques, géostratégiques, spirituelles, etc. de notre pays ?
Pourquoi nous limitons-nous aux mots sans analyses approfondies ? Est-ce possible d’être souverains politiquement avec des troupes étrangères sur nos terres ? Est-ce possible d’être souverains économiquement en dépendant des institutions dites internationales et ayant participe de l’imposition des paradigmes négatifs au pays depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ? Pourquoi n’avons-nous pas encore opté pour des institutions alternatives ?, etc. »
Nous poser des questions et y répondre collectivement en créant des « tables palabriques » là où les collectifs citoyens conscients de leurs devoirs patriotiques travaillent à produire l’intelligence collective nécessaire à l’assaut à prendre ensemble pour aller ensemble à la conquête du ciel.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1963