Par Mufoncol Tshiyoyo
Ils ont, semble-t-il, des yeux pour voir au Congo, mais… Qui peut réellement dire aux foules que chacun s’en sert comme il le peut dans la rue à Kinshasa ce qui se trame en réalité au Congo ? Quelle est la part de probabilité pour que tout ce qui se raconte actuellement au Congo ne soit en fait que le contraire du discours officiel et officieux ? Qu’est-ce qui se passe en effet au Congo ? C’est comme on pourrait aussi nous rétorquer, et pourquoi pas, de justifier pourquoi nous osons penser que le présent que subit le Congo ne soit en effet le reflet que renvoie un miroir d’illusions. Qu’est-ce qui se passe au Congo pour que celles et ceux qui, ayant quand même des yeux, arrivent à peine à s’en servir pour déceler la vérité ?
Au Congo, un voleur supposé a été arrêté. Et la phraséologie de la justice congolaise qui a eu à séduire même des irréductibles opposés au système de servage l’a condamné et l’a ensuite emprisonné pour des crimes que la même justice lui a imputés. Aujourd’hui, les foules qui chantent et dansent à la gloire des forces qui l’instrumentalisent apprennent que la plateforme politique du sénateur à vie « Joseph Kabila », supposée faire partie des institutions étatiques du moment a rendu visite au prisonnier « Vitale Kamerhe ». La raison avancée comme justificatif de l’acte posé, c’est de manifester un soutien à un « malfaiteur » que le droit congolais a jeté en prison. C’est alors qu’une question de pédagogie se pose, en rapport avec la nature de délit qui semble avoir été commis par le désormais « prisonnier ». La visite conteste-t-elle la décision des juges ? La famille politique du sénateur à vie relativise-t-elle par son geste la notion du délit, du crime, du vol, de détournement financier ?Toutes ces contradictions entretenues, et à dessein, aident à complexer une réalité déjà trouble d’un Congo naviguant presque sans boussole. Le Congo ou le règne de l’inadmissible…
En même temps, les foules renvoyées dans la rue, une rue qui se réduit en une vaste poubelle ouverte et où toutes les saletés possibles, humaines et valeurs, se marchandent à un vil prix, assistent péniblement à ce qui ressemble à l’inaction d’un leadership politique qui prend tout son temps à nommer et à remplacer un nouveau directeur de cabinet en lieu et à la place du personnage condamné par la justice. Jusqu’à ce jour, bien que le dossier étant clos par le verdict de la justice rendu, ce soit toujours un intérimaire qui assure et assume la continuité de la fonction administrative. Le prisonnier se proclame toujours Directeur de cabinet de l’institution suprême qui est quand même supposée incarner la souveraineté nationale. Le Congo ou le règne de l’impossible…
Les Anglo-Saxons sont des joueurs de billard au niveau mondial, ils travaillent selon le principe de tirer simultanément plusieurs balles d’un coup [et] ils agissent par chaos orchestré.
Voilà pourquoi on a raison de se demander si le fait de se poser des questions signifierait porter atteinte à la dignité d’un individu. Ou il suffirait de s’y appliquer pour que des fatwas soient publiquement rendues ? Qu’est-ce qui ne va pas avec nous quand se poser des questions devient un casus belli ?
Au Congo, tout arrive presque au même moment. Comment expliquer le fait qu’un ministre de la décentralisation, qui siège comme membre du gouvernement, en l’occurrence Monsieur Ruberwa, un Tutsi rwandais, rend visite à l’ambassadeur américain au Congo, dont le pays, les USA, a attaqué le Congo en 1997 par son proxy le Rwanda interposé (Bernard Debré, Le Retour Du Mwami : La Vraie Histoire Des Génocides Rwandais, 1998). Lors de cette visite, les représentants des deux pays agresseurs du Congo abordent la question de la décentralisation du pays, plus particulièrement de Minembwe. Minembwe qui passe pour être le fief des populations que l’Occident qualifie des Banyamulenge. Faudra-t-il définitivement se taire alors que Likambo ya Congo eza mobulu, likambo oyo eza libulu, likambo oyo eza likambo ya mabele…
La gestion du Congo par le chaos orchestré. « Les Anglo-Saxons sont des joueurs de billard au niveau mondial, ils travaillent selon le principe de tirer simultanément plusieurs balles d’un coup [et] ils agissent par chaos orchestré » (professeur russe Andrej Fursov).
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un homme libre et dissident